L’un des plus illustres ambassadeurs du cinéma français sera président du jury de l’Œil d’or 2024, le prix du documentaire du Festival de Cannes.

Créé en 2015 par le Festival de Cannes et la Scam, L’Œil d’or distingue chaque année un documentaire présenté dans les sélections officielles du Festival : compétition, Un Certain Regard, Hors compétition et Séances de Minuit, Séances Spéciales, Cannes Classics. Les films documentaires présentés par la Quinzaine des cinéastes et la Semaine de la Critique sont invités à y participer.
Le prix est doté de 5000 € versés par la Scam au lauréat ou à la lauréate.

Nicolas Philibert, cinéaste engagé au regard humaniste, filme le réel depuis cinquante ans. Réalisateur de nombreux documentaires primés (Le Pays des sourds, La Moindre des choses, La Maison de la radio), son œuvre est diffusée et étudiée partout dans le monde. Sorti en 2002, Être et avoir, grand succès critique, a été vu par près de deux millions de spectateurs en France. En 2023, Sur l’Adamant a décroché l’Ours d’or à la Berlinale.
Son dernier film Averroès & Rosa Parks est sorti en salles le 20 mars 2024.

L’Œil d’or 2023 avait été décerné ex-aequo aux films Les filles d’Olfa de Kaouther Ben Hania et Kadib Abyad (La Mère de tous les mensonges) d’Asmae El Moudir.

Le jury remettra L’Œil d’or – Le Prix du documentaire le vendredi 24 mai au Palais des Festivals.

Dans le prolongement de l’Année du Documentaire, SÉRIES MANIA s’associe au FIPADOC, avec le soutien de la Scam, pour mettre en lumière les séries documentaires lors de sa prochaine édition qui aura lieu du 15 au 22 mars 2024.

Projections en avant-première

Deux séances spéciales hors compétition seront organisées dans la programmation du festival. Une série française en première mondiale et une série étrangère inédite en France  seront sélectionnées conjointement par SÉRIES MANIA et le FIPADOC. Les séries candidates à cette sélection peuvent postuler jusqu’au 17 décembre dans le cadre de l’appel à films du FIPADOC.

Conférence grand public

Un dialogue croisé entre plusieurs grands invités (journalistes, auteurs de séries documentaires et de fiction) sur les rapports entre réalité et fiction aura également lieu pendant la prochaine édition du festival à destination du grand public.

Conférence pour les professionnels

Une conférence lors du SÉRIES MANIA FORUM sera programmée conjointement par SÉRIES MANIA et le FIPADOC pour évoquer l’actualité des enjeux artistiques, de production et de diffusion des séries documentaires.

Le réel dans les séries de fiction a toujours été un thème cher au festival.
C’est donc dans un cheminement logique que SÉRIES MANIA souhaite également faire rayonner la série documentaire auprès du grand public et des professionnels français et internationaux, avant de lancer prochainement une formation spécifique sur le sujet dans le cadre du SÉRIES MANIA Institute.

AnimFrance, le SATEV, la SCAM, le SEDPA, le SPECT, l’USPA, rejoints par le SPI le 7 février, et le Groupe M6 sont heureux d’annoncer la signature d’un accord qui renforce les engagements du Groupe M6 en matière de production audiovisuelle française et européenne.

Cet accord avec les organisations professionnelles de l’audiovisuel réaffirme l’attachement du Groupe M6 au maintien d’une diversité des producteurs représentée à l’antenne et d’une diversité de genres, de formats et d’écritures, au service de la création et de l’émergence des talents.

Cet accord interprofessionnel, qui inclut l’ensemble des éditeurs de services de télévision et de médias audiovisuels à la demande du Groupe M6, prévoit notamment :

  • Un investissement pour M6 de 15% du chiffre d’affaires consacré à la production d’œuvres audiovisuelles européennes ou d’expression originale française, dont une part dédiée aux œuvres indépendantes portée à 70% ;
  • Un taux d’investissement patrimonial pour M6 porté à 11,5% du chiffre d’affaires dont 74% en faveur d’œuvres indépendantes ;
  • Un nouvel engagement en faveur du documentaire de création (1,35% du chiffre d’affaires du Groupe M6 entièrement dédié à des œuvres indépendantes) ;
  • Un engagement étendu en faveur de l’animation (1,3% du chiffre d’affaires du Groupe M6 dont 74% dédié à des œuvres indépendantes) ;
  • Un investissement désormais identique de 75% dans la production inédite tant en matière d’œuvres audiovisuelles que patrimoniales (Groupe M6).

Ainsi, dès 2023, le Groupe M6 renforce sa position de partenaire privilégié du documentaire de création et de l’animation en consacrant plus de 11% de son obligation patrimoniale dans chacun de ces genres.

