Entretien: Pascal Ory avec Pierre Michon
Lecture de textes : par Jacques Bonnaffé
Durée : 1h30

Une soirée littéraire autour du premier lauréat du Prix Marguerite Yourcenar : Pierre Michon

Présidé par Pascal Ory et composé de Pascal Boille, Catherine Clément, Colette Fellous, Michèle Kahn, Hervé Le Tellier, Benoît Peeters, Antoine Perraud et Olivier Weber, membres de la commission de l’écrit de la Scam, ce prix, doté de 8.000 euros, couronne un auteur pour l’ensemble de son œuvre.
Pour sa première édition, le Prix Marguerite Yourcenar a été attribué à Pierre Michon.


En prologue, la projection d’un extrait de l’émission de Bernard Pivot, Apostrophes, consacrée à Marguerite Yourcenar (7 décembre 1979, Ina).

Pascal Ory s’entretient avec Pierre Michon

Lecture de textes de Pierre Michon par Jacques Bonnaffé

 

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Le Marathon des mots, partenaire de la Scam depuis de nombreuses années, accueillera désormais le Prix Marguerite Yourcenar. Chantal Thomas, lauréate 2022, se verra décerner son prix le 26 juin, lors d’une après-midi consacrée à son œuvre et celle de Marguerite Yourcenar.

Remise du Prix Marguerite Yourcenar à Chantal Thomas

Dimanche 26 juin à 15h00 à la Médiathèque José Cabanis

C’est pour mieux approcher un auteur, appréhender son univers, (re)découvrir son talent que le Prix Marguerite Yourcenar, doté de 8000 euros par la Scam, couronne un auteur ou une autrice et l’ensemble de son œuvre. Le Prix Marguerite Yourcenar, décerné cette année à l’autrice et historienne Chantal Thomas (Les adieux à la reine, Souvenirs de la marée basse, East Village blues), s’inscrit résolument dans le paysage des grands prix littéraires, aux côtés des prix Joseph Kessel et François Billetdoux.

« La sensation de l’extraordinaire continue de m’exalter », dit Chantal Thomas. Il y a toujours en effet une jubilation que l’on ressent avec elle en la lisant (…). Une vraie joie d’écrire, une vraie joie de vivre, dans un savant tissage entre la vie et l’écriture. (…) Écrire est le vrai lieu de sa liberté, de sa vie aventure, d’une jeunesse permanente, qui ne disparaît jamais. Alors avec elle, on redécouvre l’art de vivre l’instant, la beauté et les nuances d’une huître, d’une vague ou d’une aiguille de pin, la puissance d’une scène intime saisie au vol, la gaieté et la profondeur des amitiés enfantines, le plaisir de la nage. « Le fait de vivre, écrit-elle dans la préface de Café Vivre, devenait ou redevenait une aventure neuve-un premier pas ». Colette Fellous – Scam

Au programme :

  • Lecture par Marie Bunel et Elizabeth Masse de Les Yeux ouverts de Marguerite Yourcenar,
  • Remise du Prix à Chantal Thomas suivi d’un entretien avec la lauréate mené par Colette Fellous et Isabelle Jarry 
  • Lecture d’extraits d’oeuvres de Chantal Thomas par Isabelle Jarry

