Le prix Christophe de Ponfilly récompense les fondateurs du média en ligne Les Jours. Talentueux promoteur du concept de la série journalistique, le duo incarne depuis 9 ans un journalisme indépendant, engagé et inventif.

Les Garriberts - Benjamin Géminel / Hans Lucas
Les Garriberts - Benjamin Géminel / Hans Lucas

Journalistes à Libération pendant près de seize ans, Raphaël Garrigos et Isabelle Roberts démissionnent en 2015 pour fonder Les Jours, un média en ligne, indépendant, et sans publicité, dont il et elle deviennent respectivement directeur de la rédaction et présidente. Entouré d’une équipe de journalistes, le duo explore l’actualité sur le long cours, à travers des séries, leurs « Obsessions ».

En 2016, les « Garriberts » écrivent ensemble L’Empire, une série de plus de 200 épisodes sur la conquête de Canal+ par Vincent Bolloré. Un an plus tard, ils décryptent les différentes phases des élections présidentielles dans Les grands Primaires de droite, Les grands Primaires de gauche et Volte-face sur la campagne.
Ils sont les auteurs de L’Empire (Le Seuil, 2016) adapté de leur série, et La bonne Soupe (Les Arènes, 2007), consacré au JT de 13 heures de Jean-Pierre Pernaut.

Plusieurs enquêtes publiées par Les Jours ont été récompensées, dont le reportage Piège vert dans le paradis blanc de Lena Bjurström et Thomas Dévényi (Prix Louise-Weiss « Climat » 2023), À la poursuite de l’argent sale de Camille Polloni (Prix éthique Anticor 2019), les enquêtes d’Aurore Gorius sur les coulisses du pouvoir (Prix éthique Anticor 2020), ainsi que la série Les Revenants de David Thomson (Prix Albert Londres 2017).

En recevant le Prix Christophe de Ponfilly, Raphaël Garrigos et Isabelle Roberts rejoignent le prestigieux palmarès des précédentes lauréates et lauréats : Pascale Robert-Diard, Sorj Chalandon, Patricia Tourancheau, Sammy Ketz, Claude Guibal, Philippe Rochot, Florence Aubenas, Charles Enderlin, Marie-Monique Robin, Denis Robert et Daniel Grandclément.

Le jury 2025 était composé des membres de la commission des journalistes de la Scam : Patricio Arana, Walid Berrissoul, Didier Dahan, Jennifer Deschamps, Émilie Gillet, Éric Lagneau, Cédric Lang-Roth, Thierry Ledoux, Jean-Michel Mazerolle, Sophie Piard, Anne Poiret, Marie-Pierre Samitier, Nathalie Sapena, Isabelle Souquet et Violaine Vermot-Gaud.

Créé en 2014 à l’initiative de la commission journaliste de la Scam, le prix Christophe de Ponfilly couronne pour l’ensemble de son travail un ou une journaliste dont il salue le courage, le sens moral et la ténacité.
Il est doté de 8 000 €.

Contact : presse@scam.fr / 01 56 69 64 34

Les Garriberts, au jour « Les Jours »

portrait pour la Lettre Astérisque

En distinguant le parcours de Pascale Robert-Diard, le jury a souhaité récompenser une des journalistes qui ont fait de la chronique judiciaire un art, avec la nuance pour guide. Des tribunaux correctionnels aux grands procès d’assises et aux scandales politico-financiers, elle plonge « dans le ventre de la justice » et fait vivre au plus près le quotidien des prétoires et de leurs antichambres, questionnant l’inévitable mensonge dans la recherche de la vérité.

photo Benjamin Géminel / Hans Lucas
photo Benjamin Géminel / Hans Lucas

Entrée au Monde en 1986, Pascale Robert-Diard a longtemps été journaliste politique. En 2002, elle est chargée de la chronique judiciaire, et couvrira des centaines de procès. La dimension littéraire est au cœur de son travail journalistique, caractérisé par la justesse des mots, la sensibilité dans l’évocation de la violence inhérente aux procès, et une finesse d’analyse détachée des évidences.

Elle a été distinguée par le Prix Louis-Hachette pour ses comptes rendus du procès ELF (2004), et par le Prix Varenne de la presse quotidienne nationale pour son enquête Aux tutelles, face à la mort civile (2018).

Elle a publié plusieurs ouvrages qui naviguent entre réalité et fiction. En 2006 sort aux éditions Perrin l’essai Dans le ventre de la justice. En 2016, son roman La Déposition (Éditions de l’Iconoclaste) revient sur l’affaire Agnès Le Roux. En 2018, elle signe avec Stéphane Durand-Souffland Jours de crimes, récits de quinze ans passés dans les cours d’assises. Son dernier roman La Petite menteuse, paru en 2022 aux éditions de l’Iconoclaste, a été finaliste du prix Goncourt et du prix Interallié.

En recevant le Prix Christophe de Ponfilly, Pascale Robert-Diard rejoint le prestigieux palmarès des précédentes lauréates et lauréats : Sorj Chalandon, Patricia Tourancheau, Sammy Ketz, Claude Guibal, Philippe Rochot, Florence Aubenas, Charles Enderlin, Marie-Monique Robin, Denis Robert et Daniel Grandclément.

Le jury 2024 était composé des membres de la commission des journalistes de la Scam : Patricio Arana, Didier Dahan, Christian Dauriac, Jennifer Deschamps, Emilie Gillet, Eric Lagneau, Cédric Lang-Roth, Thierry Ledoux, Jean-Michel Mazerolle, Laurence Neuer, Sophie Piard, Anne Poiret, Nathalie Sapena (présidente) et Violaine Vermot-Gaud.

Créé en 2014 à l’instigation de la commission journaliste de la Scam, le prix Christophe de Ponfilly couronne pour l’ensemble de son travail un ou une journaliste dont il salue le courage, le sens moral et la ténacité.
Il est doté de 8 000 €.

Contact : presse@scam.fr / 01 56 69 64 34

Sorj Chalandon, c’est une signature indissociable de la guerre d’Irlande : la signature d’un journaliste qui a opiniâtrement couvert ce conflit sanglant et fratricide au cœur de l’Europe, malgré l’indifférence, malgré la lassitude des citoyens… En lui remettant aujourd’hui le Prix Christophe de Ponfilly de la Scam, le jury salue son exceptionnel parcours et tous ses reportages qui ont marqué l’histoire du journalisme.

Sorj Chalandon - photo Benjamin Géminel / Hans Lucas

Il fut le premier journaliste occidental à rendre compte des exactions du régime syrien avec le massacre de Hama en 1982. Et l’un des premiers témoins, marqué à jamais, des massacres des populations palestiniennes de Sabra et Chatila. Il a poursuivi son travail journalistique à travers une œuvre littéraire fortement imprégnée du réel. Son expérience et sa passion pour l’information, sa recherche perpétuelle de la vérité des faits, sont plus que jamais une inspiration pour les journalistes d’aujourd’hui.

Créé en 2014, à l’instigation de la commission journaliste de la Scam*, le prix Christophe de Ponfilly est doté de 8000 €. Il couronne pour l’ensemble de son travail un ou une journaliste dont il salue le courage, le sens moral et la ténacité.

Jeune journaliste, Sorj Chalandon participe à la création de Libération au début des années 1970, auquel il collabore de 1973 à 2007. Chroniqueur judiciaire, grand reporter, rédacteur en chef adjoint du quotidien, il a couvert de nombreux conflits au Liban, au Tchad ou en Irak. Il est également l’auteur de reportages sur l’Irlande du Nord et sur le procès de Klaus Barbie, qui lui ont valu le Prix Albert Londres 1988. Il est actuellement journaliste au Canard enchaîné auteur de la rubrique « La Boîte aux images » qui chronique les écrans du réel.

Ecrivain, il a publié dix romans aux éditions Grasset. Une promesse obtient le Prix Médicis en 2006. En 2008, son roman Mon traître (Prix Joseph Kessel de la Scam) s’inspire de son amitié avec Denis Donaldson, membre de l’IRA et du Sinn Féin et agent du MI5. Trois ans plus tard, l’histoire est racontée du point de vue du « traître » dans Retour à Killybegs qui obtiendra le prix du roman de l’Académie française en 2011. Sorj Chalandon apparaît en dernière partie du documentaire Sans blessures apparentes, de Jean-Paul Mari (2010) – tiré de l’ouvrage éponyme publié chez Robert Laffont – consacré aux « damnés de la guerre», ainsi qu’aux séquelles psycho-émotionnelles qui en résultent. Son dernier roman, L’Enragé, paraîtra en août 2023, aux éditions Grasset.

Sorj Chalandon rejoint le palmarès des précédentes lauréates et lauréats : Patricia Tourancheau, Sammy Ketz, Claude Guibal, Philippe Rochot, Florence Aubenas, Charles Enderlin, Marie-Monique Robin, Denis Robert et Daniel Grandclément.

* Nathalie Sapena (présidente de la commission), Patricio Arana, Olivier Da Lage, Didier Dahan, Christian Dauriac, Jennifer Deschamps, Emilie Gillet, Eric Lagneau, Cédric Lang-Roth, Thierry Ledoux, Jean-Michel Mazerolle, Laurence Neuer, Sophie Piard, Marie-Pierre Samitier, Violaine Vermot-Gaud.

 

Contact presse : cristina.campodonico@scam.fr

Portrait de Pascale Robert-Diard, Prix Christophe de Ponfilly 2024, pour l’ensemble de son œuvre.

La justice ne doit pas seulement être rendue, mais il doit être visible qu’elle est rendue.

