Après l’étude transversale « Le documentaire, les régions et leurs aides », publiée en juin 2021, la Scam poursuit avec la journaliste Emmanuelle Miquet son tour de France, cette fois par territoire. Coup d’envoi avec la région Occitanie où un nouveau dispositif d’aide à l’écriture, supprimé depuis deux ans, vient d’être réintroduit.

Une mobilisation d’ampleur

Depuis 2020, les autrices et les auteurs de la région Occitanie sont en effet dépourvus d’aide à l’écriture dite sèche, c’est-à-dire qui leur est directement attribuée. Au début de cette année-là, la collectivité a supprimé de son dispositif les bourses d’écriture pour concentrer ses crédits sur le développement et la production.

Cette décision, prise l’année de l’irruption du Covid-19 qui a fragilisé les créateurs et les créatrices dans leur ensemble, a présidé au rassemblement des auteurs, autrices et des réalisateurs, réalisatrices de documentaire d’Occitanie au sein du collectif RegardOcc et à une mobilisation d’ampleur. La région avait acté la réintroduction de l’aide à l’écriture en 2021, mais les circonstances post-pandémiques ne l’ont finalement pas permis.

Les mois à venir marqueront-ils un retour à la « normale » pour les auteurs et les autrices ? Le 13 juillet dernier, le conseil régional d’Occitanie a effectivement réintroduit le dispositif en adoptant une « aide à l’écriture d’œuvres audiovisuelles » directe.

Un appel à projets a été ouvert dans la foulée, en vue d’une première session de sélection des dossiers lors des comités de lecture de septembre et d’octobre, pour un vote de la commission permanente à la mi-décembre. L’objectif est de permettre d’affecter les premières aides avant la fin de l’année 2022. Trois sessions devraient ensuite être proposées en 2023.

Nous estimons essentiel que la première phase d’écriture se fasse en toute indépendance des producteurs (…) C’est la raison pour laquelle l’aide à l’écriture nous permet de travailler de manière totalement autonome. 

Collectif RegardOcc

« On se réjouit de cette remise en œuvre, réagit RegardOcc. C’est un premier pas, et on espère que le montant du soutien sera revu à la hausse. » L’enveloppe globale de la nouvelle aide à l’écriture, destinée à tous les genres éligibles par le fonds, s’élève à 50 000 euros pour un soutien forfaitaire de 2 000 euros, dorénavant. Les précédentes bourses d’écriture étaient comprises entre 3 000 euros (un montant plancher) et 6 000 euros (un plafond). La demande de RegardOcc portait sur 100 000 euros. « Cela nous semble être le minimum », explique le collectif qui a estimé cette somme en se basant sur les chiffres de l’agence Ciclic-Centre-Val-de-Loire, chargée de collecter chaque année les données des régions pour le Panorama des interventions territoriales en faveur du cinéma et de l’audiovisuel.

À raison de 25 projets annuels, l’objectif de la région, cette enveloppe permettrait en outre d’atteindre « le plancher décent » de 4 000 euros évalué par la Boucle documentaire, réseau d’organisation d’auteurs, autrices et réalisateurs, réalisatrices, pour rémunérer correctement l’étape de l’écriture. RegardOcc rappelle son importance : « Nous estimons essentiel que la première phase d’écriture se fasse en toute indépendance des producteurs qui interviennent ensuite dans la phase de développement. C’est la raison pour laquelle l’aide à l’écriture nous permet de travailler de manière totalement autonome. »

La nouvelle aide bénéficiera à davantage d’auteurs et d’autrices mais pour des montants plus modestes, reconnaît la région. Les perspectives budgétaires ne lui permettent pas pour l’instant d’aller au-delà, poursuit-elle, évoquant un « dispositif coup de pouce » dont les contraintes d’accès ont par ailleurs été allégées. La collectivité va maintenant observer comment ce dispositif fonctionne et s’il répond bien aux attentes des auteurs et des autrices.

Il s’agit « un peu d’un test » dont elle pourra tirer des premières conclusions. Peut-être y aura-t-il des ajustements à faire, avance-t-elle, se disant prête à s’adapter. Son règlement prévoit par ailleurs qu’« au moins un quart du montant de l’aide au développement [attribuée à la société de production] devra être consacrée à la rémunération du ou des auteur(s) », une façon indirecte de les soutenir, rappelle la région.

La région Occitanie et le documentaire audiovisuel

En 2021, les investissements alloués au documentaire audiovisuel par le fonds d’aide à la création de la région Occitanie se sont répartis, pour la deuxième année consécutive, entre les seules étapes de la production (plus de 62 % des aides), du développement (30 %) et de la post-production. Soit un montant de 624 000 euros (14 % de l’enveloppe globale du fonds), au 9e rang national, qui grimpe à 754 000 euros, avec le soutien octroyé par Toulouse Métropole, autre collectivité impliquée sur le territoire rejointe récemment par Montpellier Méditerranée Métropole.