Avec cet accord, le Groupe M6 et les organisations professionnelles de l’audiovisuel confirment leur volonté de travailler dans un climat de confiance avec l’ambition de s’adapter aux nouveaux enjeux du secteur audiovisuel français et de soutenir la diversité de la création audiovisuelle.

Contact presse
Scam – Astrid Lockhart – astrid.lockhart@scam.fr

La Commission des écritures et formes émergentes de la Scam décerne le Prix Nouvelles Écritures 2025 à Clément (Francis) Courcier pour « Trois cent mille kilomètres par seconde ».

Trois cent mille kilomètres par seconde
de Clément (Francis) Courcier

2024 – 12’ – Miyu Productions/ JPL Films

Une femme est à sa fenêtre, perdue dans ses pensées, lorsqu’un corps lumineux pénètre et éclate dans l’atmosphère. Prise dans la vibration de ce gigantesque feu d’artifice stellaire, elle part dans un voyage hors de son corps et hors du temps.

Trois cent mille kilomètres par seconde est un film expérimental réalisé en 3D relief. Conçu comme un voyage, une expérience sensible, le film mélange animation stop motion et prise de vue réelle. Pour recréer de véritables images de lumière, grâce à des installations jouant sur les propriétés de la lumière et filmer le corps en racontant son voyage par la danse.

Francis, Clément Courcier de son vrai nom, est un réalisateur-plasticien de films expérimentaux. Curieux des formes et de la plastique de l’image, il s’interroge sur ce qu’elles nous racontent et comment elles résonnent en nous. Il expérimente ainsi tout azimut à la recherche du fil narratif qui tisse la toile de voyages à la fois introspectifs et cosmiques. En 2016, il réalise « Dix puissance moins quarante-trois seconde ». Réactions chimiques, décomposition de végétaux en tout genre, Francis nous propose un voyage onirique sur la transformation de la matière en la mettant à l’épreuve dans ses expérimentations. Achevé en 2024, « Trois cent mille kilomètres par seconde » le mène à expérimenter avec la lumière. Grâce à différentes installations, véritables jeux de parcours optiques, il fabrique des «images de lumière» qui se mêlent à un corps qui danse pour un nouveau voyage en 3D relief.

Le jury était composé des membres de la Commission des écritures et formes émergentes de la Scam : Nina Barbier, Véronique Godé et Virgile Novarina.

Décerné par la Commission des écritures et formes émergentes de la Scam, le prix Nouvelles Écritures a été remis au Fipadoc à Thierry Loa pour 21-22 China, le premier film d’une série en 360 VR époustouflante.

21-22 China
de Thierry Loa

Nous vivons à l’époque anthropocène marquée par l’impact de l’humain sur la planète : un voyage méditatif immersif qui fait découvrir une Chine où l’urbanisation rapide, le développement industriel majeur et les changements massifs transforment la topographie.

En nous proposant une expérience vertigineuse de réalité virtuelle, 21-22 China nous immerge dans une démonstration implacable sur la transformation d’un territoire par les activités humaines.

Avec une composition sonore subtile, et sans un mot de commentaire, l’œuvre révèle les paysages naturels, industriels et urbains avec la même grâce esthétique et nous permet de ressentir et comprendre les effets de nos actions sur la planète.

Le jury a également souhaité récompenser la démarche globale de Thierry Loa, qui s’est lancé dans un état des lieux clinique et visuel de ce que l’on appelle désormais l’anthropocène.

Le Jury : Pascal Goblot - Claudia Marschal - Marianne Rigaux

Thierry Loa est un cinéaste interdisciplinaire et un créateur de contenu pour les nouveaux médias. Ayant étudié le multimédia, la philosophie, le cinéma et la géographie, il a exploré et travaillé dans diverses disciplines visuelles et médiatiques, sur une gamme variée et mixte de projets tels que des installations vidéo, des films, de l’interactif et de la photographie.
Découvrez l’ensemble de ses œuvres  www.doctorhello.net

Le jury était composé des membres de la Commission des écritures et formes émergentes de la Scam : Claudia Marschal, autrice, réalisatrice – Pascal Goblot, documentariste, vidéaste  – Marianne Rigaux, autrice, réalisatrice.

Jean Daive, lauréat du Prix de l’ensemble de l’œuvre sonore de la Scam 2022, est l’une de ces voix que l’on garde en tête, une fois le poste éteint. Homme de radio, mais aussi écrivain, poète, « encyclopédiste, reporter et photographe », comme il aime à se présenter, son œuvre singulière résiste à toute forme d’enfermement.