Au ciel par Jean Echenoz

Depuis pas mal de temps, bon nombre de machines volantes sont propulsées à des fins scientifiques, politiques et marchandes, vers les hauteurs ionosphériques. Or, que tout ou partie de ces objets viennent un jour retomber sur Terre, l’opinion sous-estime cette éventualité. On la comprend car il est établi que leurs fragments, outre qu’ils sont en général de petite taille, s’amenuisent encore pendant leur chute par effet de frottement, d’usure et de consomption dans les couches denses de l’atmosphère. Ordinairement ils se dissolvent et leur format, quand il n’est pas réduit à rien, passe inaperçu : l’opinion les remarque peu. De plus, la Terre étant couverte à plus de 75 % d’océans, de déserts et de chaînes montagneuses inhospitalières, le risque est faible que ces débris choient sur une humanité qui, de plus en plus, s’agglomère en ville.
Faible, mais point nul : il s’en est quand même trouvé quelques-uns pour dégringoler pas si loin des populations – quoique jamais, dit-on, sur ces populations elles-mêmes. Ces dernières années, sans nuire à qui que ce soit, certains se sont par exemple écrasés dans les environs de Riyad, vers la banlieue pavillonnaire de Georgetown, parmi les faubourgs éloignés d’Ankang ou au beau milieu d’un parc en Ouganda. Leur nature était assez variable, pouvant consister en simples sangles, menus éclats de peinture ou boulons érodés mais parfois aussi, plus volumineuse, en réservoirs d’hélium, turbopompes, tuyères ou sas d’arrimage.
Si l’on peut s’étonner que ces chutes de détritus spatiaux provoquent si peu d’accidents fâcheux, on peut aussi les supposer amenées à se multiplier. Car après les quelque cinq mille lancements consécutifs à celui de Spoutnik 1 en 1957, ce sont à peu près sept mille tonnes de matériel qui orbitent aujourd’hui dans la voûte céleste au-dessus de nos boîtes crâniennes. Et ce, dans ces dernières, afin d’alimenter nos cerveaux en informations diverses et, naturellement, de mâcher le travail de renseignement sur nos personnes. Des vingt milliers d’objets aux formats divers qui se promènent ainsi, nous surplombant en orbite, on est en droit d’imaginer que les trois quarts, ceux qui évoluent à moins de mille kilomètres d’altitude, retomberont un de ces jours n’importe où, pourquoi pas à nos pieds. Notons avec soulagement qu’au-delà de cette distance, l’espérance de vie du quart restant est une affaire de siècles et peut même prétendre, dans les hauteurs extrêmes, à l’éternité.
Certes, il serait aisé, du moins envisageable, d’expédier vers l’éther des appareils spéciaux chargés de se débarrasser des gros débris les plus menaçants. Quant aux petits, l’on sait qu’à leurs moments perdus, sur leurs planches à dessin, des techniciens conçoivent toute sorte de satellites chasseurs équipés de harpons, de pinces ou de filets pour les neutraliser. Mais tout cela n’a finalement que très peu d’importance, la chance d’être frappé par une épave d’engin étant soixante-cinq mille fois plus faible, parole d’expert, que de l’être par la foudre. (N’empêche.)

 


Jean Echenoz par Colette Fellous

C’est à une étonnante plongée dans les coulisses de l’œuvre de Jean Echenoz que nous avait invités l’exposition qui lui a été consacrée à la BPI du Centre Pompidou l’an dernier1. Lettres, documents préparatoires à l’écriture de ses romans, journaux, cartes, itinéraires aériens, cartes postales, bestiaires, extraits de films, photos, archives, carnets d’un poilu qu’il a recopiés à la main pour son livre 14, ou articles de L’Équipe sur Emil Zatopek, personnage de son roman Courir. « Roman, rotor, stator » était le titre de cette exposition, formule extraite de son premier roman Le Méridien de Greenwich, paru en 1979. Roman, moteur, immobilité. Trois mots qui, d’une certaine façon, éclairent l’œuvre de Jean Echenoz, une œuvre étrange, puissante, secrète, qui puise sa force dans l’observation minutieuse du réel et dans la recherche d’une langue musicale qui accueille les dissonances, les surprises, les accidents et la cocasserie, sans jamais se répéter ni se figer dans un système.

« J’aime quand c’est différent, j’ai besoin que ça bouge, si je m’attardais sur quelque chose de trop fixe, je m’ennuierais », dit-il. Et si son œuvre est avant tout marquée par le mouvement et le déplacement, la Corée, Greenwich, la Malaisie, l’Inde du Sud, le pôle Arctique, ou tout simplement Paris, le RER, un cargo, la gare du Bourget, la place Franz-Liszt, c’est qu’il a une terreur de la répétition. Écrire, c’est se battre contre ce qui revient sans cesse, c’est aller au-delà de ce qu’on sait faire, s’aventurer, se renouveler, enquêter. Il y a quelque chose du détective ou de l’enquêteur chez lui, un personnage qui voudrait parfois se rendre invisible pour mieux voir, écouter, sentir, qui ne parle pas beaucoup, qui sourit et ne cherche jamais à expliquer quoi que ce soit. C’est au lecteur de dire. Enquêter est déjà une situation romanesque, on part à la recherche de traces, on interviewe, on rencontre, on découvre, on s’étonne. Un livre est toujours chez lui le résultat d’un long travail d’enquête qui lui prend à peu près deux années, pendant lesquelles il amasse des choses entendues, observées, rêvées, glanées au hasard. Ce sont parfois des déchets ou des notes qui ne lui serviront pas directement et ne réapparaîtront peut-être que plus tard, dans un autre livre. Chaque roman a sa propre logique, sa propre vitesse et il arrive que le texte refuse certaines scènes que l’auteur propose, c’est là toute la beauté et la force de la littérature.