624 000 €

aide à la création

Région et métropoles au coude-à-coude

Autre dossier actuellement sur la table des négociations, le contrat d’objectifs et de moyens (COM), sujet lui aussi sensible en Occitanie, ces deux dernières années. En 2020, le COM signé entre la région et la chaîne locale ViàOccitanie a donné lieu à au moins une dizaine d’engagements de documentaires audiovisuels, selon RegardOcc. Mais, à de rares exceptions, ils n’ont pu être achevés du fait des difficultés économiques rencontrées par le réseau de chaînes locales cette même année.

En 2021, lorsque ViàOccitanie a finalement été rachetée par le groupe de presse La Dépêche du Midi, il n’y pas eu de COM. De nouveaux contrats d’objectifs et de moyens incluant des financements de coproduction seront eux aussi proposés au vote de la mi-décembre, s’engage la région. À terme, cela permettra de renforcer et d’élargir les possibilités de diffusion, notamment des documentaires, estime-t-elle. Après avoir lancé un appel à manifestation d’intérêt, l’étape préalable, afin de recenser les candidats, la collectivité a étudié les propositions des différents diffuseurs tenus secrets. Au côté de ViàOccitanie, les deux autres chaînes locales sont France 3 Occitanie et ÒCtele.

L’année 2022 a par ailleurs signé le lancement du fonds d’aide à la création aux industries culturelles et créatives de la métropole de Montpellier, en complément de celui de la région. Doté de 720 000 euros annuels, le dispositif, qui intervient aux étapes du développement et de la production, s’inscrit dans la continuité du fonds de soutien à la production cinématographique et audiovisuelle de Toulouse Métropole, créé en 2019, à l’autre extrémité de la vaste région Occitanie.

L’an dernier, le montant de ce fonds s’est élevé à 539 000 euros alloués à des projets documentaires, de fiction et d’animation. Celui de Montpellier Méditerranée Métropole est annoncé à budget constant en 2023.

Mais à l’issue des premiers comités de sélection, à la fin septembre, la métropole a décidé d’abonder une « petite enveloppe » supplémentaire de 8 000 euros, avec Occitanie Films, l’agence du cinéma et de l’audiovisuel de la région, pour repêcher quelques-uns des projets ayant eu la mention « réservés », aux côtés des dossiers estimés « favorables » ou « défavorables ». Un à trois projets issus de chacun des trois comités devraient être soutenus « en workshop ».

À ce jour, en revanche, aucun département du territoire ne possède de fonds d’aide à la création et aucun ne semble disposé à en initier. « Ce n’est pas dans leurs priorités, constate Philippe Aussel, le président de l’Apifa, unique association de producteurs sur le territoire, ils préfèrent intervenir ponctuellement, au gré d’un tournage, par exemple. »

  • 42 aides

    à la création
    en 2021

  • 189 K€

    pour le développement

  • 389 K€

    pour la
    production

  • 46 K€

    pour la
    post-production

Entre précarité et bonne image

Dans ce contexte général évolutif, RegardOcc pointe la problématique persistante des comités de lecture* du fonds de soutien de la région. Chargés de sélectionner les projets, les comités dits d’experts sont établis par chaque région sur la base de principes généraux édictés par le CNC, le Centre national du cinéma et de l’image animée : être composés « majoritairement de professionnels du cinéma et de l’audiovisuel », comprendre « des professionnels extérieurs à la région » (afin d’éviter les conflits d’intérêts notamment), et faire « l’objet d’un renouvellement régulier ».

RegardOcc regrette que la convention tripartite 2020-2022 de l’Occitanie s’en tienne à ces principes généraux. Au vu de ce qui se passe dans les commissions nationales, le collectif « préconise qu’au moins 50 % des membres des comités soient extérieurs à la région et que les lecteurs soient renouvelés tous les deux ans ». Il relève également que plusieurs experts officient depuis « six ou sept ans », dans certains comités, alors que la convention d’Occitanie prévoit que « chaque membre ne peut plus rester plus de quatre ans ».

Les documentaristes regrettent également l’absence de présentation orale pour les porteurs de dossiers, comme cela peut se pratiquer ailleurs (ce n’est pas une obligation), de retours écrits sur les décisions, de rémunération des experts et de représentants des organisations professionnelles de la région lors des comités. Sur ce dernier point, ce sont les élus qui décident, répond l’Occitanie, et pour le moment, ils ne le souhaitent pas, au motif que cela pourrait créer un risque d’autocensure chez les lecteurs. Ces derniers pouvant craindre que les détails de leurs commentaires soient rapportés aux candidats par les représentants des organisations. Concernant la composition des comités, la collectivité admet une « grosse représentation de la région », pour le documentaire et le court-métrage, qu’elle « va essayer de corriger » lors du prochain renouvellement qui aura lieu en fin d’année.