Quand en 1975 Jean Daive entre à France Culture où “lui est révélée la matière vivante quasi fusionnelle de la parole”, l’ORTF vient d’éclater. Parmi les innovations de la nouvelle grille des programmes composée sous la direction d’Yves Jaigu : Poésie ininterrompue, une émission dont le titre a été imposé par Alain Trutat, ancien secrétaire de Paul Éluard qui, après avoir été un grand réalisateur, était devenu un des principaux conseillers de programmes de la chaîne (nous lui devons entre autres l’Atelier de Création Radiophonique en 1969).

Poésie ininterrompue, coordonné par Claude Royet-Journoud, proposait d’écouter un ou une poète, lisant des textes de son choix par tranches de cinq minutes (à 7 h 02, 14 h, 19 h 55 et 23 h 50 du lundi au samedi) avant de s’entretenir le dimanche à 20 h pendant quarante minutes avec un ou une de ses pairs. Après avoir officié deux fois en tant que présentateur et intervieweur, Jean Daive en a été le neuvième invité.

Je m’en souviens car cette année-là, j’ai commencé à écouter France Culture avec attention. Étudiant en deuxième année d’architecture et arts plastiques aux Beaux-Arts de Paris, j’entendais des voix, le soir, dans ma petite chambre envahie de livres et de dessins, sans toujours retenir les noms des locuteurs. Mais comme sur le chemin de l’école, j’avais trouvé par hasard dans une petite librairie bien achalandée Fut bâti de Jean Daive (Gallimard, 1973), ce nom d’écrivain ne m’était pas inconnu quand le timbre de sa voix a discrètement surgi du transistor à piles.

Jean Daive dont je me souviens des silences, et d’une certaine lenteur s’accordant parfaitement aux domaines qui, en dehors de l’écriture poétique que je me suis toujours refusé de pratiquer, pouvaient tisser des liens entre nous : ceux de l’image et du son.

Christian Rosset

J’avais tout juste 19 ans, et j’ignorais qu’avant la fin de l’automne, je deviendrais à mon tour producteur délégué à France Culture, tout d’abord à L’Atelier de Création Radiophonique (ou ACR), puis simultanément dans divers espaces de création comme les Nuits magnétiques où j’ai pu assez rapidement échanger hors micro avec les nombreux écrivains, le plus souvent poètes, qui y travaillaient – ce qui était le cas de Jean Daive dont je me souviens des silences, et d’une certaine lenteur s’accordant parfaitement aux domaines qui, en dehors de l’écriture poétique que je me suis toujours refusé de pratiquer, pouvaient tisser des liens entre nous : ceux de l’image et du son, de manière bien plus étendue que ce qui était privilégié par ma double formation de musicien et d’artiste visuel.

Entre enfance fiévreuse et écoute hallucinée

Avant de continuer à retracer ce singulier parcours radiophonique, il me faut apporter quelques précisions d’ordre biographique. Né le 13 mai 1941 à Bon-Secours, bourg frontalier du Nord, Jean Daive dit avoir eu une “enfance fiévreuse” où, au bord de l’autisme, il “découvre la musique, la peinture, le poème.” “Il aime les dictionnaires où il trouve – en même temps – une réalité et une utopie.” Il se décrit en “enfant du placard” faisant “l’expérience de l’écoute hallucinée : du moindre bruit, de la moindre syllabe identifiable”.

En 1967, alors qu’il atteint les 26 ans, un long poème, Décimale blanche, est en partie publié dans le n° 2 de L’Éphémère chez Maeght, puis en volume aux éditions du Mercure de France. Bientôt traduit en allemand par le poète Paul Celan, que lui-même traduit en français, c’est un livre “précurseur”, paru quatre ans avant État d’Anne-Marie Albiach (avec qui il s’entretiendra à cinq reprises), cinq avant Le Renversement de Claude Royet-Journoud et sept avant Répétition sur les amas d’Alain Veinstein (avec qui il sera associé à l’aventure des Nuits magnétiques). Ces quatre noms, auxquels il faudrait ajouter quelques autres, forment une constellation novatrice et vivante en ces temps où les jeux n’étaient pas faits.

En 1976, Le Jeu des séries scéniques, dans la collection “Textes” que dirige Paul Otchakovsky-Laurens chez Flammarion, me sidère par la puissance singulière de son écriture, tandis que la voix de l’auteur gagne chaque jour en présence sur les ondes. On ne fera pas la liste de tous les titres des livres de Jean Daive (il y en a aujourd’hui près d’une cinquantaine) ou de ses émissions de radio (son nom revient environ deux mille fois sur le répertoire d’Ina Mediapro).

Comment se trament le temps consacré à l’écriture et le temps libre, un temps ouvert à la rencontre, temps de l’écoute, de la chance, de l’accident, de l’imprévisible. 

