10 novembre 2025
Véronique de Viguerie expose ses oeuvres à la Scam
Véronique de Viguerie, lauréate du Prix Pic 2025, expose 28 photographies de sa série Afghanistan, no (wo)man’s land à la Scam, jusqu’au 6 février 2026.
Afghanistan, no (wo)man’s land de Véronique de Viguerie
Depuis plus de trois ans, les fondamentalistes Talibans sont de retour au pouvoir. L’ancienne guérilla ultra rigoriste, adepte d’une application stricte de la charia et d’un code tribal plus rigide encore, a déjà constitué son nouvel État : l’Émirat Islamique d’Afghanistan. Pour les citadines afghanes, c’est un cauchemar éveillé. Un scénario science-fictionnel qui les confronte aux fantômes chassés vingt ans plus tôt en 2001. La doctrine talibane se calque sur son premier acte lugubre. Les femmes émancipées sont dans son viseur : les parcs, le salon de beauté, l’espace public, le voyage, le secteur public leur sont interdits. Un châtiment équivalent à ceux que les fondamentalistes leur infligèrent dans les années 90, punissant à cette époque d’autres velléités d’émancipation – celles insufflées par les communistes. À différents degrés donc, les deux dernières décennies n’auront été qu’une parenthèse pour les femmes afghanes. Une faille spatio-temporelle dans laquelle les États-Unis et l’Occident ont engouffré plus de cent milliards de dollars et bon nombre de leurs illusions civilisationnelles. L’ère démocratique est révolue. Les Afghanes sont plongées dans le noir, prises dans ce cycle mortifère qui, d’une décennie à l’autre, les encourage, puis les broie, avant de reprendre son cours bien cruel.
Kaboul le 26 octobre 2022 : Des étudiantes en journalisme à l’université de Kaboul font une pause. Elles ne savent pas que quelques 3 semaines plus tard, l’Emirat leur interdira l’accès à l’université.
Torkham le 3 décembre 2023 : Le Pakistan a menacé d’arrêter le 1,5 million d’Afghans sans papier, réfugiés dans le pays. Ces femmes qui avaient fui après la prise du pays par les talibans le 15 août 2021, sont obligées de rentrer chez elles. Elles attendent d’être enregistrées avant d’être ramenées de force chez elles.
À travers mon travail photographique, je refuse de représenter [les afghanes] uniquement comme des victimes soumises, figées dans la souffrance que leur impose l’histoire. Mon objectif capte aussi leur force, leur solidarité et leur courage : ces femmes qui, malgré l’oppression, continuent de lutter, de s’organiser et de prendre leur destin en main, défiant ainsi le regard que l’on porte trop souvent sur elles.
Véronique de Viguerie
Crédit : Benoit Pailley
Véronique de Viguerie
Véronique de Viguerie, photojournaliste française née en 1978, couvre les zones de guerre les plus dangereuses. En 2008, son reportage sur les talibans en Afghanistan suscite un vif débat en France, révélant la complexité éthique du journalisme de guerre. Lauréate de plusieurs prix, dont deux Visa d’or en 2018, elle a documenté les conflits en Somalie, Irak, Syrie et Yémen. Son travail met en lumière les civils pris dans la guerre, notamment les femmes afghanes, qu’elle photographie comme des figures de courage et de résistance, défiant les clichés de victimisation.
En partenariat avec le magazine Fisheye