Il n’y a pas qu’en Occitanie que les comités de lecture essuient des critiques, mais, dans ce territoire, ses dysfonctionnements sont venus s’ajouter à un environnement qui s’est dégradé, ces deux dernières années, créant ce sentiment d’« accumulation », selon RegardOcc. De la même manière, si la difficulté pour les autrices et les auteurs d’être reconnus n’est pas propre à la région, elle s’y trouve accentuée par le décalage entre la précarité des créatrices et créateurs implantés sur le territoire, en général des documentaristes, et l’image de la région, deuxième nationale en nombre de jours de tournage grâce au long-métrage et à la fiction TV avec l’explosion des feuilletons. Pourtant, « sans nous, pas de films », martèle RegardOcc, qui a fait de la formule son slogan.

Nous avons encore besoin de nous structurer. Que ce soient les services [de la région], les producteurs, les techniciens, et les auteurs.

Philippe Aussel, Apifa

« On est une région encore relativement jeune, en termes d’animation de la filière documentaire, comparée à la Bretagne ou à la Nouvelle-Aquitaine, où les choses se sont mises en place beaucoup plus vite », relève Philippe Aussel. Plusieurs raisons l’expliquent, selon lui, dont une « volonté politique plus ou moins efficace », dans une région davantage portée, à la base, sur le secteur « aéronautique et spatial que sur celui de la culture ». « Nous avons encore besoin de nous structurer. Que ce soient les services [de la région], les producteurs, les techniciens, et les auteurs », conclut-il.

En regard des deux dernières années, les récentes décisions prises en Occitanie, ou en passe de l’être, vont globalement dans le bon sens. Elles restent toutefois à confirmer, et à être complétées.

* L’avis des comités de lecture est consultatif (à l’exception de Pictanovo, association chargée de mettre en œuvre et de gérer le fonds de la région des Hauts-de-France, où ce comité est souverain), mais la commission permanente ou la séance plénière du Conseil régional, qui vote ensuite les aides, s’appuie généralement sur la sélection des comités, d’où l’extrême attention qui leur est accordé.

1 – La métropole de Montpellier crée un fonds de soutien à la création

Dédié aux industries culturelles et créatives, le fonds d’aide à la création lancé en 2022 par Montpellier Méditerranée Métropole a pour objectif d’encourager les jeunes talents du territoire et les sociétés de production. Il cible les « œuvres singulières » dans les champs du documentaire, de l’animation, du jeu vidéo, des expériences immersives et de la fiction (court-métrage exclusivement). Le nombre de projets reçus pour l’unique session organisée en année une a atteint 69, majoritairement des documentaires (27 dossiers, soit 39 %) et des fictions (20 dossiers, soit 29 %). La métropole vise deux sessions en 2023 et un cadre d’intervention ajusté au gré du premier bilan dressé pour ce fonds « work in progress », a-t-elle expliqué à la Scam. L’intégration d’une aide à l’écriture est prématurée, mais la collectivité dit avoir conscience qu’il s’agit là d’un « enjeu fort », au même titre que l’aide à l’émergence. Le fonds n’a pas été abondé par le CNC, le Centre national du cinéma et de l’image animée, qui, pour des raisons budgétaires, n’applique plus aux nouveaux entrants le dispositif du « 1 euro du CNC pour 2 euros de la collectivité ». Des discussions sont en cours pour les prochains exercices.

2- Une reprise des Étoiles de la Scam à venir

RegardOcc travaille actuellement sur la reprise de trois ou quatre films des Étoiles de la Scam en Occitanie, comme cela se fait déjà dans d’autres régions, sous forme de mini festivals. Organisée avec la Boucle documentaire, cette reprise s’inscrirait au cours d’une journée proposant également une table ronde autour de la thématique « Être auteur en région ». Y seront conviées les collectivités (région et métropoles) intervenant dans le documentaire notamment, ou encore la Scam. Un temps envisagé dans le cadre du Cinemed (21-29 octobre), à Montpellier, cette journée s’adossera à un festival à déterminer.

Méthodologie des enquêtes de la Scam pour un état des lieux du documentaire en région

Ces focus restent circonscrits au seul documentaire audiovisuel (donc hors court et long métrage). Ils proposeront une photographie quantitative et qualitative de chaque région, à travers la parole des auteurs-réalisateurs et autrices-réalisatrices qui vivent et travaillent dans ces territoires. S’y exprimeront également les points de vue des autres acteurs animant ces filières régionales.