Jean Daive

On préférera relever à quel point ces activités d’écrivain et d’auteur radiophonique sont solidaires. Et qu’elles n’ont cessé de s’enrichir en se frottant à d’autres pratiques, ponctuelles ou plus secrètes. Jean Daive se présente parfois en encyclopédiste, reporter – qui, pour reprendre ses propres mots, “a très tôt perçu que la parole est le lieu où l’instant se transforme en enquête vivante” – et photographe. Ou encore en grand voyageur, Nagra en bandoulière, à la rencontre aussi bien d’artistes insaisissables, sinon par ruse, que d’inconnus croisés aux nombreux carrefours du Pays d’ici et d’ailleurs. Et de fantômes : de disparu(e)s, non sans laisser de traces.

Homme de regard et homme d’écoute

Pour bien comprendre cette déambulation d’un lieu à l’autre, il faut éclairer ce curieux statut de “producteur tournant” accordé à certains d’entre nous, désireux de faire un pas de côté, plutôt que de s’enferrer dans la répétition du convenu. Avant que la radio ne passe à l’ère du numérique, cette chaîne pouvait se montrer favorable à diverses formes de déplacement, à la recherche d’imprévu.

“Tournant” signifiait “non assujetti à une case de la grille” : libre de changer de sujet, comme de format, passant du modus operandi le plus simple au plus complexe, sans hiérarchie. Ainsi pouvait-on, jour après jour, creuser son sillon, dans une continuité tissée de discontinuité, ce qui ne pouvait que convenir à des écrivains, des artistes, des musiciens non journalistes et non professeurs : généralistes du langage comme l’a proposé avec humour Claude Ollier, hantés par l’idée de faire surgir ce qui se trouve à la frontière entre plusieurs domaines et refusant de cultiver en spécialiste tel ou tel genre où règne l’entre-soi.

Impossible d’enfermer le travail de Daive dans une case quelconque, tant l’homme de regard s’accorde à l’homme d’écoute, attentif aux voix, aux respirations et au silence. Il est de ceux, pas si nombreux, qui ont su faire passer quelque chose de l’image par le son. On lui doit, aux Nuits magnétiques, la création d’une séquence titrée Peinture fraîche – intitulé qu’il reprendra en 1997, quand France Culture lui confiera un magazine hebdomadaire des arts visuels, dont il déroulera nombre d’épisodes jusqu’en juillet 2009 – une nouvelle direction ayant décidé de supprimer plusieurs émissions produites par des pionniers des Nuits magnétiques.

Il quitte alors l’antenne, convaincu qu’“il s’agit de résister ailleurs plutôt que de survivre ici”. Rappelons certaines émissions auxquelles son nom est attaché : Le Pays d’ici, Le Bon Plaisir, Les Chemins de la connaissance, À voix nue et autres Grands Entretiens (avec Gracq, Borges, Godard, Jean-Marie Straub et Danièle Huillet, Ponge, Boltanski, Marguerite Duras, Robert Rauschenberg, etc.), sans oublier les Émissions spéciales de dix heures comme Un rêve américain, Franz Kafka, William Faulkner-Mississipi…

Hommage au collectif d’extracteurs et d’agenceurs du son

Autre chose sur laquelle il nous faut insister : même quand une forte personnalité, de grand solitaire, voire de taiseux, est à l’origine d’un projet, le travail radiophonique dans la Maison Ronde nécessite – exige même – la constitution d’une équipe. Mais si les tâches peuvent être a priori hiérarchisées (chacun devant se tenir à son poste), les auteurs et autrices radiophoniques (signant de manière claire, reconnaissable, l’œuvre achevée) ont toujours contourné cette division du travail en opérant de nombreux échanges avec leurs équipes : écoutes et gestes partagés ; recherche commune de solutions pratiques.

Les émissions “d’essai” comme l’ACR. ou les Nuits magnétiques requièrent la formation, non de rédactions tenues au respect d’une ligne éditoriale, mais d’un collectif d’extracteurs et d’agenceurs du son, les mains dans le cambouis et solidaires.

Quand le Prix de l’ensemble de l’œuvre radiophonique de la Scam lui a été décerné en 2022, Jean Daive a tenu à rendre hommage à celles et à ceux qui ont accompagné son travail, insistant sur l’esprit de résistance qui les unissait : sur leur faculté de tenir tête à ce qui pourrait freiner le mouvement libre de la parole – du récit en devenir.

Raconter le son, comme le son raconte, par un mouvement dialectique, stimulé par des contraintes propres à engendrer une forme et non à en délimiter le contenu.

Christian Rosset

Raconter le son, comme le son raconte, par un mouvement dialectique, stimulé par des contraintes propres à engendrer une forme et non à en délimiter le contenu. Il convient de garder de la place pour ce qui disparaît (ce qui est passé de mode, ou l’éternel méconnu) tout en en trouvant pour ce qui reste sottement méprisé (les diverses contre-cultures).