Lord Chief Justice Hewart, Chambre des Lords, 1924

On dit d’elle qu’elle est « très Monde ». Là, au quotidien du soir, on l’appelle PRD. Pascale Robert-Diard est de ces rares journalistes qui n’ont jamais connu qu’une maison, lui ont tout donné, continuent de ne vouloir être nulle part ailleurs. Chroniqueuse judiciaire, ses papiers se lisent comme le roman de la France d’aujourd’hui, des hommes en cachemire qui grandissent dans les quartiers dorés à la jeunesse des campagnes qui vote Rassemblement National, de ceux qui volent des millions d’un simple clic à ceux qui lestent des valises pour noyer leurs cadavres. Elle vit son métier tel un voyage à travers la France, des plus belles salles du Palais aux atmosphères froissées d’ennui des tribunaux de la banlieue parisienne, des grands procès médiatiques auxquels les curieux se pressent comme au spectacle aux dizaines d’autres qui déroulent chaque jour, face aux bancs vides, l’ordinaire de l’humanité. Un voyage où le passé qui s’échappe éclaire le présent.

La vérité des êtres

Pascale Robert-Diard est entrée dans la chronique judiciaire comme on entre dans les ordres. Une vocation. Arrivée stagiaire au Monde en 1986, elle profite quelques mois plus tard de la désertion de journalistes au procès de Klaus Barbie, le boucher de Lyon refusant de paraître devant les juges, pour trouver sa place sur les bancs aux côtés de son collègue, le maître de la chronique judiciaire, le prix Albert-Londres, Jean-Marc Théolleyre. Elle lui a dédié son chef d’oeuvre La déposition, l’autre histoire de l’affaire Agnès Le Roux, du nom de l’héritière du palais de la Méditerranée disparue en 1977 et dont le corps ne fut jamais retrouvé. Pascale Robert-Diard a su y mettre en lumière la relation entre l’accusé principal Maurice Agnelet et son fils Guillaume, clé de l’ultime rebondissement d’une bataille judiciaire de plus de 30 ans. De Théollèyre, elle a appris la nécessité du mot juste. De ses papiers, elle a vu naître un monde, celui de la loterie de la justice humaine, celui où aux prénoms des prévenus, on devine trop souvent la manière dont ils vont s’exprimer.  Dans l’attente de reprendre le flambeau, la plume de Pascale Robert-Diard a raconté la politique, ses personnages, ses codes, ses coulisses, ses coups bas. Là, elle a pris conscience de la langue du pouvoir, une langue uniforme qui impose et s’impose. Plus tard, en entrant dans un tribunal, elle a entendu les fautes d’accord, les accents.

Le quotidien solitaire de Pascale Robert-Diard est la salle d’audience, ce théâtre où ceux qui n’ont jamais été écoutés sont invités à parler, peuvent dire et se dépasser. Là, assise seule, aux côtés de ses confrères ou au milieu des familles et de dizaines de spectateurs, elle tient son carnet où les mots tombent, ceux des accusés qui racontent l’inévitable lutte entre mensonge et vérité, ceux des parties civiles qui pleurent la douleur excessive, ceux des juges qui recherchent l’intime conviction. Elle restitue cette langue au plus près pour que la vérité des êtres, sa puissance et sa beauté franchissent les barrières érigées par le vécu, dépassent le cercle judiciaire pour parvenir jusqu’à la conscience du lecteur. Elle, qui regrette cette époque où, à coups de stories instagram, tout un chacun livre une intimité mise en scène, ne se lasse pas de celle dévoilée dans les procès. Une plongée dans les ombres des êtres, qui révèle l’indicible et reste sourde à nos constructions bien pensées, bien pensantes.

Des mots et des gestes

Il y a les mots des riches, ciselés, travaillés, pensés qui renvoient à leurs univers secrets, feutrés, fermés. Et il y a les mots des pauvres, les pauvres mots des pauvres gens, ceux qui ne sortent pas, ceux qui disent mal, qui trébuchent et vacillent. Les pauvres dont Pascale Robert-Diard sait qu’au fond, ce sont eux que la société juge vraiment, eux dont les journalistes piétinent parfois la vie. Eux dont la justice ordinaire et extraordinaire nous donne à voir la vie qui se débat, la vie qui s’épuise, la vie qui bascule. Dans ses chroniques, il y a cette vie qui souffle et avec laquelle on juge, des lignes et des lignes de dialogues, d’hésitations qui font sentir l’incompréhension, la domination, parfois le mépris de la langue judiciaire vis-à-vis de ceux qui ne la maîtrisent pas. Il y a les mots qu’elle retient et il y a les gestes qu’elle saisit, son regard accroché aux corps qui se lisent et trahissent. Une main qui retient la barre, des yeux qui se perdent dans le vide, un dos qui se voûte, un torse qui plastronne, un sourire qui toise, les yeux qui affrontent, jugent, se dérobent, s’évitent, s’embrasent, embrassent.

La justice a ses codes, ses techniques, ses rapports de force. Un cérémonial que Pascale Robert-Diard connaît finement, parfaitement. Dans cet univers réglé, réglementé, ritualisé, elle a conscience d’être au balcon du crime, de vivre le frisson par procuration et ne cesse de s’interroger sur cette place, sa place qui la voit écouter, regarder, scruter en surplomb la violence. Son intelligence à traduire la vérité des prétoires, leurs artifices et leurs parties d’échecs, sa plume précise et tranchante qui n’oublie jamais les détails et les nuances suscitent l’admiration de tous, lecteurs, journalistes, avocats et magistrats. D’elle, ces derniers redoutent le regard critique sur leur exercice du pouvoir dans un univers où la sanction disciplinaire reste rare.

Démêler le vrai et le faux

Elle a fait siennes deux leçons des procès qu’elle a couverts :  il faut toujours chercher à comprendre et comprendre que tout ne s‘explique pas. Elle cite aussi Simenon pour qui il faudrait comprendre et ne pas juger. Il y a eu les procès emblématiques, les politico-financiers, ELF, Clearstream, Bygmalion, le Carlton et France Télécom en correctionnelle, ceux d’assises, l’appel d’Outreau, Zyed et Bouna, l’attentat contre Charlie Hebdo, le 13 novembre…. Et tous les autres. Un chômeur serial killer de DRH, un couple surendetté qui tue un de ses enfants, un policier assassiné par la mafia, une influenceuse jugée pour apologie du terrorisme, la folie meurtrière de celui qui croit un trésor imaginaire volé… Des dizaines d’histoires qui disent, elles aussi, la France. Et il y a la première, celle d’une mère infanticide, une jeune femme arrivée d’Algérie à 20 ans, tombée enceinte d’un homme qui l’abandonne. Vingt ans plus tard, les larmes glissent dans les yeux, la mémoire tenace retrouve les mots venus heurter la barre qui séparait le juge et le père de la jeune femme, les mains agrippées à sa honte tandis qu’il roulait nerveusement son bonnet :

Etes-vous son père ?
–  Avant oui, maintenant non.

Un doigt d’honneur de trop un matin fâché, une femme étranglée parce qu’elle voulait aimer, une prostituée qui veut reprendre sa liberté, crimes utilitaires ou passionnels, Pascale Robert-Diard lit dans chaque procès d’assises une histoire de détresse. Deux détresses face à face, celle des accusés, celle des parties civiles, que l’audience peut amener à se regarder et s’écouter à défaut de s’entendre, s’entendre à défaut de se comprendre. Elle ne cesse de questionner le mensonge, d’interroger ses mécaniques, se dit bouleversée par le petit mensonge utilitaire initial. Celui qui est à l’origine de son unique roman La petite menteuse, forme littéraire qu’elle s’est imposée pour raconter ce qu’elle ne pouvait dire autrement.

 

Pour elle, une justice bien rendue doit apaiser. Aussi, elle ne peut réfréner ce goût âpre qui mêle tristesse et colère lorsque, impuissante, elle assiste à ces procès pressés, où les juges refusent de se laisser surprendre, de penser contre eux-mêmes et contre l’air du temps, où leurs conclusions faites de la lecture du dossier d’instruction ont déjà tout emporté, empêchant le silence de s’installer. Ce silence dont elle dit qu’il est le vrai grand maître de l’audience avec ses épaisseurs qui disent l’insondable.

Pascale Robert-Diard a longtemps pensé que lorsqu’elle se saisissait de son carnet pour une nouvelle audience, elle partait voir la vérité. Elle sait désormais que c’est sa reconstruction qu’(elle) regarde.

Jennifer Deschamps est journaliste, réalisatrice et productrice. En 2005, elle signe Dieu est mort au Rwanda puis se spécialise dans le journalisme d’investigation. En 2018, elle produit et réalise Inside Lehman Brothers (Arte, Étoile de la Scam 2019, sélections Doc NYC 2018 et HotDocs 2019). En 2020, elle produit La Démocratie du dollar (Arte). En 2023, elle signe pour Arte la série documentaire Les poisons de Poutine (sélection HotDocs 2023) puis travaille comme productrice artistique sur la série Outreau, un cauchemar français (Netflix, 2024). 

La Scam affirme la place singulière des auteurs et des autrices dans la société. Astérisque en est le porte-voix.

Tout cinéaste documentariste s’engage dans les troubles du réel et c’est aussi un chemin que chacun et chacune emprunte afin de raconter et de témoigner ce qui fait présence, incarnation et trace. Avec Simone Bitton, cet engagement se noue, depuis ses débuts, dans les plis politiques, et donc intimes, des territoires qui nous habitent, aussi déchirants soient-ils. Portrait de Simone Bitton, Prix Charles Brabant 2024, pour l’ensemble de son œuvre.