Les chiffres clés relatifs à la région Occitanie sont issus des données collectées par l’agence Ciclic-Centre-Val-de-Loire pour le Panorama des interventions territoriales en faveur du cinéma et de l’audiovisuel publié chaque année, dans le cadre de sa convention de coopération triennale État-région-CNC. Le périmètre des collectivités est identique à celui du Panorama, qui prend en compte la région, les départements, les eurométropoles, les métropoles et les villes, s’il y a lieu. De la même manière, les statistiques se concentrent sur les aides délivrées par la région, le premier niveau d’intervention. Les investissements de la région agrègent ceux octroyés via le ou les contrats d’objectifs et de moyens signés entre la collectivité et le ou les diffuseurs, quand ils existent. Les statistiques autres que celles de Ciclic qui pourraient être citées sont dans tous les cas sourcées. Le choix a été fait de ne pas comparer les chiffres de l’année 2021 et ceux de l’année 2020, sauf cas particulier, l’année de la pandémie ayant été marquée par l’attribution d’aides exceptionnelles, dans certaines régions, par définition non reconduites en 2021.

Remerciements : Pauline Martin et Pierre Dallois à l’agence Ciclic-Centre-Val-de-Loire et la Boucle documentaire.

Le 6 octobre dernier, le prix Nobel de littérature 2022 consacrait Annie Ernaux, « pour le courage et l’acuité clinique avec lesquels elle met au jour les racines, les éloignements et les contraintes collectives de la mémoire personnelle ».

Cinq ans après lui avoir décerné le prix Marguerite Yourcenar pour l’ensemble de son œuvre, les 50 000 auteurs et autrices de la Scam lui adressent leurs félicitations les plus vives.

Nous sommes toutes et tous très fiers et c’est une grande joie pour nous de voir récompensée une écrivaine que nous admirons.

Le jury du Prix Marguerite Yourcenar

Chaque année, la Scam distingue avec ses Étoiles trente documentaires et reportages, choisis par un jury d’autrices et d’auteurs. Pour les partager avec le public, elle a créé le festival Vrai de Vrai, qui célèbrera deux décennies d’engagement et de création, les 22 et 23 novembre au mk2 Bibliothèque.
Deux jours de projections gratuites, de rencontres et de débats, pour découvrir sur grand écran des films engagés et nécessaires, affirmant, chacun à sa manière, la liberté de créer.

Au programme de cette 20e édition, 30 films qui explorent fractures et espoirs du monde contemporain ;
des violences sexuelles comme arme de guerre au Tigré à la quête de sens de la jeunesse russe,
du chaos politique orchestré en Israël aux combats pour les droits des femmes en Iran,
du quotidien de détenus texans à la vie secrète et mélancolique d’un jeune berger du Verdon,
de la déshumanisation du système hospitalier français aux luttes de pêcheurs indiens confrontés à un environnement incertain…

La soirée de clôture proposera en avant-première, The Six Billion Dollar Man d’Eugene Jarecki, lauréat 2025 du Prix spécial du jury pour les 10 ans de L’Œil d’or, le prix du documentaire au Festival de Cannes.

Vrai de Vrai, au-delà des projections, est aussi l’occasion de rencontrer les réalisateurs et réalisatrices, de partager les regards sur ces films, et, le dimanche soir, d’assister à la remise du Prix du Public.

Avec ces trente nouvelles étoiles, nous célébrons à nouveau la passion et l’optimisme, la ténacité, la foi dans l’intelligence du monde, dans la possibilité de partager et de transmettre ce que nous nous obstinons à appeler le “réel“.

Stefano Savona, président du jury 2025

Que peut le documentaire ? Certains répondront : rien, d’aucuns penseront : très peu. Mais, et ceci est commun à tous les auteurs et autrices, elles et ils travaillent à leur film avec cet espoir inavoué qu’il puisse faire la différence, qu’il sera peut-être l’étincelle, le début d’une réflexion qui déclenchera un mouvement plus large et important, que la société se fasse l’écho de ces récits.

Anja Unger, présidente de la Scam

Projections et rencontres gratuites au mk2 Bibliothèque, samedi 22 et dimanche 23 novembre 2025
Réservations dès le 6 novembre, sur vraidevrai.fr et mk2.com
Après le festival en salles, 23 documentaires de la sélection Vrai de vrai seront disponibles gratuitement du 24 novembre au 8 décembre sur la plateforme de streaming du groupe mk2 : mk2 Curiosity.

Contact presse : presse@scam.fr – 01 56 69 64 34

 

Une trentaine de documentaires et reportages, une avant-première … et c’est gratuit !