Jean Daive peut aujourd’hui redonner vie à ses nombreuses archives sonores en les transcrivant, afin de les intégrer à de nouveaux écrits où l’idée de montage demeure centrale, comme ce livre publié par Nous en 2020, Les journées en Arlequin, “qui raconte comment se trament le temps consacré à l’écriture et le temps libre, un temps ouvert à la rencontre, temps de l’écoute, de la chance, de l’accident, de l’imprévisible”. Propos d’homme de radio qui ne manque pas d’emporter avec lui un appareil enregistreur et quelques bandes magnétiques quand il voyage, comme l’écrivain ou le peintre glissent dans leurs poches carnets, gomme et stylos.

Une œuvre comme une force de résistance

Remarquons que les livres de Jean Daive sont pour moitié rassemblés en cycles, dont certains encore inachevés : L’Alphabet de l’enfant (cinq volumes dans la collection “Poésie/Flammarion”), Narration d’équilibre, La Condition d’infini, Trilogie du temps (chacun de ces trois cycles en quatre volumes chez P.O.L), Le Monde encore une fois (trois volumes ; un à la Galerie Jean Fournier et deux à L’Atelier contemporain), auxquels il faut ajouter un dernier, dit “inversé” : Encore une fois le monde, qui rassemble de beaux livres réalisés avec des artistes comme Joerg Ortner, Antoni Tàpies, Jean Le Gac, Jean-Pierre Bertrand ou Jan Voss. Il convient aussi de relever l’importance de son travail de traduction : de l’allemand (Paul Celan), et aussi de l’anglais des USA (Robert Creeley ou Norma Cole).

Et enfin, noter qu’il a dirigé à cinq reprises depuis 1969 des revues, donc des espaces d’accueil de collectifs en devenir, où, même s’il ne s’y autopublie pas, on sent à chaque page sa présence, voire sa voix. Une des plus récentes, imprimée depuis 2013 en typographie par Éric Pesty, s’intitule K.O.S.H.K.O.N.O.N.G., du nom du lac auprès duquel la poète américaine Lorine Niedecker, compagne de route des objectivistes, a vécu “dans une cabane sans eau et sans électricité”. On revient toujours à la poésie, à l’esprit des lieux, à l’image, de manière sonore, visuelle, mais aussi musicale : ouvertement atonale.

Un souvenir pour finir. Un jour du printemps de l’an 2000, je rencontre par hasard Claude Royet-Journoud attablé à une terrasse de café. Il m’invite à m’asseoir en face de lui. On commence par échanger quelques nouvelles. Au moment précis où il se met à parler de Jean Daive en termes chaleureux, j’aperçois ce dernier entrer dans le champ de vision. Étonnante coïncidence. Comme Daive ne tarde pas à nous rejoindre, je suis témoin de la longue amitié entre les deux hommes – une forme d’amitié qui est l’exact contraire de la connivence : un moteur pour la création et non un signe d’appartenance à une élite. Je me sentais devenir tout à coup comme l’auditeur d’une émission de radio particulièrement vivante où les rencontres se feraient par attraction ; où s’exprimerait une solidarité du vivant ; où l’œil et l’oreille dialogueraient de concert ; où les mots s’accorderaient au silence.

La voix de Jean Daive est de celles que l’on garde en tête, une fois le poste éteint. Et son œuvre, qu’elle soit destinée à la publication sur papier ou à la diffusion par les ondes, entretient en permanence une force de résistance – inactuelle si on veut, mais incitant à une lecture, une écoute, au présent. Je suis certain qu’on ne cessera de la relire et de la réécouter et que de jeunes auteurs et de jeunes autrices la remettront en jeu dans leurs propres travaux.

Christian Rosset est un créateur radiophonique, compositeur de musique. Il est également écrivain et chroniqueur régulier au journal culturel en ligne Diacritik.

La Scam affirme la place singulière des auteurs et des autrices dans la société. Astérisque en est le porte-voix.

Les organisations professionnelles d’auteurs (Scam, Garrd, La Boucle documentaire) et les syndicats de producteurs (Satev, Spect, Spi, Uspa) ont signé aujourd’hui un accord professionnel qui entérine pour la première fois les bases d’une rémunération minimale pour l’écriture d’un projet documentaire.

Cet accord concerne plus précisément l’écriture des dossiers de présentation d’œuvres documentaires. Il consacre le principe d’une rémunération minimale pour les auteurs et autrices de 2 000 € brut dont 1 000 € définitivement acquis quel que soit le financement obtenu auxquels s’ajoutent 1 000 € complémentaires dès lors que le producteur cumule 6 000 € de financement dédié à l’œuvre quelle qu’en soit la provenance (aide CNC automatique ou non, préachat, Procirep, collectivités locales …).