Être une femme juive, arabe, occidentale, mais aussi française, marocaine et israélienne, qu’est-ce que ces plis et replis ? Une trinité enlacée dans l’histoire contemporaine du colonialisme comme des guerres d’indépendance. De cette filiation quasi cristallisante, la cinéaste en fera sa matière qu’elle ne cessera de malaxer, dans un travail rigoureux de mémorialiste, où le dialogue, comme le questionnement, est au service d’un engagement inaliénable contre toute forme de domination.

Et dès lors, comment renouer ce que le temps de la guerre ne cesse de dénouer ? Ce récit est connu, il remonte même au mythe ravageur d’Abel et Caïn, ce fratricide qui, depuis plus de soixante quinze ans, hante et lacère nos consciences. Et c’est parce que la cinéaste n’a jamais cessé de raconter ces récits de corps et de territoires, tant personnels que géopolitiques, qu’il faut remonter aux origines, comme on tisserait une cartographie du cœur, pour tracer un chemin unique d’existentialisme en cinéma.

Naître et vivre dans les guerres

1955 est une année cruciale pour le Maroc, c’est aussi la naissance à Rabat de la jeune Simone Bitton, fille d’un bijoutier juif marocain. L’expérience coloniale est inscrite dans l’apprentissage dès langues, car si l’arabe est sa langue maternelle, le français est celle du savoir et du pouvoir. C’est ce « butin de guerre » que tout colonisé connaît, la maîtrise de la langue de l’occupant.

Le 2 octobre 1955 marque les débuts de la guerre contre la colonisation française, jusqu’à la proclamation de l’indépendance du pays en mars 1956, mettant fin à quarante quatre ans de protectorat français. Une autre guerre se jouait déjà, celle qui débuta après la création d’Israël en mai 1948. D’une présence multimillénaire au Maroc, la communauté juive, doublement marquée par ces deux ruptures historiques, va quasiment disparaître en quelques années. En 1948, les Juifs marocains représentaient la plus grande communauté juive du monde arabe et musulman avec près de 265 000 personnes. En 2024, ils sont moins de 800.

C’est ainsi que la jeune Simone, à peine âgée de onze ans, devra quitter son pays natal pour Israël. Nous sommes en 1966, quelques mois avant la Guerre des Six jours. Comment imaginer cette adolescence pour une jeune fille qui doit apprendre une nouvelle langue dans un nouveau pays, où le sionisme, comme les réalités du colonialisme, représente sa vie quotidienne ?

Il y a une ironie de l’histoire dans ce dédoublement de la guerre coloniale qu’aura vécu, à son corps défendant, la jeune fille. Toute assignation identitaire relève du monstrueux et c’est hélas dans l’expérience indicible de la guerre que Simone Bitton la vivra. Comme toute citoyenne israélienne, la guerre est un vécu du présent, une obligation morale quasi phénoménologique. En 1973, à dix huit ans, elle se retrouve dans l’armée lors de la guerre du Kippour – nommée aussi Guerre du Ramadan. Elle vit de trop près la mort de ses camarades, non loin du canal de Suez. Traumatisée, elle sera démobilisée. Ce sera sa première guerre israélo-arabe. Un tournant décisif et radical s’opère en elle. Elle quitte Israël pour vivre bohème en Europe, avant de venir s’installer en France, à Paris.

Le cinéma, terre d’accueil

Elle a vingt ans. La capitale française n’a jamais cessé de recueillir les exilés qui y trouvent une terre d’accueil, dans cette ville du cinéma par excellence. Dans la carte du monde, le cinéma est un pays en soi, un espace qui, à cette époque post révolutionnaire, créait des nouvelles formes de langages, comme autant d’espaces de recherche. En France, des collectifs de cinéastes se créent, tels Dziga Vertov (Jean Luc Godard et Jean Pierre Gorin, 1971), Le Grain de Sable (Jean-Michel Carré, Serge Poljinsky, Yann Le Masson, 1974) ou encore Slon, Iskra et le Groupe Medvedkine, avec entre autres Juliet Berto, Bruno Muel, René Vautier, Mohamed Zinet, Inger Servolin et Chris Marker. Entre l’université de Vincennes et les salles de cinéma parisiennes, son apprentissage la plonge au cœur des récits du monde entier, notamment d’Afrique, d’Amérique latine et du monde arabe. Nourrie par cette effervescence culturelle et politique, elle a aussi été directement touchée par une autre révolution en marche, celle des femmes à la caméra, que ce soit Marguerite Duras, Nelly Kaplan, et surtout Chantal Akerman. Dans un entretien paru dans la revue 24 Images (novembre 2004), elle témoigne de l’importance fondatrice de la cinéaste :

Les premiers films d’Akerman ont réellement changé ma vie, je lui serai toujours reconnaissante d’exister, d’avoir eu le courage un peu insensé, peut-être inconscient, de dire : voici ce qu’une femme peut faire. Et une femme, vous savez, pour exister doit être meilleure que les hommes, sinon c’est perdu d’avance. Elle était meilleure que les hommes. Surtout au cadre. Elle a révolutionné le cadre et le temps. Aujourd’hui encore, je ne peux pas faire un plan-séquence sans penser à elle !

Elle poursuit sa formation en intégrant l’Institut des Hautes Études Cinématographiques (IDHEC ex FEMIS). Alors que le cinéma documentaire propose un contre modèle face au cinéma de divertissement dominant, le monde occidental, impérial et impérieux dans le commerce des images, reste mutique face à ses responsabilités, notamment ses histoires coloniales. Les blancs de l’histoire persistent, entre amnésie, déni et manipulation. Parce qu’elle porte en elle une trinité déchirante, elle deviendra la première cinéaste à raconter l’histoire de la Palestine. Avant elle, aucune archive palestinienne n’avait été montrée aux citoyens français. De fait, toute histoire tue deviendra sa matière à filmer, pour documenter le réel oblitéré par les récits dominants, qu’ils soient du pouvoir français, marocain ou israélien. Lorsqu’elle réalise ses premiers films, le cinéma documentaire est quasiment absent des salles de cinéma. Hormis quelques festivals, les documentaires ont pour seule visibilité la télévision publique.

Au nom du service public

Au début des années 80, avant la privatisation accélérée des médias par des industriels milliardaires, elle s’engage totalement au service de la télévision publique, avec l’Institut National Audiovisuel. Dans la continuité d’autres cinéastes tels que Sarah Maldoror, Robert Kramer, qui partagent avec elle l’expérience de l’exil comme du combat pour la dignité humaine, elle ne cessera d’arpenter les mémoires vivantes qui traversent la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. Elle réalisera pas moins d’une douzaine de films documentaires : des portraits (Nissim et Chérie, La vie devant elles, Nos mères de Méditerranée, Citizen Bishara) une biographie politique (Ben Barka, l’équation marocaine) l’enquête (L’attentat, Rachel) des chroniques courtes sur la vie quotidienne à Ramallah (Ramallah daily) des dialogues filmés (Elias Sanbar et Serge Daney, Mahmoud Darwish) des portraits d’artistes du monde arabe (Les grandes voix de la chanson arabe).

Ces portraits intimistes de femmes, de couples, d’écrivains et d’hommes politiques s’inscrivent dans les mémoires des immigrations et d’exils, mais aussi dans le combat anticolonial. Son travail est exemplaire, où l’exigence dans la recherche historique va de pair avec le souci, chevillé au corps, de nouer un dialogue entre celles et ceux qu’elle filme et elle-même. Et surtout avec la communauté humaine à qui le film, toujours, est adressé, ce tiers inclus dès le processus de création.

Dialoguer en cinéma

Ce tiers, c’est aussi elle, dans les interstices du film, une citoyenneté inquiète et vigilante qui veut saisir ce réel assourdissant. Chacun de ses films est cette expérience de l’altérité en question et en souffrance, la sienne bien sûr, mais surtout de tout le monde. Elle crée ce cadre où se dépose des traces de vie en suspens, des vies borderline, lorsque ce ne sont pas tout simplement des disparus… Chacun est accueilli dans son cinéma, elle archive ce qui se dépose, silences comme larmes, poèmes comme colères, et peut-être aussi, parfois elle console. Elle est cette éclaireuse du langage pluriel, pour qui la parole a une fonction quasi thérapeutique, cette suture des mots qui manifeste une présence, un corps, même dans ses brisures et murmures, afin de raccorder ce que le social détruit. Que ce soit avec le poète exilé Mahmoud Darwish (Mahmoud Darwich : et la terre comme langue, 1997) avec l’essayiste Elias Senbar qui dialogue en fraternité territoriale avec le critique de cinéma Serge Daney (Conversation Nord-Sud, Daney/Sanbar, 1993) ou avec le philosophe palestinien et député au parlement israélien, Azmi Bishara, (Citizen Bishara, 2001). Le dialogue suppose une écoute, comme un désir partagé de créer un tiers lieu dans lequel chacun peut déployer les possibilités de penser/panser le monde.

Prendre à bras le corps ses filiations

Juive arabe européenne, marocaine, israélienne, française. Une réalité existentielle qui façonne son destin de cinéaste. Et, dans une évidence quasi originelle, elle devient la première réalisatrice française à prendre à bras le corps l’histoire de la colonisation palestinienne. Trois années de recherche et de travail sur les archives pour la réalisation d’une série de deux films, Palestine, Une histoire de terre, avec comme directeur de collection Jean Michel Meurice (1993). Nul ne peut échapper à la terre surtout celle qui se vit dans la guerre, et comme Rithy Panh mémorialiste du génocide cambodgien, Simone Bitton ne cessera de revenir en Israël comme en Palestine pour filmer ce qui ne fera qu’empirer. Dès 1983, soit dix ans après sa fuite de la guerre du Kippour, elle retourne en Israël pour filmer ce voyage si particulier, ce sera La réunion d’entre deux guerres.