Jean Echenoz est apparu sur la scène littéraire en 1978, à une époque où le roman était fatigué, où il était plutôt question de théorie littéraire et de croisements de disciplines, littérature, psychanalyse, linguistique, ethnologie, tout cela était lié et exigeait du lecteur une autre approche de tout texte littéraire, plus analytique. S’engager à écrire un roman dans ces années-là était une prouesse et un défi. C’est alors qu’après avoir fait pendant de nombreuses années des pages d’écriture, exercices où il s’amusait, à la façon des peintres, à copier des écrivains qu’il aimait, Burroughs ou Melville par exemple, après avoir été formé depuis l’enfance par la musique et le cinéma, il a choisi une nouvelle porte d’entrée qui n’avait pas encore été trop empruntée : le roman noir. Mais en avançant dans l’écriture, le roman était parti dans des directions différentes, cela a donné Le Méridien de Greenwich, livre devenu presque culte, signant le début d’une grande complicité avec Jérôme Lindon et les Éditions de Minuit, aujourd’hui dirigées par sa fille, Irène Lindon. La rencontre avec Jérôme Lindon a été décisive dans le parcours de son œuvre, aujourd’hui traduite en plus de trente langues : « Il avait un mode de lecture très précieux. À sa mort, j’ai eu envie de fixer des souvenirs, juste pour moi, pour ne pas les perdre, je ne croyais pas que cela deviendrait un livre, mais lorsque Irène Lindon a lu mon récit, elle a décidé de le publier. » Le livre, élégamment intitulé Jérôme Lindon, est paru en octobre 2001, il témoigne de la force et de la complexité des liens entre un auteur et son éditeur : « On parle forcément de soi lorsqu’on parle de quelqu‘un, on délivre aussi quelque chose de soi. »

Si Jean Echenoz n’aime pas trop se livrer sur le commentaire de ses propres livres, il s’enthousiasme volontiers sur ses lectures, celle de Dickens par exemple, qui a été une vraie bascule dans l’enfance, une voie vers la littérature, puis la découverte de Melville et Stevenson, surtout Le Maître de Ballantrae, qu’il a d’ailleurs préfacé pour une édition de POL. Un des livres qu’il aime relire sans se lasser est le livre de Raymond Roussel La Vue, un poème de huit cents alexandrins qui détaille de façon cocasse une scène de bain captée à travers l’œilleton d’un porte-plume, la description devenant une forme de fiction aventureuse. D’autres lectures ont été importantes, Le Bavard de Louis-René des Forêts, ou Les Lauriers sont coupés d’Édouard Dujardin. On ne s’étonnera pas que ce soient trois textes qui ont fondé la modernité littéraire. Jean Echenoz est sans doute lui aussi inventeur d’une modernité, même s’il ne le revendique jamais. Trop pudique et trop modeste pour cela. Aujourd’hui, pour un livre en préparation, il rassemble des recherches sur l’histoire des satellites, de ceux qui rôdent autour de nos têtes et qui finiront bien par nous tomber sur la tête…

S’il écoute moins de jazz qu’au temps de Cherokee, il reste toutefois fidèle à Schubert et Haydn, à Ravel, Stravinsky et Bach, qui ont été la toile de fond de son enfance puisqu’il a toujours vu sa mère jouer du piano, dans ses maisons installées dans l’enceinte de l’hôpital psychiatrique où son père était médecin psychiatre, principalement en Haute-Provence.
Une chose encore, Jean Echenoz s’est aperçu récemment, et il s’en étonne, qu’il y avait un lien entre les trois portraits qui forment sa magnifique trilogie, écrite dans un style limpide, direct, qui laisse toutefois grande place à l’énigmatique : Des éclairs, Ravel et Courir, les vies de Nikola Tesla, un génie de la physique, de Ravel et du coureur Emil Zatopek. « Quand les livres ont été finis, je me suis rendu compte qu’il y avait eu chez tous les trois une forme de grandeur puis de décadence, l’histoire d’un sommet puis d’une chute. »

À la façon des rétrospectives cinématographiques, l’heure est à relire tous les romans de Jean Echenoz, qui, bien que différents, laissent en nous une même trace, une même ambiance. Ils lui ressemblent et n’ont pas vieilli, tout comme lui : regardez-le, son visage a gardé secrètement la clarté et le temps de son adolescence.