Porté par toutes les organisations représentatives du documentaire, il s’agit du premier accord en faveur d’une rémunération minimale pour l’écriture d’une œuvre audiovisuelle, signé sous l’égide de l’ordonnance du 12 mai 2021 qui transpose la directive du 17 avril 2019.

Il est le fruit d’un dialogue constructif entre tous les intervenants du processus de création d’un documentaire, afin d’améliorer les pratiques dans ce secteur de la production audiovisuelle et de réaffirmer le lien central entre l’auteur et le producteur. Il confirme à ce titre le professionnalisme et le dynamisme qui l’anime au seuil d’une année qui lui sera consacrée.

Les signataires saluent l’engagement du CNC sur ce dossier et se réjouissent de l’entrée en vigueur de cet accord, qui consacre l’attachement de chacune des parties au genre documentaire.

Informations presse

Scam : Astrid Lockhart – astrid.lockhart@scam.fr
Garrd : Perle Schmidt – perle.schmidt-morand@garrd.fr
La Boucle documentaire : Pauline Vasset – courrier@laboucledocumentaire.fr
Satev : Florence Braka – f.braka@ffap.fr
Spect : Vincent Gisbert – vincent@spect.fr
Spi : Emmanuelle Mauger – emauger@lespi.org
Uspa : Jérôme Dechesne – j.dechesne@uspa.fr

 

Annoncée par le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), l’Année du documentaire 2023 a été lancée ce 23 janvier au FIPADOC en présence de Rima Abdul Malak, ministre de la Culture. Cette année du documentaire est destinée à mettre en lumière la richesse et la créativité de ce genre, à valoriser son patrimoine et à accroître sa visibilité auprès du grand public.

Cette Année du documentaire, dont la Cinémathèque du Documentaire est à l’initiative et à laquelle la Scam est associée au nom des auteurs et autrices, va mobiliser l’ensemble des acteurs du secteur et générer une dynamique collective qui se prolongera au-delà de l’année 2023. Elle est l’occasion de célébrer la grande richesse de cette forme d’expression.

Scientifique, historique, animalier, culturel, musical, social ou encore de découverte et de voyage, le documentaire offre un regard unique sur notre monde et notre société.

Depuis plusieurs années, il rencontre un large public grâce à de nombreux succès en salles comme La Panthère des neiges de Marie Amiguet et Vincent Munier ; Demain de Cyril Dion et Mélanie Laurent ou encore Merci Patron ! de François Ruffin ; ainsi qu’à la télévision avec les succès récents de Nous paysans de Fabien Béziat et Agnès Poirier ou Les Damnés de la Commune de Raphaël Meyssan ; ou encore sur les plateformes avec Orelsan­ –Montre jamais ça à personne de Clément Cotentin et Christophe Offenstein. Ces succès, publics et critiques, montrent la vitalité et la diversité des formats et des sujets abordés par les documentaristes.

Tout au long de l’année, à travers les grands rendez-vous du documentaire dans des festivals de cinéma, dans les salles de cinéma et sur les chaînes de télévision avec des programmations spéciales, sur les plateformes de vidéo à la demande, des tables rondes, des masterclass de réalisatrices et réalisateurs internationalement reconnus et les talents de la nouvelle génération, l’Année du documentaire 2023 a l’ambition de faire rayonner le genre auprès du public.

Un appel à labellisation a été lancé pour recenser les manifestations, événements ou toutes initiatives qui mettent en valeur le documentaire. Un site internet, anneedudoc23.org, va regrouper l’ensemble des événements, projections et projets, et va s’enrichir tout au long de l’année.

Les acteurs du documentaire sont pleinement engagés dans cette « Année du documentaire 2023 » pour poursuivre la valorisation des œuvres et l’accompagnement des auteurs et autrices à la rencontre du public sur le territoire.

Cette Année du documentaire sera également l’occasion pour le CNC d’engager des réflexions et des réformes – en lien étroit avec les professionnels – sur les soutiens publics pour répondre aux enjeux d’écriture, de financement et de diffusion du documentaire.

