cycle « L’inquiétante étrangeté de l’être »



à 11h
* REGARD SUR LA FOLIE

de Mario Ruspoli
France, 1961, 35 mm, N&B, 53’
En 1960, Mario Ruspoli décide de tourner un documentaire sur l’hôpital psychiatrique de St Alban en Lozère. Pari courageux, à une époque où la folie est un sujet tabou, totalement occulté par la société.
Il suit au quotidien un groupe de médecins novateurs – dont le Dr. Tosquelles, chassé de son pays par la guerre d’Espagne – qui tentent une autre approche thérapeutique de la maladie, fondée sur la proximité avec les patients. Le regard généreux du cinéaste nous fait partager la relation exceptionnelle qui se noue entre soignants et soignés.
La réussite de ce film est d’arriver à nous faire ressentir le décalage entre le discours cohérent de certains malades et la pathologie dont ils souffrent, montrant à quel point la folie est un univers complexe où toutes les perceptions sont faussées. Le film utilise la toute nouvelle caméra Coutant 16mm, synchrone et légère, parfaitement adaptée à la liberté de mouvement que réclamait le sujet. Cette caméra, tenue par le prestigieux Michel Brault, l’un des premiers à maîtriser la technique du tournage à l’épaule, fait de ce documentaire un exemple-phare du “cinéma-vérité”, origine d’un langage cinématographique qui influença la fiction et fit école à la télévision.

* LES MAITRES FOUS
de Jean Rouch
France, 1954, 35 mm, couleur, 36’ Prix de la sélection ethnographique Festival de Venise 1957
Le titre du film traduit le mot « houaka » (maître du vent, maître de la folie) mais évoque en même temps la situation coloniale où les « maîtres » (les Européens) étaient perçus comme fous. Apparus vers 1927 dans les danses de possession songhai, ces génies très particuliers étaient inspirés directement par l’armée et les administrations française et britannique.
Les travailleurs immigrés d’alors résolvent par des crises de possession du culte des Houaka, violentes mais maîtrisées, leur adaptation au monde moderne.

à 14h
* SANS TITRE

de Jérôme de Missolz
France, 2005, Beta SP, couleur, 72’
D’après l’œuvre de Francesca Woodman
Sans Titre raconte l’histoire d’une femme qui disparaît, le trajet d’une jeune photographe qui voulait approcher sa féminité autant que sa vérité intérieure par l’image, dont la quête tournera à la folie et au sacrifice de soi.

* CINDY, THE DOLL IS MINE
de Bertrand Bonello
France, 2005, 35 mm, couleur, 15’
Avec : Asia Argento
L’histoire d’une femme brune qui prend en photo une femme blonde. Les deux femmes se ressemblent étrangement…

à 18h
* LE MOINDRE GESTE

de Fernand DELIGNY, Josée MANENTI et Jean-Pierre DANIEL
France, 1971, 35mm, N&B, 105’
Avec : Richard Brougère, Numa Durand, Anita Durand, Marie-Rose Aubert, Fabienne D., Monsieur T., sa femme et des amis cévenols, à côté d’Yves Guignard.
Ce film a d’abord été conçu comme une expérience – tentative, dirait Fernand Deligny – par l’équipe de chercheurs qui entourait Fernand Deligny dans les Cévennes et comme une trace des observations faites sur Yves, l’un des handicapés mentaux dont ils avaient la charge. Les images furent tournées par Josée Manenti (qui a participé aux recherches de Fernand Deligny pendant 13 ans). Montées 3 ans plus tard par Jean-Pierre Daniel, elles devinrent, par la grâce de son travail, un objet cinématographique où l’intention pédagogique s’efface pour devenir un document bouleversant. Un film singulier qui n’a pas cherché à atteindre un public et qui, rejoignant le cinéma des origines – par la qualité du noir et blanc et la densité des images – atteint l’universel.

à 21h
* LE HORLA

de Jean-Daniel Pollet
France, 1966, 35 mm, couleur, 38’
Avec : Laurent Terzieff
Quelque part en Normandie, dans une maison solitaire au bord de la mer, un homme, jeune, voit monter en lui le vent de la folie. Schizophrénie ? A moins que ce ne soit la cohabitation avec le « horla », un vampire invisible qui aspire, non son sang, mais son énergie vitale…
Le Horla est un joyau du cinéma fantastique. Avec des moyens très simples, la présence de Laurent Terzieff, sa voix (le magnétophone remplace ici le journal tenu par le narrateur), un étonnant registre de couleurs pures qui fait par exemple contraster le jaune vif et le violet, Pollet nous donne de la nouvelle de Maupassant une équivalence cinématographique d’une exceptionnelle intensité.

* PLI SELON PLI
de Bernard Bloch
France, 1993, 35mm, couleur, 58’
Portrait du psychiatre et photographe Gaëtan Gatian de Clérambault que Jacques Lacan reconnut comme son « seul maître en psychiatrie ». Le film, sous le signe du regard et du toucher, propose une lecture subjective de la vie énigmatique et recluse de Clérambault à la fois psychiatre à l’Infirmerie psychiatrique de la Préfecture de Police de Paris qui se suicida face à un miroir et photographe passionné