(1)  Exposition orchestrée par Emmanuèle Payen et Isabelle Bastian-Dupleix, avec Gérard Berthomieu comme conseiller scientifique, en partenariat avec la Bibliothèque Jacques-Doucet et les Éditions de Minuit.

 

Lire l’article dans la revue Astérisque


Né en 1947, Jean Echenoz a publié le premier de ses dix-sept romans ou récits aux Editions de Minuit en 1979. Ses premiers livres sont portés par l’influence du roman noir, du cinéma et de la musique. Ils reflètent son goût de la géographie et révèlent son art du glissement, qu’il soit narratif ou syntaxique. La fiction est un terrain de jeu dans lequel Jean Echenoz semble toujours emprunter des « voix latérales ». En 2001, il consacre un récit à son éditeur disparu, Jérôme Lindon. Suivront entre autres trois romans consacrés à trois vies, celles du compositeur Maurice Ravel, de l’athlète Emil Zatopek et de l’inventeur Nikola Tesla.

 

Éléments bibliographiques

Le Méridien de Greenwich, Minuit, 1979
Cherokee, Minuit, 1983,
L’Équipée malaise, Minuit, 1987
Nous trois
, Minuit, 1992
Les Grandes blondes, Minuit, 1995
Je m’en vais
, Minuit, 1999
Ravel
, Minuit, 2006
Courir
, Minuit, 2008
Des éclairs
, Minuit, 2010
14
, Minuit, 2012
Envoyée spéciale
, Minuit 2016
Vie de Gérard Fulmard, 2020, Minuit

Chantal Thomas, romancière et essayiste, universitaire spécialiste du siècle des Lumières, et en particulier de Sade et Casanova, a été révélée au grand public en 2002 avec Les Adieux à la Reine (prix Femina), adapté au cinéma par Benoît Jacquot. L’échange des princesses (Seuil, 2013), porté à l’écran par Marc Dugain, a également connu un grand succès. Elle a depuis publié Pour Roland Barthes (2015), Souvenirs de la marée basse (2017), East Village Blues (2019), Café Vivre (2020), De sable et de neige (2021). Son œuvre est traduite dans de nombreux pays. Elle a collaboré, entre autres, à Critique, Art Press, l’Histoire, et assuré une chronique mensuelle dans le journal Sud Ouest (2014 et 2018).

Son œuvre a été adaptée au théâtre. Le palais de la reine et l’Ile flottante ont été joués et mis en scène par Alfredo Arias, en France (Théâtre du Rond-Point, et Chaillot) et en Argentine. Chantal Thomas a également écrit le livret « Les Noces de l’Enfant Roi », spectacle musical créé par Alfredo Arias sur le bassin de Neptune pour les Fêtes de Nuit de Versailles (2006), chorégraphie d’Ana Maria Stekelman et musique des Rita Mitsouko

Elle fut Commissaire de l’exposition « Casanova, La passion de la liberté » à la Bibliothèque nationale de France en 2011.

Chantal Thomas a reçu en 2014 le Grand Prix de la Société des gens de lettres pour l’ensemble de son œuvre, le prix Roger-Caillois de littérature française et, en 2015, le prix Prince Pierre de Monaco.

Elle a été élue à l’Académie française, le 28 janvier 2021, au fauteuil de Jean d’Ormesson (12e fauteuil).

Chantal Thomas est Officier de l’ordre national du Mérite et Officier des Arts et des Lettres.

Son prochain roman, Journal de nage (Le Seuil), sort en librairie le 13 mai 2022.