Les ambassadeurs de l’Année du documentaire : Sandrine Bonnaire & Yann Arthus-Bertrand

 « Le documentaire, vecteur de responsabilité.
Un documentaire est un pur constat, il nécessite un œil particulier, avec lui on ne peut pas tricher. Lorsque je réalise un documentaire je m’efface au maximum pour aller chercher quelque chose qu’on ne va pas me donner immédiatement. Le rapport à la distance est très important. On est témoin, lorsqu’on filme, et on doit rester au bon endroit. Un documentaire qui atteint son but ne doit pas être didactique, ni prendre position, c’est au spectateur de se faire son idée. » 

Sandrine Bonnaire, réalisatrice

« Grâce au documentaire, je ne vieillis pas, je grandis.
Plus qu’un artiste, je me définis comme un témoin au service d’un intérêt. En tant que photographe ou comme réalisateur de film, je suis un passeur. L’image est pour moi le meilleur médium pour transmettre l’information et l’émotion. Et le documentaire ajoute une autre dimension : la force des paroles et l’incarnation de la multitude des chemins de vie. Avec tous ces témoignages du monde entier, j’ai pris conscience de ce que ce travail apporte à ma vie personnelle. Grâce au documentaire, je ne vieillis pas, je grandis. » 

Yann Arthus-Bertrand, réalisateur

Mot de la présidente de la Cinémathèque du documentaire et des présidents du CNC, et de la Scam

« La France est depuis l’invention du cinéma un pays où le documentaire a toutes ses lettres de noblesse. Dans un monde où les points de rupture s’exacerbent et où les images deviennent des enjeux de vérité et de démocratie, il apporte une diversité de regards d’auteurs absolument salutaire et indispensable. Il faut qu’ils soient soutenus et vus, c’est l’une des missions du CNC et la raison pour laquelle nous voulions lui donner un maximum de visibilité à travers l’Année du documentaire ! » 

Dominique Boutonnat, Président du CNC

« Le cinéma est né documentaire. Filmer le réel, c’était en effet le premier geste du cinéma, avec le train entrant en gare de la Ciotat, avec les opérateurs des Frères Lumières lancés à travers le monde pour archiver faits et gestes, garder mémoire, et faire découvrir la marche du monde.

Pour reprendre une image de Thierry Garrel, un de ses grands défenseurs à la télévision, le documentaire a été colonisé par la fiction. A la table du cinéma, le documentaire avait sa place mais tout au bout : on mettait une rallonge, excentré. Eh oui on pensait qu’il était une péninsule du cinéma, alors qu’on comprend enfin que c’est un continent tout entier !  

Ce miroir aux brillantes facettes, cet art majeur et protéiforme, méritait qu’un coup de projecteur l’illumine, qu’on lui rende hommage et qu’on le célèbre toute une année ! Vive ce regard libre et singulier des cinéastes qui, explorant le passé, prenant le pouls du présent et réfléchissant à l’avenir, sont aux prises avec la réalité du monde, l’observent, l’analysent, l’éprouvent, le critiquent, et l’interrogent avec compassion et colère, humour et amour, pour mieux le comprendre et pourquoi pas l’améliorer. » 

Julie Bertuccelli, réalisatrice et présidente de La Cinémathèque du Documentaire

 « Un comédien du jury de L’Œil d’or, chargé de décerner le Prix du documentaire au Festival de Cannes lâchait cette perle au sortir d’une projection : « Une mauvaise fiction, on s’emmerde. Un documentaire, même mauvais, il y a toujours quelque chose à en tirer. » J’y ai entendu quelque chose d’un hommage à la force du réel, sans nulle autre pareille. Elle imprègne notre genre phare du cinéma. Le documentaire, c’est la réalité augmentée par le regard d’une autrice, d’un auteur. Un regard assumé, subjectif, singulier. Chacune et chacun peut à son tour y trouver matière à penser : la connaissance, l’émotion, la révolte, la compassion… autant dire l’humanité. Que cette année s’ouvre sous le signe du documentaire est un signe fort qui se décline en enjeux politiques, économiques, culturels. Un vœu pour 2023 et bien au-delà : que cette force nous mobilise et nous nourrisse. » 

Rémi Lainé, réalisateur et président de la Scam

La Scam et Unifrance ont le plaisir de vous recevoir le temps d’un après-midi pour vous présenter les enjeux de promotion internationale du documentaire français et les actions menées par Unifrance d’accompagnement des professionnels et des œuvres à l’étranger.

En raison de l’appel à mobilisation nationale contre la réforme des retraites, la rencontre initialement prévue le 7 février est reportée au lundi 3 avril à 15h.

À cette occasion sera présenté le partenariat mis en place entre Unifrance et la Scam, sur le soutien aux déplacements des auteurs et autrices dans les principaux festivals internationaux.

15h00 : Introduction par
Rémi Lainé, président de la Scam
Hervé Rony, directeur général de la Scam
Serge Toubiana, Président et Hervé Michel, Vice-Président d’Unifrance
Daniela Elstner, Directrice générale d’Unifrance

15h15 : Etat du marché et de la circulation du documentaire français à l’international
avec Emmanuelle Jouanole (Terranoa, SEDPA),
Ariana Castoldi (Mediawan Rights)
Nora Philippe (réalisatrice, productrice, directrice d’EURODOC)
Modération: Sarah Hemar, directrice de l’audiovisuel d’Unifrance

16h30 : Les actions d’Unifrance en faveur du documentaire
avec Axel Scoffier, Secrétaire général d’Unifrance

La SACD, la Scam, AnimFrance, le SATEV, le SPECT, le SPI, l’USPA et le SEDPA d’une part, et le Groupe TF1 d’autre part, se félicitent d’avoir conclu un accord définissant les engagements du Groupe TF1 en faveur de l’exposition de programmes jeunesse et d’animation et de financement d’œuvres audiovisuelles d’animation.