Après son grand film documentaire d’archives sur l’histoire de Palestine, ce sera la guerre qui sans cesse la fera revenir. Le 4 septembre 1997, trois jeunes Palestiniens se sont fait sauter dans une rue piétonne de Jérusalem, causant la mort de cinq civils israéliens dont trois adolescentes. L’une d’elles était la petite-fille d’un célèbre pacifiste israélien, Mati Peled. Elle se souvient

Je n’étais pas en Israël à ce moment-là, j’étais à Paris. Mais je suis arrivée très vite, et je me suis rendue à l’enterrement de Smadar, la petite-fille de Mati Peled, avec des amis palestiniens de Ramallah qui ont bravé le bouclage des territoires pour déposer une fleur sur sa tombe. J’ai connu Mati Peled, en son temps j’avais soutenu la liste progressiste pour la paix, le parti politique israélo- palestinien dont il avait été député. J’étais particulièrement bouleversée par la tragédie qui s’abattait sur cette famille. Je n’avais pas de caméra ce jour-là et je ne pensais absolument pas faire un film, mais il est certain que la motivation profonde est venue de l’émotion très forte que j’ai ressentie à cet enterrement. Le film s’est fait entièrement avec les familles des victimes israéliennes et les familles des kamikazes. Mon idée était que ces gens qui avaient perdu un enfant – peut-être pas le lendemain mais quelques mois après – sauraient peut-être mieux exprimer la guerre et la paix que d’autres.

Ce sera L’Attentat (1998) qui sera primé dans de nombreux festivals.

Face au réel, seul le cinéma

Une rencontre fut décisive dans sa vie pour son passage au cinéma, ce fut avec le producteur Thierry Le Nouvel. Mais le basculement fut encore une fois une catastrophe politique. Il s’agit de la construction d’un mur, ordonnée par le gouvernement d’Ariel Sharon, entre Israël et la Cisjordanie. En 2002, Simone Bitton écoute aux informations le ministre de la défense israélien Binyamin Ben-Eliezer évoquer la possibilité de construire un mur de séparation. De ce réel quasi inimaginable, elle en fera une œuvre magistrale Le Mur, son premier film de cinéma sélectionné à Cannes en 2004 et primé dans de très nombreux festivals internationaux. Organique et abstrait, le film déroule une réalité implacable, la construction du mur, à chaque étape, qui enferme, emprisonne, sépare, éventre, érige, obstrue. Elle a choisi de filmer la matérialité même de ce mur qui s’érige comme une nouvelle espèce, totem politique délirant en béton de huit mètres de haut et de tronçons de barbelé et pourtant concret, bien là. Un sur-visible qui va jusqu’à engloutir l’écran.

Si les pouvoirs politiques ne cessent de trahir les peuples, le cinéma demeure le seul espace temps qui recueille l’indicible comme l’inaudible. La banalité du mal n’est pas tant celle du régime des images qui voit ses possibilités de langage se rétrécir, au détriment de l’imposition d’un récit unilatéral qui ne cesse de falsifier le réel, et ce par les plus hautes instances. Que peut le cinéma face à cette guerre de destruction en cours depuis plus de onze mois ? Tout, et il est évident que le cinéma documentaire relève d’une éthique du réel, et non de la manipulation telle qu’elle se déploie avec une rare férocité depuis la fascisation des sociétés occidentales. Le temps du cinéma relève du temps humain, plus encore avec Simone Bitton qui vient avec sa caméra ausculter et enregistrer ce que le discours officiel efface.

Voix matricielles

Toute langue est la matrice d’une perte, et l’hybridation linguistique dans laquelle est plongée la cinéaste crée aussi une triple absence. Serait-ce cette mère allée ? L’éternité, ultime rêve du cinéma ? Sa quatrième langue est le montage, mon beau souci, selon l’adage godardien ( Les Cahiers du cinéma, 1965). Simone Bitton est aussi et surtout monteuse, naviguant entre ses langues et la multiplicité des outils de langage que le cinéma offre. Nul sacré dans son art si ce n’est celle de la présence humaine, aussi fragile soit-elle. Il n’est pas anodin de noter que sa première réalisation, un court métrage documentaire nominé aux Césars en 1983, Solange Giraud née Taché, revient sur le suicide d’une jeune coiffeuse de province. Le suicide, ce tabou qui hante la société moderne… Une anonyme que la jeune cinéaste qu’elle est permet d’exister. La tragédie intime féminine, c’est aussi retracer les chemins de l’exil au cœur de la méditerranée, cette matrice des mondes occidentaux et orientaux. Rendre visible et audible ce que le temps politique avale. Raconter autrui pour mieux se rapprocher de soi ? Dans ce geste rimbaldien, la cinéaste est allée à la rencontre de Christiane l’Italienne, Norma la Palestinienne, Jacqueline la Juive algérienne et Nadira la Kabyle (Nos mères de Méditerranée, 1982). Lorsqu’en 1986 elle réalise La vie devant elles, documentaire sur la jeunesse, elle remonte le fil des filiations et des mémoires des immigrations françaises, invisibilisées dans le roman national. Trois ans après la Marche pour l’Égalité et contre le Racisme, le cinéma français est encore frileux à raconter son histoire des immigrations, constitutive de son roman national. Le thé au harem d’Archimède de Mehdi Charef (1985) fera hélas exception durant de trop nombreuses années. C’est dire combien la cinéaste documentariste était d’une vigilance aiguisée sur tout ce qui relevait des tremblements, mémoires et blessures identitaires. Ce titre volontairement optimiste, clin d’œil à Romain Gary, restera peut-être son unique titre le plus ouvert aux espérances.

En effet, plus de vingt ans plus tard, en 2008, ce sera Rachel, son deuxième long métrage de cinéma, qui revient sur la mort d’une jeune américaine, Rachel Corrie. Âgée de vingt trois ans, cette militante pour la paix a été écrasée le 16 juin 2003 par un bulldozer de l’armée israélienne, à Rafah dans la bande de Gaza, alors qu’elle tentait de s’opposer à la destruction de maisons palestiniennes. A cette mort atroce, autant niée par l’armée israélienne que la justice du pays, la cinéaste oppose toute la rigueur d’une enquête cinématographique.

Au cinéma, le résultat de l’enquête compte moins que le fait même d’enquêter. Il s’agit de filmer et d’observer des lieux, des gens, des objets ; de recueillir des paroles, des gestes et des silences. De faire jaillir l’émotion des matières les plus froides et les plus dures, comme les images d’une caméra de surveillance ou le métal lisse d’une table d’autopsie.

Cette exigence l’amène à montrer dès le générique les images du corps démembré de la jeune Rachel, alors que le film se révèle au fil du récit une ode à la jeunesse, où la poétique affleure par la voix off de Rachel et une écriture cinématographique mixte.

El Hob, le chant de l’amour

Qu’est-ce qui relie Oum Kalthoum, Mahmoud Darwish, Farid Al Atrache et Mohamed Abdelwahab. Simone Bitton certes, mais surtout le tarab, cette émotion artistique d’intensité maximale. Cet amour qui devient extase et communion des sens entre le spectateur et le créateur, où l’âme s’élève au firmament d’une ivresse esthétique, spirituelle. Cette langue arabe qui porte en elle la puissance de la mélancolie, entre incantation à l’absolue et puissance de la perte.

En 1990, elle réalise trois portraits des stars mythiques de la chanson arabe : Oum Kalsoum, Mohamed Abdelwahab et Farid Al Atrache, suivi six ans plus tard de Mahmoud Darwich : et la terre comme langue, 1997). Leurs mots chantés, scandés, c’est l’amour, el Hob, non romantique ni même romanesque. Il n’est que perte, arrachement, quête et déracinement ; mélancolie de l’ivresse déjà évanouie, extase en suspension, toujours inaccomplie, à jamais recherchée.

Cet amour morcelé, elle le retrouvera, presque intimement, lorsqu’elle s’autorise enfin à faire son propre pèlerinage cinématographique avec Ziyara son dernier film sorti en 2002. Si la mort a dès son premier court métrage marqué de son sceau tout son cinéma, avec ce vrai faux retour au pays natal, le Maroc, elle trace un chemin d’amour par la présence ténue des morts.

Tel un spectre, elle se filme, déambulant dans les cimetières, à la recherche de quelque chose qui n’existe presque plus. Des tombes juives entretenues manuellement et quotidiennement par des femmes et des hommes arabes, musulmans. Film le plus énigmatique de sa carrière, il n’en est pas moins le plus arrimé à la politique du corps, celui de la résistance à tout, au nom de l’amour. C’est entre les tombes, dans son errance intérieure, que la cinéaste nous offre son portrait le plus lucide et aussi le plus émouvant. Aucun pays ne nous appartient, la terre nous est légère, et nous n’avons perdu ce qui jamais de fait nous avait appartenu. C’est aussi une des énigmes que le film revisite, ce qu’opère en chacun de nous un retour à quelque chose qui n’existe plus et qui fait pourtant advenir quelque chose que l’on pensait oublié. Ne serait-ce pas là tout ce que le cinéma, dès ses origines, permet et offre à l’humanité, un espace-temps ?

Nadia Meflah est autrice, critique,  programmatrice et formatrice cinéma. Elle est autrice d’un documentaire sur Oum Kalthoum, « La voix du Caire » (Arte, 2017) et du livre « Chaplin et les femmes » (éd. Philippe Rey).

Elle est aussi scénariste pour des cinéastes du Sud, (Maroc, Mauritanie, Burkina Faso) et engagée dans des programmes de formation cinéma en France et à l’international.

La Scam affirme la place singulière des auteurs et des autrices dans la société. Astérisque en est le porte-voix.