Le festival de la Scam s’installe au mk2 Bibliothèque, les 2 & 3 décembre pour un week-end de projections sur grand écran. Une célébration du documentaire sous toutes ses formes.

Au programme les trente films distingués par une Étoile, les deux Prix Scam du documentaire et du reportage et, en avant-première, La Mère de tous les mensonges d’Asmae El Moudir, Œil d’or 2023 à Cannes. Chaque séance sera suivie d’une rencontre avec les réalisateurs et réalisatrices.

Le Prix du public sera remis dimanche 3 décembre, en soirée de clôture.

Quand la réalité dépasse la fiction, c’est Vrai de Vrai !

Il sera question de relations amoureuses, de procès historiques, de faits-divers, d’armées de l’ombre, de réintroduction des castors, de chaos international, de courses de chevaux au Brésil, de luttes pour la dignité, de patience du peintre, et de multiples trajectoires de femmes et d’hommes…

Les Étoiles de la Scam 2023, sélectionnées parmi le meilleur de la production de l’année, c’est sous nos yeux plein écran, toute la force du réel. Flamboyante, passionnante, émouvante, dérangeante. Du cinéma en grand, du grand cinéma, en vrai.

Rémi Lainé, réalisateur, président de la Scam

Nous sommes aujourd’hui très fiers d’accueillir le Festival Vrai de Vrai pour la première fois dans nos salles. C’est une grande fête du documentaire avec une programmation éclectique, ambitieuse et très qualitative qui embrasse le meilleur de la production documentaire quel que soit son mode de diffusion.

Elisha Karmitz, directeur général du groupe mk2

Entrée gratuite sur réservation dès le 2 novembre sur vraidevrai.fr

Depuis la création de mk2 le documentaire a toujours eu une place de choix dans le catalogue de films, dans les salles, mais aussi dernièrement sur la plateforme MK2 Curiosity.
Après le festival en salles, 26 documentaires de la sélection Vrai de vrai seront disponibles sur mk2 Curiosity  du 4 au 18 décembre.

Un événement Scam en collaboration avec mk2
Avec Télérama, Radio Campus, Tënk, Le Mois du film documentaire

Contact presse

Florence Narozny – Mathis Elion : florence@lebureaudeflorence.fr / +33 6 86 50 24 51

Crédits bande annonce
Réalisation : Stéphane Marchetti d’après une création graphique de Catherine Zask
Musique : Adrien Casalis / Animation : Yan-Ali Tabarand / Production : Memento

Je ne connaissais Jean-Michel Meurice que de réputation – des films remarqués sur des peintres contemporains majeurs, et un passage à la direction des documentaires de la nouvelle Antenne 2 dirigée par Pierre Desgraupes au lendemain de la victoire de Francois Mitterrand en 1981 – quand il envoya vers moi à l’INA l’ami Michel Anthonioz, il y a aujourd’hui exactement 36 ans, pour me proposer de prendre la Direction de l’Unité de Programme Documentaires de La SEPT encore toute jeune. J’ai accepté avec enthousiasme sans mesurer encore le privilège qu’il m’offrait.

C’était au lendemain du vote de la nouvelle loi sur l’audiovisuel et je n’ai appris que plus tard la très délicate et imprévisible navigation politique que Jean-Michel avait conduite les deux années précédentes pour parvenir à maintenir et protéger ce fragile projet, lancé six mois plus tôt à quelques semaines d’élections où la Gauche allait perdre le pouvoir. Sur ce « Passage du Nord-Ouest« , comme le nommait malicieusement Jean-Michel, les récits divergent parfois. Mais je peux témoigner de ce que j’ai vécu à ses côtés à compter de ce jour, de l’intelligence et du dévouement avec lesquels il a su, aventure unique dans l’histoire de la télévision mondiale, constituer et coordonner un Comité des Programmes réunissant, sous la présidence du grand historien Georges Duby et la vice-présidence du délicieux Michel Guy, les personnalités culturelles, scientifiques et audiovisuelles les plus prestigieuses, qui devinrent les garantes directes de la politique éditoriale de la chaîne et de la transparence de ses décisions.

Faisant table rase des lourdes organisations télévisuelles, ces « monstres du quaternaire » dont parlait Pierre Schaeffer, Jean-Michel a mis ainsi en place la table d’émeraude d’une nouvelle alchimie : une « télévision du troisième type » associant l’exigence et la compétence du savoir à celles du media audiovisuel, dotée d’une équipe légère qui s’appuyait sur la richesse d’une production indépendante encore dans son jeune âge. En mettant les documentaires au centre de son programme, La SEPT ambitionnait d’offrir au plus large public des audiences attentives « l’art de penser », tout en constituant un riche patrimoine d’œuvres d’excellence appelées à circuler en Europe et dans le monde entier.

