La soirée sera animée par Marianne Rigaux (vice-présidente de la commission des Écritures et formes émergentes de la Scam). Le jury remettra le Prix Émergences 2024, à l’issue de la soirée, à la lauréate ou au lauréat parmi les cinq finalistes en lice. Chacun d’eux pitchera son projet de résidence devant le jury et le public, et présentera un extrait de son film de fin d’études. Venez soutenir les finalistes !
Découvrez les cinq finalistes
Projet de résidence de Coraline Zorea
L’écran
Cette installation est un espace d’écrans de verre suspendus dans l’obscurité, sur lesquels sont projetées des scènes dessinées numériquement, copiées comme des dessins au trait à partir d’images documentaires d’une femme dans sa chambre, dont la seule connexion à l’extérieur se fait par un écran. S’imbriquant et se croisant, les lignes dessinées s’échappent du verre dans l’espace, créant une dimension abstraite qui fusionne le temps, le corps et la matière. Les animations, réalisées avec l’intelligence artificielle, génèrent une collision et un bruit entre le mouvement humain et le bruit numérique de leur interprétation. Entre dessins statiques et animations, une interrogation se déploie sur notre existence à l’ère des dimensions fusionnées, entre le physique et le virtuel, le documentaire et l’imaginaire, à une époque où la relation entre la réalité et ses représentations est distordue.

Humana Corpus
de Coraline Zorea
20’35 – 2024 – Le Fresnoy (extrait de 8’30)
Basée sur des scènes documentaires, cette installation présente un film de dessins numériques projetés sur un écran de verre suspendu dans l’obscurité, accompagné d’un son tridimensionnel. Le dessin au trait allongé, animé d’un mouvement de gauche à droite, représente une femme dont le seul lien avec le monde extérieur est virtuel. Le récit dérive vers des réalités imaginaires, évoquant les besoins primaires du corps, tout en reflétant les routines quotidiennes et les interactions avec les appareils numériques. Par un phénomène optique, les dessins se reflètent sur les surfaces et, dans l’obscurité, semblent flotter, renforcées par des animations générées par l’IA qui créent un bruit numérique à partir du corps en mouvement.

Projet de résidence d‘Anouk Moyaux
La quatrième pomme
Dans un verger, une équipe de travailleurs de différentes nationalités s’active à la récolte des pommes, prisonniers d’une monotonie de gestes répétitifs rythmés par le bruit mécanique des machines qui les entourent. La marchandise récoltée suit son cours, de la cagette, au camion, au marché de Rungis, à l’étale du marché, traversant frontières et espaces socioculturels. Mais derrière cette routine se cache un mystère : chaque pomme cueillie semble receler une force mystérieuse. Peu à peu, une magie s’insinue dans l’air. Les frontières entre les espaces qui séparent les travailleurs se dissolvent et ils entrent peu à peu en dialogue, créant un monde parallèle aux valeurs sociétales inversées. Inspiré par le philosophe utopiste Charles Fourier, La Quatrième Pomme mêle documentaire et fiction, explorant la lutte des classes et la question de l’utopie collective.

Selegna Sol
d’Anouk Moyaux
46’27 – 2024 – Elias Querejeta Zine Eskola (extrait de 8’16)
Selegna Sol est un film de non-fiction en 16 mm couleur, finalisé en 2024. L’idée de réaliser Selegna Sol est née un soir d’été, à bord de la voiture de Gibran avec Claudia et Joel, trois amis d’origine mexicains de Los Angeles. Ce soir-là, Gibran m’avait invité à la “vue”, le dernier lopin de terre en friche au sommet de leur quartier : Glassell Park. C’est depuis cet espace familier, à travers le pare-brise qui devenait un écran, qu’ils avaient pris l’habitude de contempler le monde occidental poussé à son extrême. La voiture devenait un espace de projection de leurs rêves vers cet infini plein de promesses et un refuge pour discuter de leurs vies respectives. Cependant, en raison de son histoire familiale et migratoire, les choix que Gibran devait faire pour réaliser une vie simple étaient complexes. Le film s’est structuré autour de sa question centrale : « What makes a place a home ? »

Projet de résidence d’Amir Youssef
Le Panoramythique
Le Panoramythique est une installation vidéo multidisciplinaire qui réinvente la campagne de Napoléon en Égypte, en explorant la construction et la transmission des récits historiques. Inspirée d’un diorama au musée de l’Armée à Paris, l’œuvre interroge la représentation contrastée de Napoléon et des monuments égyptiens, notamment la légende du nez manquant du Sphinx. Le projet combine vidéo, peinture et automates pour animer cette scène historique, tout en remettant en question les discours coloniaux de l’époque.

Apoléon
d’Amir Youssef
14’22 – 2024 – Le Fresnoy (extrait de 8’12)
Un groupe de figurines du musée de L’Armée à Paris rejoint Napoléon lors de son expédition en Égypte. Le film explore des questions politiques liées au militarisme et à la colonisation, remettant en question les récits historiques traditionnels.

