Journée exceptionnelle Hommage à l’ethnologue et cinéaste Jean Rouch



Le grand sorcier blanc nous a quittés. Père fondateur du documentaire contemporain, il demeure un modèle. A la passion de l’ethnologue, il a su allier la précision de l’ingénieur et l’imagination du poète. Jusqu’à ses derniers jours, il a gardé une extraordinaire faculté d’émerveillement face à la vie.
Tombé très tôt amoureux de la terre d’Afrique, il a le premier accordé un regard attentif, fraternel aux rites et coutumes qualifiés par les coloniaux de pratiques barbares. Toute sa vie, il en a cherché le sens, respecté le mystère.
Il est juste que son corps repose dans ce pays du Niger qu’il a tant aimé auprès des amis africains, partenaires de tous ses films, mais son esprit est parmi nous et continuera de nous inspirer notamment une attention particulière à la culture du continent noir.
En dépit de son immense talent et de son exceptionnelle intelligence, il avait une telle simplicité d’accueil, qu’instantanément nous nous sentions de sa famille, la grande famille des admirateurs de Jean Rouch. Nous le savons irremplaçable mais nous partagerons dimanche 16 mai un moment de son parcours à travers un programme de films rarement projetés, conçu en collaboration avec Françoise Foucault et Laurent Pellé du Comité du Film Ethnographique et présenté par Marc Piault l’un de ses plus proches collaborateurs.
A bientôt, pour une journée du souvenir dans la jubilation de rencontrer Jean Rouch à travers ses œuvres.

11h > Séance présentée par Marc-Henri Piault, réalisateur, anthropologue et Vice-président du Comité du Film Ethnographique

* LES MAGICIENS DU WANZERBE
de Jean Rouch (NIGER)
France, 1949, 16 mm, N&B, 34’
Collaboration : Marcel Griaule
A Wanzerbé, au Niger, a lieu un grand marché où se retrouvent des marchands de toutes régions, tandis que des magiciens chassent les esprits.

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* CIRCONCISION
de Jean Rouch (MALI)
France, 1948, 16 mm, couleur, 15’
Prix du reportage, Festival du court-métrage de Paris, 1950
Trente enfants du village de Hombori vivent le rite de la circoncision.

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* INITIATION A LA DANSE DES POSSEDES
de Jean Rouch (NIGER)
France, 1948, 16mm, couleur, 22’
Grand prix, Festival du maudit, Biarritz 1949
Rituel d’initiation d’une jeune femme songhaï de Tillabéri, au Niger, à la danse de possession pour “ Kirey ”, le génie de la foudre.

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* CIMETIERE DANS LA FALAISE
de Jean Rouch (MALI)
France, 1951, 16mm, couleur, 19’
Rituel funéraire dogon à l’occasion de la mort d’un homme au village malien d’Ireli. Sacrifice au génie de l’eau, funérailles, condoléances rituelles.

14h >

* SIGUI 69 : LA CAVERNE DE BONGO
de Jean Rouch & Germaine Dieterlen (NIGER)
France, 1969, 16mm, couleur, 40’
Troisième année du Sigui. Les dignitaires Olou Barou achèvent leur retraite dans la caverne de Bongo. Autour du vieil Anaî, doyen de la cérémonie, qui verra son troisième Sigui (il a donc 120 ans), les hommes se rasent et partagent le sel et le sésame. Ils peignent en rouge et en blanc l’autel qui sera le centre de la cérémonie. Puis, vêtus de baudriers de cauris, ils font le tour du champ de lignage avant de boire la bière communielle.

suivi de

* LE DAMA D’AMBARA
de Jean Rouch (MALI)
France, 1974, 16mm, couleur, 62’
Levée du deuil d’Ambara. Dans l’année qui suit la mort d’Ambara, l’un des principaux informateurs de l’équipe du Professeur Griaule chez les dogons de la falaise de Bandiagara, au Mali, la société des masques de Sanga organise un « grand Dama » au cours duquel tous les anciens masques sont remplacés par des nouveaux. Le film est un compte-rendu de la même cérémonie observée par le Professeur Griaule 40 ans auparavant.
Utilisation du ralenti synchrone pour l’étude des danses des masques.

18h > Séance suivie d’un débat en présence de Françoise Foucault, responsable du Bilan du Film Ethnographique, Marc-Henri Piault, anthropologue, Jean-André Fieschi, critique de cinéma et Jocelyne Lamothe-Rouch (sous réserve).

* COCORICO MONSIEUR POULET
de Jean Rouch (NIGER)
France, 1974, Beta SP, couleur, 90’
Fiction racontant les aventures de trois personnages dans la brousse au Niger. Lam décide de partir en brousse dans une vielle 2CV camionnette pour faire le commerce des poulets avec l’aide d’un assistant. La rencontre d’une troisième personne, qui s’intègre tant bien que mal au groupe, trouble quelque peu l’organisation précaire du voyage. La voiture joue l’un des premiers rôles dans leur périple qui, partant de Niamey, les conduit en brousse. Le voyage est ponctué par des évènements insolites, comme la rencontre de la femme diablesse ou le passage du fleuve Niger qui sont prétextes à de nombreuses palabres et discussions.

21h >

* BABATU, LES TROIS CONSEILS
de Jean Rouch & Hama Boubou (NIGER)
France, 1975, 16mm, couleur, 90’
Essai de ciné-histoire sur les guerres esclavagistes de Babatu, conquérant songhay, dans le courant du siècle dernier.