Elle est l’une des voix les plus singulières et les plus attachantes de la littérature contemporaine française. Loin de tout esprit de sérieux, elle montre à quel point la littérature engage, en secouant nos certitudes en même temps que nos désirs. Portrait de Lydie Salvayre, prix Marguerite Yourcenar 2024 pour l’ensemble de son œuvre.

Salvayre ne nous fait cadeau de rien tout en nous faisant don du monde, un cosmos murmurant de voix tour à tour acides et suaves, grouillant de reines et de bourreaux.

Simonetta Greggio

Il y a des choses mille fois pire que la férocité des brutes, c’est la férocité des lâches, écrit Lydie Salvayre dans Pas Pleurer, le roman qui a été distingué par le Prix Goncourt en 2014.

Depuis le début de son aventure littéraire, voire depuis le début de son aventure humaine, de toutes ses forces, Salvayre fait acte de résistance. Arjona de son vrai nom, ou plutôt, devrait-on dire, de ce nom paternel qu’elle a abjuré, l’écrivaine porte en elle le récit de ses ancêtres. Née en 1946 en France, elle est la fille d’un couple d’exilés espagnols. Enfant, elle fait trésor du fragnol – mélange de français et d’espagnol – langage à l’émail éblouissant parlé dans le cercle familial que l’on retrouve dans beaucoup de ses histoires, et qui leur donne une saveur à nulle autre pareille. Mais ce jargon magnifique n’est que la Stolpersteine[*], pierre d’achoppement, d’une langue sombre, fluide, intense – d’un verbe porté haut, vibrant de la folie des hommes et de leur course contre une mort annoncée mais jamais admise. Comme sur une route noire éclairée par une grande lune jaune, on avance en suivant son verbe rapide, coulant, surprenant. On se sent seuls, entourés d’ombres pas toujours rassurantes, et on ne sait jamais de quel côté ça va tomber, on ignore s’il s’agira d’un baiser ou d’un coup de couteau. Salvayre ne nous fait cadeau de rien tout en nous faisant don du monde, un cosmos murmurant de voix tour à tour acides et suaves, grouillant de reines et de bourreaux. Elle les porte dans son cœur, dans sa mémoire ancestrale, ses personnages ; ils étincellent dans ses yeux, parlent par ses lèvres qui se ferment parfois comme pour empêcher un gros mot de sortir. Mais ils sortent quand même ces gros mots, ces mots terribles qui sonnent comme des anathèmes, des jurons qui libèrent, de la même manière que Jung fut libéré de la peur du divin par son premier blasphème, celui où il voyait Dieu chier : me cago en Dios, hurlent les créatures de Salvayre. C’est permis, c’est même normal de maudire Dieu et sa clique céleste lorsque l’on tient ses morts sur ses épaules, lorsqu’éclate dans la poitrine l’exécution des ancêtres, leur mise au ban, les violences faites aux femmes et aux enfants, aux hommes aussi, dont les blessures, pour être différentes, n’en sont pas moins fatales, et relèvent du même pouvoir dévoyé. Et encore, non, peut-être que comme le disait une autre grande écrivaine, Elsa Morante, qui ressemble à Salvayre par l’inflexibilité, il n’y a pas de pouvoir dévoyé : le pouvoir EST violence.

Cette rage comme un cri lancé à l’Univers, cette impossibilité à la résignation parce que la résignation, c’est déjà l’acceptation, et qu’elle n’en veut pas, sourdent de partout dans les pages de l’écrivaine : comme l’eau qui sauve – comme l’eau qui noie.

[*] Stolpersteine, pavés de mémoire pour les victimes du nazisme, initiés par l’artiste Gunter Demnig.

Du côté des dominés

Mon frère les regarda dans les yeux avec ce regard qu’il avait d’une douceur de fille, il les regarda dans les yeux en espérant qu’il arrêterait par la seule force de son regard l’enchaînement terrible des gestes que chez eux il pressentait. Mais c’est l’inverse qui advint. Les jumeaux Juel n’eurent plus qu’une idée, vaincre ce regard doux et droit comme une lance jusqu’à ce qu’il se brisât.

Comment faire quand la mort de l’être qu’on aime dure, et dure encore. Quand l’agonie ne cesse jamais, dans le vif d’un souvenir qui supplante le présent. Quand des hurlements vieux de trente ans vous réveillent la nuit en pleurs, trempé de sueur, bouche ouverte dans la peur atroce de ce que, vous le savez, sûrement viendra. Quand l’instant est procrastiné à l’instant d’après, puis encore au suivant, dans une éternité d’expiration. Les larmes qui vous dévastent, et l’impuissance, et la peine, et la déchirure, deviennent alors si fortes que votre existence se mue en cri de colère, en poing brandi vers le ciel. Les êtres chers ne devraient jamais mourir, surtout si les êtres chers sont victimes de grotesques nazillons secoués par des orgasmes de destruction – surtout si les êtres chers sont vos anges succombant aux cons, aux salopards, aux fachos. Cet instant qui dure, c’est l’instant du livre de Salvayre, de Pas Pleurer à La Compagnie des Spectres :

J2 s’agenouilla près du visage de ton oncle en faisant claquer le chien de son pistolet, puis il posa le canon sur sa tempe et lentement, amoureusement, il lui fit tourner la tête et
Et

Un humour si noir

Une étude récente établit que les personnes réceptives à l’humour noir ont un niveau d’étude élevé, des émotions stables et ne sont pas agressives. Ça fait du bien de le savoir. Ça rassure. De l’écholalie tragicomique à une ironie si cinglante qu’elle en devient mortelle, de la dérision à la raillerie, du persiflage au sarcasme, Salvayre joue en virtuose, se servant de ses mots au rasoir comme d’une arme de subversion. Plongés dans l’acide de son œuvre au noir, les pouvoirs – tous les pouvoirs – sortent calcinés. Le Général Putain est son meilleur antagoniste, qui les résume tous : les chefs de bande et leurs auxiliaires de mort ont beau écraser leurs bottes sur la tête de leurs victimes, les personnages de Salvayre leur trouvent des manières de bouffons. Le rire, ce rire dément qui se moque jusqu’au souffle ultime, est la dernière ressource du condamné, qui remarque chez son bourreau les détails les plus burlesques : un bout de persil coincé entre les dents, une haleine de baleine à bosse, une démarche de pingouin. Hitler était, dans sa sinistrose, un clown du désastre, Franco, un papi petomane, Mussolini, une baudruche satisfaite – et un idiot utile aux intérêts de son grand copain moustachu. Cette bande d’escrocs, cette racaille, Salvayre la dénonce en hurlant de rire. Leurs gesticulations, analysées par le scalpel désespéré de ses protagonistes, sont l’attestation de l’abêtissement des despotes. Il y a du snobisme dans le fait de tirer la langue à son tortionnaire. La supériorité de celui qui aura eu raison en fin de comptes, même mort. Surtout mort ?

On ne connaît pas de dictateur ayant le sens de l’humour. C’est antinomique. Ça ne les fait pas rigoler, les salauds, qu’on se foute de leur gueule jusqu’au bout. Et c’est notre ultime consolation. On sort vengés, le sourire au bec, de La Compagnie des Spectres, mais aussi, d’une certaine manière, de La Déclaration, du Petit traité d’éducation lubrique, de l’Irréfutable essai de successologie. Et même si l’ennemi est chaque fois déguisé sous un chapeau différent, on l’a bien reconnu, va, le bougre. Bien fait. Merci Lydie.

Et l’amour ?

L’amour, l’amour ! vous en avez de bien bonnes, aussi ! L’amour, il fait ce qu’il peut dans les romans de Salvayre. Mais il est sauvé, et il sauve. Il se sauve, aussi. Envers et malgré tout, il se faufile partout comme une eau vive, chemine dans BW, où Salvayre parle de, à travers, au travers, de son compagnon de route, pas pour parler d’amour – de quoi parle-t ’on quand on parle d’amour ? – mais pour parler par l’amour. Ce qui, avouons-le, se tient bien mieux. C’est plus raisonnable, et même justifié. De quel tissu est fait ce sentiment ? De quelles ombres ? Quels secrets ? Nul ne le sait, hormis ceux qui en sont les porteurs. L’amour est là, donc, qui fait que les hommes et les femmes prennent des décisions, entreprennent des actions, suivent des chemins partagés. Et cet amor che move il sole e l’altre stelle, qui fait bouger le soleil et les étoiles, comme le dit Dante dans le dernier vers du Paradis de sa Divine Comédie, est le mécanisme du monde, la mécanique du Cosmos, et son but. Pas de vaines récriminations, ni de larmes servant de prétexte à un désengagement, à un découragement, à une lâcheté morale ou physique ; rien de tout cela. Chez Salvayre, on se remet debout, on sèche ses yeux, et on avance. Comme on peut. Comme on doit, probablement.

Ou comme on se doit.

Le chemin des loups

Tous ceux que Salvayre admire sont pris dans une radicalité : mot auquel il faudrait restituer la force et la beauté violente que lui ont confisqué les nouveaux idiomes en l’associant au pire des extrémismes, au pire des fanatismes et au pire des terreurs.

Elle admire aussi la folie qui fait passer son œuvre – quelle qu’elle soit – avant tout le reste et lui sacrifie tout, au point d’en devenir dingue, au point d’en souffrir, au point d’en mourir : Rilke, Proust, Pascal, Nietzsche, Woolf, Van Gogh. Des élus corps et âmes tendus vers l’inatteignable, dans une rigueur, un dévouement, une ascèse par le travail qui devient sanctification. Nécessité impérieuse, voie solitaire et risquée, creusée d’ornières et qui ouvre sur l’inconnu.