Projet de résidence de Léonie My Linh Campion
laprophetiedesfleurs.com
L’étude des fichiers HTML et des textes contenus dans la clé USB (partiellement illustrés dans mon film La Prophétie des Fleurs) m’a notamment permis de collecter des objets réalisés par sa potentielle détentrice. Cette résidence aurait pour vocation d’implémenter à ces fichiers un jeu-vidéo point and click (exclusivement codé en html/css/javascript afin de respecter la ligne directive des fichiers existants) qui sera une réinterprétation interactive des textes. Ce travail serait mis en espace dans le cadre d’une installation où seraient présentées les œuvres (broderies, peintures, dessins) réalisées par l’éventuelle auteure des textes initiaux. Ces objets seraient alliés à des installations électroniques (Arduino), permettant au visiteur d’interagir avec le site en visitant l’exposition. Cette installation serait l’occasion de faire émerger de nouvelles possibilités de récits digitaux par le hardware en faisant ainsi valoir la manière dont les interactions dans le monde tangible peuvent affecter le numérique.

La Prophétie des Fleurs
de Léonie My Linh Campion
23’25 – 2024 – École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs (extrait de 8’08)
Je me suis rendue chez Jariot un jour pluvieux d’octobre. La famille Jariot vide les maisons inhabitées de leurs objets. Ce jour-là, j’avais besoin d’une clé USB. Cependant, la clé que j’ai achetée n’était pas vide. Elle contenait un dossier nommé La Prophétie des Fleurs. Il s’agissait du squelette d’un site internet n’ayant jamais été mis en ligne. Je n’avais à ce moment-là aucune idée de ce sur quoi mon diplôme à l’ENSAD allait porter, mais cet objet dérangeant s’est imposé à moi comme sujet de recherche, de par la fascination perverse à laquelle il m’a soumise au fil des pages HTML. Après avoir travaillé presque un an à décoder le sens de ce texte anonyme, je demeure sans aucun signe confirmant la véracité des faits relatés dans cet étrange recueil. Ce Desktop Movie résume mes recherches afin d’élucider le mystère de La Prophétie des Fleurs.

La Juventud es una isla
de Louise Ernandez
29’59 – 2024 – Le Fresnoy (extrait de 8’11)
La Juventud es una isla (La Jeunesse est une île) suit Yasse, un jeune YouTuber cubain en quête d’identité dans un Cuba marqué par l’isolement géopolitique et les ruines d’une utopie déchue. Connecté à ses abonnés via les réseaux sociaux, il se retrouve pourtant de plus en plus seul, luttant contre une “prison mentale” alimentée par la technologie. Le film explore l’impact de la mondialisation et de la connectivité numérique sur l’identité individuelle, tout en capturant l’esprit contemporain de la jeunesse cubaine. Mêlant fiction et documentaire, le récit se termine sur une métaphore visuelle de son désir d’évasion.

Projet de résidence de Louise Ernandez
El bosque de cristal
El bosque de cristal est une œuvre documentaire expérimentale et immersive qui explore les tensions entre tradition et modernité chez les jeunes Shipibo-Conibo en Amazonie péruvienne. Face à la mondialisation numérique et à la réduction de leur territoire, ces jeunes naviguent entre un riche héritage spirituel et une connectivité globale. Le projet s’inscrit dans la continuité de mon film La Isla de la Juventud à Cuba sur Yasse, un YouTubeur hyperconnecté mais géopolitiquement isolé. Ce projet continue d’explorer les conflits identitaires qui surgissent lorsque la technologie connecte, mais aussi enferme. L’œuvre interroge la transformation des rituels et la dilution des savoirs ancestraux dans un monde en mutation.

Le jury
Il est composé de Ludovic B. (vidéaste, commission des Écritures et formes émergentes de la Scam), Mélanie Courtinat (créatrice de mondes numériques immersifs), Julie Sanerot (directrice de la production, adjointe à la programmation du CENTQUATRE-PARIS), Quentin Sombsthay (lauréat 2023 pour Mémoire morte et Image latente) et Gwenola Wagon (réalisatrice, commission Écritures et formes émergentes de la Scam).
Les lauréats et lauréates des années précédentes
Quentin Sombsthay (2023)
Jean Gégout (2022)
Nicolas Gourault (2021)
Gabrielle Stemmer (2020)
Marin Martinie (2019)
Ismaël Joffroy Chandoutis (2018)
Ugo Arsac et Hannah Hummel (2017)
Le Prix Émergences est doté de 6 000 € : 3 000 € par la Scam en récompense d’un film d’école, et 3 000 € par le fonds de dotation EDIS pour une résidence (au CentQuatre-Paris et/ou à l’Ardenome d’Avignon). Le prix est soutenu par l’AndÉa. Il a pour but de stimuler et de soutenir la nouvelle création. Le Prix Émergences propose aux jeunes auteurs et autrices étudiants·es en fin d’études, sortant des écoles d’art, d’audiovisuel et des établissements d’enseignement supérieur, de présenter un film personnel à caractère expérimental, réalisé dans le cadre de leur année diplômante, ainsi qu’un projet d’œuvre numérique en devenir, à réaliser lors de leur résidence.
En partenariat avec le CentQuatre-Paris et le fonds de dotation EDIS, soutenu par l’ANdÉA.
Contact
Caroline Chatriot – prixemergences@scam.fr