Me reste le souvenir exaltant de ces « cellules » où je partageais régulièrement en tête à tête les choix et les refus de ma petite équipe, tantôt avec Françoise Héritier ou Pierre Bourdieu pour les projets touchant aux sciences sociales, le professeur Jacques-Louis Binet pour les sciences et la médecine, Jean-Marie Prat ou Bernard Ceysson pour les arts, Eliane Victor pour les sujets de société.

Chaque mois, le Comité au grand complet se réunissait, animé avec rigueur et modestie par Jean-Michel, et nous, les responsables des diverses Unités de Programme, nous rapportions sur nos engagements. Pierre Boulez, Anatole Dauman – producteur de la Nouvelle Vague – ou l’inspiré Yves Jaigu ne cessaient de nous inviter à hausser encore nos ambitions, tandis que trois personnalités légendaires de la télévision européenne – Michael Kustow de Channel 4, Eckart Stein de la ZDF et Claude Torracinta de la Télévision suisse – partageaient avec tous leurs réflexions. Ce Comité des Programmes protégeait en même temps des convoitises de ses grandes sœurs le budget d’argent frais de la SEPT et de toutes les pressions politiques ou corporatistes…

Jean-Michel était profondément habité par une éthique et un sens des responsabilités d’un media public. Le rêve dont il a coordonné la cristallisation pendant ces trois premières années de La SEPT a continué de vivre et persister pour devenir ARTE, une chaîne libre dont l’excellence est universellement reconnue. C’est à cet élan et cette ambition initiale qu’elle le doit.

En 2000, quand une possible absorption par France Télévisions menaçait l’indépendance d’ARTE, c’est encore Jean-Michel qui a réuni dans une lettre ouverte tous ceux qui restaient de cette ancienne « garde d’honneur » du Comité des Programmes.

À partir de 1990, Jean-Michel, qui était repassé derrière la caméra, nous a soumis, comme à d’autres chaînes, ses projets de réalisateur.

Nos séances de travail autour de grands documentaires et séries d’investigation comme Série noire au Crédit Lyonnais, Elf, les chasses au trésor et Une Afrique sous influence, ou le Système Octogon, réalisés avec la complicité du regretté Fabrizio Calvi, comptent parmi les plus riches expériences de ma carrière de responsable de programme. Ces films, qui ne craignaient pas de porter le fer dans les scandales économico-politiques les plus brûlants en les rendant compréhensibles par une écriture toujours originale et singulière, ont été parmi les succès les plus éclatants d’ARTE.

Même s’il évoquait dans un sourire ces « auteurs stylobates sur des tours hautaines », Jean-Michel croyait à une télévision d’auteur, ambitieuse, exigeante, humaniste, respectueuse du spectateur.

Réalisateur de plus d’une centaine d’œuvres et couronné par la Scam, Commandeur des Arts et des Lettres, Jean-Michel était aussi un peintre d’avant-garde qui pratiqua jusqu’à sa dernière heure un « art rupestre », comme une célébration de lignes, de couleurs et de surfaces. Ses toiles sont dans les musées du monde entier. Une salle lui est consacrée au MAM, le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris.

Ce n’est pas ici le lieu de parler de l’homme intègre et de l’ami fidèle qu’était Jean-Michel, mais je ne doute pas que la pensée reconnaissante de plus d’un honnête homme et plus d’une honnête femme l’accompagne pour sa traversée du Styx… même si je sais que les retrouvailles dont les religions ont voulu réconforter les mortels ne sont que dans nos cœurs.

Adieu l’ami, tu ne seras pas oublié…

Thierry Garrel, lauréat du prix Jean-Marie Drot 2015 de la Scam, ancien directeur de l’unité documentaire d’Arte

Paroles d’auteur

A la question Quelle est la place de l’auteur dans la société ? Jean-Michel Meurice, Prix Charles Brabant 2010, nous répondait en 2011.

Comme chaque année, la Scam organise aux Rendez-vous de l’Histoire de Blois un débat entre historien, historienne et journaliste sur un thème d’actualité. Cette année le choix s’est porté sur la Russie.

Table-ronde « La Russie de Vladimir Poutine : une longue histoire ».

de 11h à 12h30 – Université site Jean-Jaurès – Amphi 1

Vladimir Poutine, on le sait, est un ancien agent de l’État soviétique ; mais la Russie qu’il gouverne aujourd’hui a opéré un grand retour aux valeurs d’avant la Révolution de 1917. Dans son discours officiel, dans son système politique, dans ses projets géopolitiques le pouvoir russe emprunte beaucoup à une mythologie, à un apparat et à une stratégie qui s’exprimaient à l’époque tsariste dans un courant identitaire et messianique dit « slavophile ». La confrontation des grilles de lecture de l’histoire et du journalisme permettra d’éclairer cette dimension, sans laquelle une partie essentielle de notre époque serait incompréhensible.