Salvayre est radicale parce qu’elle refuse les tièdes compromis où d’autres s’égarent, et peut brûler de sa passion hasta la muerte ! Mais c’est hasta la vida qu’il faudrait dire en récapitulant son œuvre, vive la vie maintenant et toujours, vive la vie dans son flux le plus brûlant et le plus limpide, dans sa radicalité la plus dangereuse, car si notre passage sur Terre a un sens, il ne peut être que celui-là.

Jurée du prix Marguerite Yourcenar, Simonetta Greggio est membre de la commission de l’écrit de la Scam. Romancière italienne aux multiples talents, Chevalier des Arts et des Lettres, un temps journaliste pour CityTéléramaMagazine LittéraireFigaro MadameLa RepubblicaMarie FranceSignatureSenso, elle manie à merveille les mots et l’art de « fabriquer des histoires ».

La Scam affirme la place singulière des auteurs et des autrices dans la société. Astérisque en est le porte-voix.

Patrick Chamoiseau a reçu le prix Marguerite Yourcenar 2023 pour l’ensemble de son œuvre. Retour sur le parcours de ce témoin de l’histoire coloniale et fervent penseur de la créolité, un chemin façonné de livres et d’essais marqués par la magnificence des mots.

Toujours, les grandes œuvres s’éclaircissent rétrospectivement de l’accomplissement qu’elles atteignent à la maturité, lorsque l’évidence s’impose de les célébrer comme un tout : ce tout était agissant dès le départ, dans chaque fragment, chaque esquisse sans doute, mais il aura fallu un long cheminement pour le dégager du brouillard des origines.

Peu d’œuvres en témoignent aussi nettement que celle de Patrick Chamoiseau, portée par la nécessité d’ouvrir la littérature francophone à un imaginaire de la diversité dégagé des œillères que nous a léguées l’histoire, et tout particulièrement l’histoire coloniale. Non sans atteindre parfois à une forme d’urgence dans « la ferveur des indignations » (Frères migrants, 2017), c’est dès ses prémisses que cette œuvre s’est inscrite à rebours exactement des processus de sclérose identitaire qui ronge notre début de millénaire hérissé de murs et de barbelés pour mieux reléguer les uns et enfermer les autres dans le ressentiment de leurs propres peurs.

Une langue à la richesse harmonique

Par-delà la magnificence d’une langue à la richesse harmonique nouvelle, c’est bien ce qui frappe à relire les premiers livres de Patrick Chamoiseau, de Chronique des sept misères (1986) au magistral Texaco (1992), chatoyante épopée des splendeurs et misères du peuple antillais depuis la sortie de l’esclavage : le chemin parcouru était donc tout entier contenu dans les prémisses, s’il y demeurait indiscernable ; pour reprendre une expression de Franz Kafka, une « conclusion innée » conditionnait déjà les premiers livres, serait-ce à l’insu de leur auteur qui cherchait, précisément, à la définir.

Patrick Chamoiseau l’affirme à sa façon à l’orée du fascinant Le Conteur, la nuit et le panier (2021) qui remonte aux sources de la création en terres créoles : alors que tout artiste est voué à cheminer de manière singulière, son œuvre en devient « un cheminement vers la compréhension de l’art qui est le sien ». Les livres publiés sont autant de pierres blanches qui matérialisent a posteriori ce « cheminement dépourvu de chemin ». « Comme tout artiste, l’écrivain s’invente une voie qui n’aboutit jamais, une voix qui cherche toujours son chant. C’est ainsi qu’il demeure désirant », car il n’est pas d’autre carburant que le désir, quand bien même le maître-mot de l’œuvre tout entière, en l’occurrence, resterait l’émotion : car au commencement est l’émotion, qui par deux fois s’est confrontée à la barrière de l’expression au long d’une « enfance créole » bientôt formatée par l’école coloniale, sous la férule d’un maître « grand pourfendeur de sabir créole, négateur des fastes de la culture dominée », celle qu’incarnait « Gros-Lombric », le double ou « l’écolier marron » amenant des confins de l’en-ville des contes de zombis et autre « Chouval-trois-pattes », ainsi que le raconte Chemin-d’école (1994), deuxième volume de la trilogie Une enfance créole.

Chamoiseau racontait volontiers comment l’écriture de l’essai, destiné à restituer la trajectoire d’une conscience ayant eu à trancher le choix d’une langue d’écriture, a ouvert la voie pour libérer enfin, et d’un seul souffle, le roman.

Bertrand Leclair

Si le Maître voguant « immatériel sur les cimes du savoir universel » terrifiait le présent, la langue qu’il imposait n’en reste pas moins celle dans laquelle a pu opérer l’appel d’air de la littérature mondiale. Alors que l’œuvre de Chamoiseau s’est construite sur deux jambes, alternant essais et romans ou récits, on ne peut sur ce point que s’attarder sur la parution conjointe, en 1997, de L’Esclave vieil homme et le Molosse et de Écrire en pays dominé. Chamoiseau racontait volontiers, à l’époque, comment l’écriture de l’essai, destiné à restituer la trajectoire d’une conscience ayant eu à trancher le choix d’une langue d’écriture, a ouvert la voie pour libérer enfin, et d’un seul souffle, le roman, très ancien projet qui lui résistait depuis des années. L’essai lui avait permis de comprendre que l’élan vers la liberté de son vieil esclave était certes un élan vers la réhumanisation mais que ce qu’il devait retrouver, à s’enfoncer dans les bois, n’était pas une essence perdue : de fait, il y découvre la présence agissante des traces de l’imaginaire amérindien aussi bien que le souvenir confus des divinités africaines ou des représentations symboliques imposées par le maître à travers la plantation. L’esclave vieil homme ne peut se réaliser en tant qu’être humain que dans une « totalité du monde » qu’il porte en lui, traçant la voie au monde ouvert né de la créolité, celui de « la Relation », chère à Édouard Glissant (1928-2011), dont l’élaboration théorique a profondément marqué Patrick Chamoiseau, l’incitant à dépasser à son tour les cloisonnements et les clivages identitaires.

On voudrait, bien entendu, s’attarder également sur le monumental Biblique des derniers gestes (2002), sur le lumineux L’Empreinte à Crusoé (2012). En tant que membre du jury du prix Marguerite Yourcenar destiné à couronner l’ensemble d’une œuvre, cependant, on ne peut conclure qu’en se réjouissant d’avoir l’honneur de décerner ce prix à Patrick Chamoiseau au moment où, une fois de plus, un diptyque associant roman et essai confère une dimension nouvelle à l’ensemble de son œuvre.

Métonymie de la création littéraire et de sa nécessité vitale

À l’essai déjà cité Le Conteur, la nuit et le panier, paru en 2021, répond merveilleusement le chef d’œuvre qu’est Le Vent du nord dans les fougères glacées, paru à l’automne dernier, et qui joue à merveille, en sous-main, du vertige que nourrissent les découvertes de la physique quantique[1]. Là où l’essai remontait aux sources de la création en retraçant l’extraordinaire émergence des premiers « maîtres de la Parole » dans le secret des veillées mortuaires, au temps de la catastrophe esclavagiste, le roman précipite quelques habitants des mornes en quête du dernier des maîtres de la Parole dont l’absence, d’abord passée inaperçue, creuse l’espace d’un manque, dans leur quotidien anesthésié. Aucun d’entre eux ne saurait dire exactement depuis quand Boulianno ne se présente plus aux veillées mortuaires : ayant « dépassé vieux » sans que nul ne puisse faire le compte de ses années, il n’apporte plus « cette lumière qui vient de la Parole, seule grâce capable de soutenir la vie en face de la mortalité ! » Car tous se souviennent que, lorsqu’il se présentait pour « monter au tambour » et entrer dans une la-ronde à la nuit tombée, « la mort elle-même trouvait à qui parler. (…) Hélas ! un jour, Boulianno Nérélé Iksilaire – honneur sur sa naissance et respect sur son nom – cessa de répondre aux appels ».

Par poussées fulgurantes qui sont autant de surprises, la logique du texte qui se fait luxuriant semble dès lors creuser dans un inconnu indiscernable. 

Bertrand Leclair

L’homme a disparu comme on s’efface, ou s’estompe, dans la modernité martiniquaise, sans avoir « déposé chez personne » « ce cœur-de-chauffe de la sagesse » désormais « serré au plus profond dans le silence de Boulianno ». Doutes et hypothèses lancent les plus fervents des enquêteurs à sa recherche sur les hauteurs inhabitées de Sainte-Marie, haut lieu du marronnage à l’époque de l’esclavage. Par poussées fulgurantes qui sont autant de surprises, la logique du texte qui se fait luxuriant semble dès lors creuser dans un inconnu indiscernable d’être situé non pas au dehors, mais à l’intérieur des enquêteurs, et par conséquent du lecteur – puisque le chemin de la Parole « n’est pas dans ce monde, il n’est nulle part en dehors de ta force : il est en toi-même ! » Les voici en prise immédiate avec « cette affaire insondable du vivre », constatant que « dans ce monde-ci, le nôtre, celui où l’on bat la misère », les choses « comprenables ne sont hélas pas les plus importantes ».

Ce faisant, ce n’est rien de moins qu’une métonymie de la création littéraire et de sa nécessité vitale que propose Le Vent du nord dans les fougères glacées, grand roman de la maturité artistique. Le « cheminement sans chemin » de Patrick Chamoiseau y dévoile des terres inconnues où déployer ses somptueuses harmoniques, et nous enchanter à nouveau.

[1] On pourra lire à ce propos l’article publié dans le quotidien numérique AOC le 13 décembre 2022

Juré du prix Marguerite Yourcenar, Bertrand Leclair est journaliste, romancier, essayiste et dramaturge. Il est également auteur d’une vingtaine de pièces radiophoniques et a collaboré à de nombreux ouvrages collectifs.

