Les responsables de Google essaient de convaincre Bruxelles du bien-fondé de leur démarche.



Dans la bataille juridique qui oppose Google aux éditeurs et aux auteurs, le compromis trouvé avec les professionnels américains (37 % des bénéfices pour Google, 63 % pour les auteurs et les éditeurs) ne peut s’appliquer ipso facto aux Européens.
Les professionnels européens ont raison de rappeler que l’autorisation préalable est une condition sine qua non à une quelconque exploitation. La rémunération des auteurs doit être garantie. Les bibliothèques européennes regorgent de livres épuisés ; le sort de leurs droits n’est pas réglé et ne peut pas l’être par une décision de justice américaine.
Au-delà de l’aspect juridique, c’est un véritable enjeu de civilisation dont il s’agit. Google relève le défi le plus important depuis l’invention de l’imprimerie et tente ainsi de donner une réalité au rêve d’une diffusion massive de millions de livres. Google a cependant besoin de la richesse du patrimoine européen pour donner corps à cette ambition.
A l’heure où Bruxelles auditionne les responsables de Google, la Scam approuve la position de Frédéric Mitterrand pour que la numérisation des livres par Google se fasse « dans une garantie d’indépendance nationale absolue ».
La Scam s’interroge néanmoins sur le manque de moyens financiers mis en oeuvre par l’Europe pour affirmer son intérêt dans ce dossier crucial. L’ancien président de la BnF, Jean-Noël Jeanneney, initiateur du projet de bibliothèque numérique Europeana, nous interroge à juste titre dans les colonnes du Figaro, sur les dangers d’un monopole privé américain dont l’objectif premier sera toujours le gain financier.
Le livre de Victor Hugo, Les Misérables, sera-t-il numérisé par la BnF ou par Google ?
Les bibliothèques européennes obtiendront-elles les moyens nécessaires ?
Les responsables politiques européens portent une lourde responsabilité car leurs décisions aujourd’hui engagent les générations futures ; entreront-ils dans l’histoire pour avoir bradé l’identité européenne ou au contraire pour avoir construit les fondations de son renouveau à l’aube de ce siècle ?

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