Les organisations signataires de cet accord sont convenues de mettre en oeuvre, dès maintenant, une amélioration significative des droits acquis par le Groupe TF1 dans les œuvres d’animation, notamment en vue de leur exploitation par TF1+, en contrepartie d’un investissement financier unitaire renforcé.

Le Groupe TF1 par ailleurs a pris les engagements suivants :

  • L’offre des émissions de TFX destinées à la jeunesse aux jours et heures où ce public est disponible est portée à compter de 2025 à un volume annuel d’au moins 300 heures, contre 150 heures actuellement.
    TFX prend l’engagement nouveau qu’une part de ce volume horaire soit consacrée à des œuvres d’animation à hauteur d’au moins 200 heures par an.
  • Le Groupe TF1 s’engage à porter son obligation contribuant au développement de la production d’œuvres audiovisuelles d’animation européennes ou d’expression originale française à compter de 2025 à hauteur de 6,0% de la contribution globale du Groupe TF1 au développement de la production d’œuvres audiovisuelles patrimoniales (contre 5,2% de cette dernière aujourd’hui),
    ▪ dont au moins 5,6 % pour des œuvres audiovisuelles d’animation relevant de la production inédite (contre 4,8% aujourd’hui),
    ▪ dont au moins 4,2 % de cette même obligation pour des œuvres audiovisuelles d’animation inédites relevant de la production indépendante (contre 3,6 % aujourd’hui).

La SACD, la SCAM, AnimFrance, le SATEV, le SPECT, le SPI, l’USPA, le SEDPA sont heureuses de ce partenariat ambitieux qui s’inscrit dans la continuité des relations constructives qu’elles ont avec le Groupe TF1 depuis de nombreuses années et qui se sont traduites encore dernièrement avec la signature d’un nouvel accord interprofessionnel le 15 décembre 2022.
Elles rappellent que le Groupe TF1 est le premier acteur privé en clair en termes de financement de la création d’œuvres audiovisuelles patrimoniales.

A propos du Groupe TF1

Le Groupe TF1 est un acteur majeur dans la production, l’édition et la distribution de contenus en France et en Europe.
Les activités du Groupe TF1 sont réparties en deux pôles :
Le pôle Média, rassemble ses chaînes en clair (TF1, TMC, TFX, TF1 Séries Films, LCI), ses chaînes thématiques (Ushuaia TV, Histoire TV, TV Breizh, Série Club), sa plateforme de streaming gratuite pour le divertissement familial et l’information TF1+, sa plateforme à la demande dédiée à la jeunesse TFOU MAX et la régie TF1 PUB. Il constitue un écosystème unique, capable de répondre aux envies de tous les publics, et aux besoins de tous les annonceurs. Le Groupe est également présent avec Muzeek One dans la production musicale et de spectacles.
Le pôle Production, avec Newen Studios, regroupe plus de 50 sociétés et labels créatifs en France et à l’international. Il crée et distribue des programmes dans tous les genres et pour tous les acteurs du secteur, des chaînes publiques et privées aux plateformes digitales, grâce à un savoir-faire unique, à la diversité de ses marques et de ses talents.
Présent dans 11 pays, le Groupe TF1 compte 2 882 collaborateurs au 31.12.2023. En 2023, il a réalisé un chiffre d’affaires de 2 297 M€ (Euronext Paris, compartiment A : ISIN FR0000054900).

CONTACTS

GROUPE TF1
Maylis Carçabal – Directrice de la Communication & des Marques – mcarcabal@tf1.fr
Sophie Danis – Directrice de la Communication Programmes, Business & RSE – sdanis@tf1.fr
AnimFrance / Union Syndicale de la Production Audiovisuelle : Stéphane Le Bars – Délégué Général – s.lebars@uspa.fr
SPI : Céline Hautier – Déléguée Animation – chautier@lespi.org
SATEV : Florence Braka – Déléguée Générale – f.braka@ffap.fr
SPECT : Vincent Gisbert – Délégué Général – vincentgisbert@spect.fr
SEDPA : Raphaëlle Mathieu – Coprésidente – rmathieu@cybergroupstudios.com
SACD : Chloé Rayneau– chloe.rayneau@sacd.fr
SCAM : Cristina Campodonico – cristina.campodonico@scam.fr