La Scam affirme la place singulière des auteurs et des autrices dans la société. Astérisque en est le porte-voix.

Réuni aujourd’hui, le nouveau conseil d’administration a élu Anja Unger présidente de la Scam, Isabelle Jarry vice-présidente et Leila Djitli trésorière.

Cette élection fait suite à l’assemblée générale ordinaire du mercredi 18 juin, au cours de laquelle les auteurs et autrices de la Scam ont désigné leurs représentants au sein du Conseil d’administration et du Comité de surveillance et adopté l’ensemble des résolutions soumises au vote. A cette occasion, la Scam a publié ses chiffres-clés 2024.

Anja Unger succède à Rémi Lainé à la présidence de la Scam

Crédit François le Guen

Membre du conseil d’administration depuis quatre ans et vice-présidente depuis deux ans, Anja Unger a été élue ce vendredi 20 juin présidente de la Scam.

Cinéaste documentariste, Anja Unger réalise des films essentiellement pour ARTE, France Télévisions et diverses chaînes européennes. D’origine allemande et vivant en France depuis plus de trente ans, elle creuse dans ses films un passé qui ne veut pas passer, s’attachant aux questions liées à l’invisible, la spiritualité, le regard de l’autre, la féminité.

Un de ces jours… (1999), son premier documentaire dont elle signe l’image en pellicule, est tourné dans une ferme de Haute-Savoie. Après une incursion dans la fiction, La Vie en Cadeau (2000), la réalisatrice se consacre exclusivement au cinéma du réel. En 2004, elle signe un Grand Format pour Thierry Garrel (ARTE), Promenades entre chien et loup (2004), qui questionne l’identité allemande. Anja Unger y imbrique la petite histoire des membres de sa famille dans l’histoire mouvementée et la mémoire collective de l’Allemagne.

Elle enchaîne ensuite une quinzaine de films. Citons La Pensée vient en marchant (2009), soutenu par Brouillon d’un rêve et Louis Lumière – Villa Médicis Hors les Murs ou encore Le corps amazone (2010), portraits de femmes ayant subi un cancer et une ablation de sein où la réalisatrice rend grâce aux corps, pour une ode à la vie et à la beauté.

Elle travaille également pour la SWR, chaîne publique allemande, pour laquelle elle réalise plusieurs volets de la collection Landleben4.0. En 2021, Anja Unger tourne Enfants d’Etat / Nés sous l’occupation : des bébés pour la France (co-écrit avec Renaud Lavergne), co-production franco-allemande France3-SWR-ARTE et diffusé sur la ARD, première chaîne publique allemande.

Son dernier film Au Nom de la Science – la recherche sur l’homme, co-écrit avec le médecin-chercheur François Lemaire, questionne l’encadrement légal de la recherche médicale en France et aux États-Unis, remonte l’histoire des expérimentations humaines et la confronte à l’émergence d’une conscience éthique.

Le nouveau conseil d’administration

*  Neuf membres ont été élus pour un mandat de quatre ans. Le conseil d’administration est désormais composé de :

Répertoire audiovisuel : Nina Barbier, Simone Bitton* (représentante cinéma), Aurélia Bloch, Vincent de Cointet*, Karine Dusfour**, Stéphanie Elbaz, Valérie Julia (représentante des traducteurs), Rémi Lainé, Virginie Linhart, Camille Ménager, Alice Odiot, Anne Poiret (représentante des journalistes audiovisuels), Aurélie Sfez* (représentante des écritures et formes émergentes), Anja Unger**

Répertoire sonore et radiophonique : Leila Djitli, Anne de Giafferri, Karine Le Bail*, Ovidie

Répertoire de l’écrit : Isabelle Jarry**, Ernestine Ngo Melha
Répertoire des images fixes : Sandra Reinflet
Répertoire des journalistes : Antoine Perraud*, Nathalie Sapena**
Présidente du comité belge : Pascaline David

*nouveau mandat / **mandat reconduit

*  Le nouveau Bureau est composé de : Anja Unger, présidente de la Scam, Isabelle Jarry vice-présidente et Leila Djitli trésorière.

Crédit François le Guen

*   L’assemblée a également élu, pour un mandat de deux ans, les membres du Comité de surveillance :  Laura Alcoba, Benoît Bringer, Julie Chansel, Clara Murner et Sylvie Ros Rouart.

La Scam en chiffres, une année de croissance

Dans un contexte économique fragile, notamment pour l’audiovisuel public, marqué par un projet de restructuration de France Télévisions, et par les enjeux du droit d’auteur à l’heure de l’IA, les œuvres des membres de la Scam restent largement diffusées sur les antennes linéaires et les plateformes.

La Scam se félicite des bons résultats de l’année 2024, en particulier de ses perceptions qui ont atteint un niveau record de 124,7 M €.

Ces chiffres clés (au 31 décembre 2024)  sont extraits du rapport d’activité et de transparence d’Hervé Rony, directeur général-gérant, présenté à l’assemblée générale, disponible sur www.scam.fr

  • 57 094 membres actifs (dont les héritiers ayants droits) en 2024 (+ 2 441 auteurs et autrices)
  • 34 261 auteurs et autrices ont perçu des droits
  • 124,7 M€ de droits d’auteurs collectés (+ 7 %)
  • 110,61 M€ répartis aux ayants droit (+ 0,7 %)
    • 81% pour l’audiovisuel linéaire et non linéaire (+ 7,6 %)
    • 7,6 % pour la radio
    • 4,3 % pour les journalistes
    • 4% pour les plateformes et réseaux sociaux
    • 3% pour l’écrit, la photo et l’illustration
  • 216 182 œuvres audiovisuelles déclarées (Une hausse de 19,5 % due à la progression des déclarations de vidéastes (+ 23,7 %))
  • 44 053 œuvres radiophoniques déclarées (+ 10 %)
  • 11 754 auteurs et autrices d’œuvres littéraires ont perçu des droits
  • Plus de 2 millions d’œuvres audiovisuelles au répertoire de la Scam depuis 1981
  • 3 305 079 € d’actions sociales pour 3 452 auteurices
  • 2 626 523 € d’actions culturelles financées par la copie privée
  • 14,31% est le taux moyen du coût de gestion

Contact presse : presse@scam.fr – 01 56 69 64 34

Découvrez sur grand écran les 12 documentaires qui sortent en salles en mars. Parmi eux, deux films primés : Les Filles du Nil de Nada Riyadh et Ayman El Amir, qui a reçu L’Œil d’or 2024, le Prix du documentaire au Festival de Cannes et Black Box Diaries de Shiori Ito, récompensé au Fipadoc 2025. Sans oublier Lumière, l’aventure continue de Thierry Frémaux, dont la date de sortie le 19 mars 2025 célèbre les 130 ans, jour pour jour, de l’invention du  cinéma avec le premier film des frères Louis et Auguste Lumière, Sortie d’usine.
Allez voir ces films dès leur sortie, vous leur donnerez ainsi une chance de rester à l’affiche la semaine suivante !

Les Filles du Nil
de Ayman El Amir, Nada Riyadh

L’Œil d’or 2024, le Prix du documentaire au Festival de Cannes (ex aequo)

Égypte, France, Danemark, Qatar, Arabie saoudite – 2024 – 102′ – Production : Felucca films, Dolce Vita Films, Magma Film et distribution : Dulac Distribution, The Party Films Sales

Dans un village isolé et conservateur du sud de l’Égypte, un groupe de coptes, privées de leurs droits, se rebellent pour former une troupe de théâtre de rue exclusivement féminine. Rêvant de devenir comédiennes, danseuses et chanteuses, elles bravent leurs familles et les locaux avec leurs performances provocantes. Filmé sur quatre années, ce film d’apprentissage suit ces filles qui deviennent femmes.

Sortie nationale le 5 mars

Peaches Goes Bananas
de Marie Losier

France, Belgique – 2024 – 73′ – Production : Tamara Films, Michigan Films et distribution : Norte Distribution, Best Friend Forever

Pendant 17 ans, Marie Losier a suivi la chanteuse Peaches, icône queer et féministe à la créativité explosive qui a fait voler en éclats tous les tabous. De la scène, sur laquelle elle s’engage corps et âme dans des concerts hallucinants, à sa vie intime, notamment sa relation avec sa sœur, atteinte d’une maladie dégénérative, ce portrait montre à quel point Peaches a transformé chacun des pans de sa vie pour en faire une œuvre d’art fascinante.

Sortie nationale le 5 mars

Zone rouge
de Claude Garnier, Gérard Tüscher

France – 2024 – 53′ – Production et distribution : Les Films de la Main Heureuse

Un jour, le Niger a été classé zone rouge par le Ministère français des Affaires Étrangères. Décision arbitraire et unilatérale. Lorsque plus tard, un putsch secoue le pays et remet en cause la place de la France, l’événement surprend le monde. Était-il si imprévisible ?

Sortie nationale le 5 mars

Black Box Diaries
de Shiori Ito

Grand Prix Documentaire International et Prix Découverte Michel Mitrani au FIPADOC

Japon, États-Unis, Royaume-Uni – 2024 – 99′ – Production : Hanashi Films, Cineric Creative, Star Sands et distribution : Dogwoof, Art House

Film-enquête d’un genre particulier, également journal d’une quête personnelle de justice et de reconstruction, Black Box tient autant du documentaire d’intervention que du film de survie, ce qui redouble sa nécessité : écrire, filmer pour amener au jour la réalité criminelle des faits et pour lutter contre l’effondrement qui guette. Journaliste, Shiori Itô mène l’enquête autour de son viol par Noriyuki Hamaguchi, homme puissant proche du Premier ministre Shinzo Abe, et tente de traduire le coupable en justice. Malgré les tentatives de la minorer ou de l’étouffer, l’affaire n’en devient pas moins le révélateur, jusque sur les bancs de l’Assemblée, d’un système judiciaire et d’une société patriarcale aussi verrouillés que dépassés.