Le débat, animé par Pascal Ory, professeur émérite à la Sorbonne (Paris 1) et membre de l’Académie française, réunira Anne Nivat, grand reporter (dernier ouvrage paru : La Haine et le Déni : Avec les Ukrainiens et les Russes dans la guerre, Flammarion, 2024), et Marie-Pierre Rey, professeur émérite d’histoire russe et soviétique à la Sorbonne, autrice, entre autres, de La Russie face à l’Europe, d’Ivan le Terrible à Vladimir Poutine (Flammarion, deuxième édition 2022).

Cette table ronde s’inscrit au sein du cycle L’Histoire en débats, dont la programmation, à la fois riche et stimulante, est présentée dans le cadre des Rendez-vous de l’Histoire. Ce cycle regroupe des tables rondes et des conférences de haut niveau, organisées par des instituts de recherche, des laboratoires, des revues, des sociétés savantes, des fondations, des associations, des maisons d’édition et des partenaires médias.

Il y a 90 ans, Florise Londres, fille du grand reporter, créait un prix pour perpétuer la mémoire de son père disparu un an plus tôt dans l’incendie du paquebot Georges Philippart. Pour célébrer, ce 90e anniversaire, le jury Albert Londres délibérera dans la maison natale du « prince des reporters » à Vichy. Les Prix 2023 seront proclamés à l’Opéra de Vichy, lundi 27 novembre prochain à 18 heures.

Les journalistes présélectionnés cette année parmi plus de 150 candidatures sont :

85e Prix de la presse écrite

Julie Brafman Libération
Romain ColasAFP
Wilson Fache Libération, l’Echo, Mouvement
Louis Imbert Le Monde
Rachid LaïrecheLibération
Célian Macé Libération
Bruno Meyerfeld Le Monde
Julia Pascual Le Monde / M, le magazine du Monde
Émilie Rosso – site web France 3 Auvergne-Rhône-Alpes

39e Prix audiovisuel

Martin Boudot et Tetiana PryimachukSérie Vert de rage (France 5, Première ligne – 3 x 50’)
Gwendoline DebonoUkraine, les soldats de l’ombre (France 24, Forwards news pour Arte – 35’)
Élodie Emery et Wandrille LanosBouddhisme, la loi du silence (Arte, Studiofact Media Group, TV Press – 88’)
Solène Fioriti-Chalvon Afghanes (France 5, Eléphant, Chrysalide – 75’)
Pierre-Stéphane FortQatar 2022 : un scandale français ? (France 2, Studiofact Media Group ZDF,  ZDF info – 62’)
Lorraine de Foucher et Jean-Baptiste Renaud Philippines : viols d’enfants en ligne, l’enfer derrière l’écran (Arte, SlugNews – 24’)
Hélène Lam TrongDaech, les enfants fantômes (France 5, Cinétévé – 62’)
Julie Lotz – Victime de l’église, l’impossible réparation (France 2, Dream Way Production – 56’)

7e Prix du livre

Hélène Ferrarini Allons enfants de la Guyane (Anacharsis)
Julien Goudichaud et Nicolas TorrentLes Plages de l’embarquement (Les Arènes)
Anne-Sophie JahnDésir noir (Flammarion)
Célia Lebur et Joan TilouineMafia Africa (Flammarion)
Nicolas LegendreSilence dans les champs (Arthaud)

Contact

www.prixalbertlondres.org  –  albert.londres@scam.fr
Stéphane Joseph : 06 82 90 01 93

C’est à Beyrouth que nous aurions souhaité annoncer cette présélection. Mais, les récents événements nous obligent à modifier notre projet. Le quotidien libanais indépendant L’Orient-Le Jour qui devait célébrer son centième anniversaire et auquel nous étions associés pour la circonstance a lui-même pris la décision de différer son programme. Cette actualité tragique nous contraint également à reporter la date de remise des Prix 2024, ainsi qu’à envisager très certainement un autre lieu que la capitale libanaise et son festival littéraire « Beyrouth livres ». Notre solidarité, notre amitié, notre estime accompagnent un pays qui nous est si proche, et toutes celles et ceux qui permettent grâce à leur engagement journalistique de savoir, de voir et de comprendre.