Éléments bibliographiques

Sade, l’œil de la lettre, Payot, 1978
Casanova, un voyage libertin, Denoël, « L’Infini », 1985 et « Folio », n°3125
Don Juan ou Pavlov, Seuil, « La couleur des idées », 1987
La Reine scélérate Marie-Antoinette dans les pamphlets, Seuil, 1989
Thomas Bernhard, Seuil, « Les Contemporains », 1990
Sade, Seuil, « Ecrivains de toujours », 1994
La vie réelle des petites filles, Gallimard, « Haute enfance », 1995
Comment supporter sa liberté, Payot, 1998
Les Adieux à la reine, Seuil, 2002
La Lectrice-adjointe Suivi de Marie-Antoinette et le théâtre, Mercure de France, 2003
Souffrir, Payot, 2004
L’île flottante, Mercure de France, 2004
Le Palais de la reine, Actes Sud/Papiers, 2005
Jardinière Arlequin, Mercure de France, « Le Petit Mercure », 2006
Chemins de sable, Bayard, 2006
Cafés de la mémoire, Seuil, 2008
Le Testament d’Olympe, Seuil, 2010
L’Esprit de conversation. Trois salons, Payot, « Rivages poche », n°706, 2011
Casanova et La passion de la liberté, Bibliothèque nationale de France / Seuil, 2011
L’Echange des princesses, Seuil, 2013
Un air de liberté Variations sur l’esprit du XVIIIe siècle, Payot, 2014
Pour Roland Barthes, Seuil, 2015
Souvenirs de la marée basse, Seuil, 2017
Café Vivre, Seuil, 2020
De sable et de neige, Mercure de France, 2021

Entretien: Colette Fellous avec Hélène Cixous
Lecture de textes : par Daniel Mesguish
Durée : 1h30

Une soirée littéraire autour de la lauréate du Prix Marguerite Yourcenar


Anne Georget, présidente de la Scam,
Pascal Ory, président de la commission de l’écrit de la Scam,

Hervé Rony, directeur général de la Scam,
sont heureux de vous convier à
une soirée littéraire autour de

Hélène Cixous

Colette Fellous s’entretiendra avec Hélène Cixous,
avant la lecture par Daniel Mesguish de textes choisis dans son œuvre.

Lundi 5 décembre 2016 à 19h30
Théâtre du Vieux Colombier
21, rue du Vieux Colombier
75006 Paris

Cocktail / Réservation indispensable : culture@scam.fr

La meilleure manière de parler de Pierre Bayard, c’est celle qu’il prescrit dans le plus insolent de ses essais, Comment parler des livres que l’on n’a pas lus : lire ou ne pas lire, nous dit-il, n’est pas la bonne question. La vraie question est : qu’appelle-t-on lire ? Qu’est-ce que lire veut dire ? Que sait-on des livres que l’on a lus ?

Qu’est-ce qui est plus important ?

Ce que l’on retient ?

Ou ce que l’on ne retient pas ?

Ne pas lire Bayard serait déjà rêver autour de ses titres, Le Paradoxe du menteur, je dis vrai en disant que je mens, Le Plagiat par anticipation, où l’après se situe avant l’avant, Aurais-je été résistant ou bourreau ?, vertige sur la question du libre arbitre et de la bifurcation existentielle, Demain est écrit, réponse décalée au livre précédent, Enquête sur Hamlet, traversée et mise en abyme d’une œuvre, Il existe d’autres mondes, exploration d’univers communicants où l’on mènerait des vies parallèles.

Liste non exhaustive.

Difficile de faire le malin avec cet écrivain, professeur de littérature française à Paris 8 et psychanalyste. Alors, Peut-on appliquer la littérature à la psychanalyse ? Visiblement oui, avec bonheur, même si, appliqué au quotidien, ça donne le tournis, une sorte d’ivresse aussi, car le temps y est perpétuellement scindé vers d’innombrables probabilités. Il en résulte un désir de tout lire – du verbe desiderare, interroger les astres.

On connaît très mal un écrivain par un seul de ses livres, dit Marguerite Yourcenar. Les quelques titres cités n’étant qu’une mise en bouche, il faut tout lire de Pierre Bayard.

Car la lecture c’est ça : faire briller, en soi, les astres dévoilés.

Un instant, à jamais.

Simonetta Greggio, romancière, membre de la commission de l’écrit

Essayiste, fondateur de la « critique interventionniste », Pierre Bayard est professeur de littérature française à Paris VIII et psychanalyste. Dans son approche critique des textes, il met en place un dispositif d’analyse anticonformiste et s’en sert comme base de réflexion théorique ou critique approfondie. En 2009, il illustre l’impossibilité logique qu’est le plagiat par anticipation dans un livre homonyme et dans lequel il déploie un discours sur la modernité de certains auteurs qui se voient très paradoxalement accusés de plagiat. Comment parler des faits qui ne se sont pas produits est le troisième volume d’un cycle publié aux éditions de Minuit, qui comprend également Comment parler des livres que l’on n’a pas lus ( 2007) ? et Comment parler des lieux où l’on n’a pas été ?(2012) Pierre Bayard a été nommé membre senior de l’Institut universitaire de France en 2009.