Sortie nationale le 12 mars

Jeunesse imaginaire
de Ruxandra Gubernat

Roumanie – 2024 – 84′ – Production : Manifest Film et distribution : Tajine Studio

6 ans après avoir juré ne jamais revenir en Roumanie, la réalisatrice Ruxandra Gubernat film trois adolescent.e.s dans son pays natal au cours de leurs dernières années de lycée, avant, pendant et après la crise sanitaire du Covid-19. Alors qu’ils prévoient tous de quitter la Roumanie après le lycée, Una, une actrice, Habet, un rappeur, et Stefania, une militante écologiste, se retrouvent pris dans la tourmente quotidienne et face aux choix cornéliens concernant leur avenir. Comment la crise sanitaire va t’elle les affecter, eux et leurs projets ? Qui s’en sortira ?

Sortie nationale le 12 mars

Le Soleil se lèvera
de Ayat Najafi

France, Iran – 2023 – 85′- Production : Rosebud Entertainment Pictures, Wattson et distribution : A Vif cinémas, DHR

Téhéran, octobre 2022. Une troupe de théâtre répète la comédie grecque Lysistrata d’Aristophane. Au cours d’une scène où les vieillards prennent d’assaut l’Acropole conquise par les femmes d’Athènes, la troupe apprend qu’elle est encerclée par la police anti-émeute qui marche autour du bâtiment pour réprimer une grande manifestation.

Sortie nationale le 12 mars

Lumière, l’aventure continue
de Thierry Frémaux

France – 2024 – 104′ – Production : Institut Lumière, MK2 Films et distribution : Ad Vitam

Il y a 130 ans, les frères Lumière inventaient le cinéma. Tout était déjà là, les plans, les travellings, le drame, la comédie, le jeu des acteurs… Grace à la restauration de plus de 100 vues Lumière inédites, le film nous offre le spectacle intact du monde au début du siècle et un voyage stimulant aux origines d’un cinéma qui ne connait pas de fin.

Sortie nationale le 19 mars

Le Garçon
de Zabou Breitman, Florent Vassault

France – 2024 – 90′ – Production : Nolita et distribution :Moonlight Films Distribution

Tout débute avec les photos d’une famille. Une famille inconnue, qu’on a l’impression pourtant de connaitre. Au centre : ce garçon. Qui est-il ? Quelle est son histoire ? Et si chaque individu était aussi le héros involontaire d’un conte ? Une enquête familiale vertigineuse, où réalité et fiction se mêlent jusqu’à se confondre parfois.

Sortie nationale le 26 mars

Tardes de soledad
de Albert Serra

Espagne, Portugal, France – 2025 – 125′ – Production : Lacima Producciones, Idéale Audiences, Rosa Filmes et distribution : Dulac Distribution

À travers le portrait du jeune Andrés Roca Rey, star incontournable de la corrida contemporaine, Albert Serra dépeint la détermination et la solitude qui distinguent la vie d’un torero. Par cette expérience intime, le réalisateur livre une exploration spirituelle de la tauromachie, il en révèle autant la beauté éphémère et anachronique que la brutalité primitive. Quelle forme d’idéal peut amener un homme à poursuivre ce choc dangereux et inutile, plaçant cette lutte au-dessus de tout autre désir de possession ?

Sortie nationale le 26 mars

De la Guerre Froide à la Guerre Verte
de Anna Recalde Miranda

France, Italie, Paraguay, Suède – 2024 – 102′ – Production : Lardux Films et distribution : Vraivrai Films

La frontière entre le Paraguay et le Brésil est devenue un désert vert. C’est le lieu d’origine de la république du soja, le berceau de l’agro-industrie mondiale. L’horizon est une ligne sans fin qui unit le passé et le présent. Un passé dicté par la violence politique de l’opération Condor et un présent marqué par les assassinats des défenseurs de la terre.

Sortie nationale le 26 mars

Covas do Barroso, chronique d’une lutte collective
de Paulo Carneiro

Portugal, Uruguay – 2025 – 67′ – Production : Bam Bam Cinema et distribution : Météore Films

La communauté de Covas do Barroso située au nord du Portugal, a découvert que la société britannique Savannah Resources envisage de construire la plus grande mine de lithium à ciel ouvert d’Europe. à quelques mètres de ses habitations. Face à cette menace imminente, la population décide de s’organiser pour expulser l’entreprise de ses terres.

Sortie nationale le 26 mars

Rupestres
de Marc Azéma

France – 2024 – 90′ – Production : Passé Simple et distribution :EcranSud Distribution

En septembre 2022, sept dessinateurs et une dessinatrice de bande dessinée sont conviés à une expérience unique au monde. Pendant 10 jours, ils vont quitter leur table à dessin et se retrouver dans la peau des artistes de la préhistoire. Ensemble, ils vont donner libre cours à leur imagination dans une petite grotte transformée en champignonnière, située au cœur du Parc Naturel Régional des Causses du Quercy dans le département du Lot.
Ils vont s’exprimer en utilisant les techniques et les gestes de leurs ancêtres paléolithiques qui ont orné la grotte du Pech Merle tout près de là. Cette expérience d’art pariétal contemporaine va questionner les origines de l’art et s’avérer riche d’enseignements et de surprises…

Sortie nationale le 26 mars

Réunie mercredi 18 juin, l’assemblée générale de la Scam a adopté, à une très large majorité, l’ensemble des résolutions soumises au vote. Les auteurs et les autrices de la Scam ont élu leurs représentants au conseil d’administration et au comité de surveillance.
Le nouveau conseil d’administration se réunira vendredi 20 juin pour élire la ou le prochain président de la Scam !

Assemblée générale ordinaire du 18 juin 2025*

Nombre d’associés inscrits : 54 727
Nombre total de votants  : 3 604
Pour rappel, les sociétaires disposent de 3 voix et les adhérents/héritiers/légataires de 1 voix

* Sous contrôle de Me Charles Poncet, Commissaire de justice.

Election au Conseil d’administration

Ont été élus membres du conseil d’administration pour un mandat de quatre ans

Répertoire audiovisuel : Vincent de Cointet, Karine Dusfour, Anja Unger, Aurélie Sfez (représentante des écritures et formes émergentes) et Simone Bitton (représentante cinéma)
Répertoire sonore et radiophonique : Karine Le Bail
Répertoire de l’écrit : Isabelle Jarry
Répertoire des journalistes professionnels : Nathalie Sapena et Antoine Perraud

Les membres du nouveau conseil d’administration se réuniront le vendredi 20 juin pour élire leur pair à la présidence de la Scam.

Election au comité de surveillance

Ont été élus membres du comité de surveillance pour un mandat de deux ans : Laura Alcoba, Benoît Bringer, Julie Chansel, Clara Murner et Sylvie Ros Rouart

Résolutions soumises au vote

1/ Rapport d’activité et de transparence 2024
Nombre de « Oui » : 6 494 voix soit 97,23%
Nombre de « Non » :  185  voix soit 2,77 %

2/ Comptes annuels 2024
Nombre de « Oui » : 6 368 voix soit 97,37 %
Nombre de « Non » : 172 voix soit 2,63 %

3/ Affectation de l’excédent de gestion 2024

Nombre de « Oui » : 6 624 voix soit 95,36 %
Nombre de « Non » : 322  voix soit 4,64 %

4/ Utilisation des sommes irrépartissables durant l’exercice 2024
Nombre de « Oui » : 6 122 voix soit 95,84 %
Nombre de « Non » : 266 voix soit 4,16 %

5/ Budget prévisionnel des indemnités, défraiements et rétributions des membres des instances décisionnaires
Nombre de « Oui » : 5 887 voix soit 93,95 %
Nombre de « Non » : 379 voix soit 6,05 %

6/ Budget culturel 2025
Nombre de « Oui » :  6 436 voix soit 95,86 %
Nombre de « Non » :  278  voix soit 4,14 %
Le budget culturel 2025 est approuvé à la majorité des 2/3.

La Scam en chiffres : une année de croissance

Ces chiffres clés, arrêtés au 31 décembre 2024, sont extraits du rapport d’activité et de transparence d’Hervé Rony, directeur général-gérant, présenté à l’assemblée générale.

  • 57 094 auteurices (+ 2441 auteurs et autrices)
  • 34 261 ayants droit ont perçu des droits
  • 124,7 M€ de droits d’auteur collectés (+ 7 %)
  • 110,61 M€ répartis aux ayants droit (+ 0,7 %)
    81% pour l’audiovisuel linéaire et non linéaire (+ 7,6 %)
    7,6 % pour la radio
    4,3 % pour les journalistes
    4% pour les plateformes et réseaux sociaux
    3% pour l’écrit, la photo et l’illustration
  • 216 182 œuvres audiovisuelles déclarées (une hausse de 19,5 %,  due à la progression des déclarations de vidéastes + 23,7 %)
  • 44 053 œuvres radiophoniques déclarées (+ 10 %)
  • 11 754 auteurices d’œuvres littéraires ont reçu des droits (copie privée, reprographie et droit de prêt)
  • Plus de 2 millions d’œuvres audiovisuelles au répertoire de la Scam depuis 1981
  • 746 consultations juridiques
  • 3 305 079 € d’actions sociales pour 3 452 auteurices
  • 2 626 523 € d’actions culturelles financées par la copie privée
  • 14,31% est le taux moyen du coût de gestion