La cérémonie de remise des prix aura lieu le 4 décembre dans un lieu prochainement annoncé.
Les journalistes présélectionnés cette année parmi 111 candidatures sont :

86e Prix de la presse écrite

Romain Boulho Libération
Julie Brafman Libération
Romain ColasAFP
Lorraine de FoucherLe Monde
Julien Gester Libération
Guillaume Pajot Géo, La Croix, Libération, M le magazine du Monde
Arthur Sarradin Libération

40e Prix audiovisuel

Nolwenn Le Fustec et Antoine Izambard – Chine : opérations secrètes (France télévisions, EverProd, 70’)
Maxime Priou et Arthur RayssiguierBrésil : le clown de cracolandia (Arte reportage, Monolithe Production, 25’)
Martin Boudot, Mathilde Cusin et Manon de Couët Série Vert de rage (France 5, Premières lignes, 3×51’)
Solène Chalvon Fioriti et Mortaza BehboudiNous, jeunesse(s) d’Iran (France 5, Chrysalide, Elephant – 70’)
Antoine Védeilhé et Germain Baslé Philippines : les petits forçats de l’or (Arte reportage, Keyi productions, 36’)

8e Prix du livre

Étienne Bouche Mémorial face à l’oppression russe. Le combat pour la vérité (Éd. Plein Jour)
Clara MarchaudUn si long mois de février. Histoire intime de la guerre en Ukraine (Éd Plein Jour)
Camille Vigogne Le CoatLes Rapaces (Les Arènes)
Martin UntersingerEspionner, mentir, détruire – Comment le cyberespace est devenu un champ de bataille (Grasset)

Contact

albert.londres@scam.fr
Stéphane Joseph : 06 82 90 01 93

Le Prix de la traduction de documentaires audiovisuels 2024 a été décerné à Isabelle Brulant, pour le documentaire Pétrole, un lobby tout puissant, réalisé par Dan Edge. Le jury a tenu à décerner une mention spéciale à Lola Wagner, pour le documentaire Food Factory USA, réalisé par Jen Markowtitz.

Isabelle Brulant, lauréate du Prix ATAA 2024

Lola Wagner, mention spéciale du jury du Prix ATAA 2024

La 7e édition du Prix de la traduction de documentaires audiovisuels, créé par l’ATAA avec le soutien de la Scam, s’est tenue le 14 novembre dans nos locaux, en présence, entre autres, de Claudia Faes (lauréate 2023) et Mélanie Bréda (finaliste 2019). L’occasion de rappeler que sans traducteurs et traductrices de talent, les films étrangers resteraient inaccessibles à la très grande majorité du public français. Une belle mise en lumière du travail de ces auteurs et autrices de l’ombre !

Le Prix de la Traduction de documentaires audiovisuels est décerné à Isabelle Brulant

pour  Pétrole, un lobby tout-puissant
de Jane McMullen

Titre original : The Power of oil, Part 1 : denial
53’ – 2022 – États-Unis
Produit par Frontline, Mongoose Pictures, diffusé sur Arte, laboratoire : Telos Adaptation


(suite…)

La 6e édition du Prix de la traduction de documentaires audiovisuels, créé par l’ATAA avec le soutien de la Scam, s’est tenue le 13 novembre au Forum des images. L’occasion de rappeler que sans traducteurs et traductrices de talent, les films étrangers resteraient inaccessibles à la très grande majorité du public français. Une belle mise en lumière du travail de ces auteurs et autrices de l’ombre !

Claudia Faes - photo Brett Walsh
Claudia Faes - photo Brett Walsh

Prix de la Traduction de documentaires audiovisuels : Claudia Faes
pour  Et si le monde tournait rond ?
de Nigel Walk et Richard Dale

Titre original : Going Circular
85’ – 2021 – Pays-Bas & Allemagne
Production Off the Fence, diffusé sur Arte, laboratoire : EVA Strasbourg

Le documentaire lève le voile sur le concept d’économie circulaire, un système économique basé sur l’idée que rien ne devrait être jeté et que tout devrait être réemployé. Un modèle qui pourrait bien sauver notre planète, mais qui suppose de rompre avec nos habitudes et notre frénésie consumériste. Depuis 1945, l’essor du capitalisme mondial nous a entraînés dans une course mortifère vers le pillage illimité des ressources de la Terre. Et si, pour notre survie collective, il était plus que jamais urgent de changer de paradigme ? Dans son essai fondateur de 1979, James Lovelock jette les bases du principe d’économie circulaire qui s’appuie sur un constat : la Terre est un organisme vivant où tout est connecté, tout se transforme et rien ne se perd. Outre James Lovelock, ce documentaire donne la parole à trois autres « visionnaires » qui proposent des solutions concrètes dont notre économie devrait s’inspirer dans les domaines les plus énergivores et polluants : design, alimentation, logement ou mode.