Le jury a retenu 6 projets cette année.
Bravo aux lauréates et lauréats de la bourse Brouillon d’un rêve Photographie et Dessin !

Les lauréates et lauréats

  • Présage Tirage Mirage de Laura Lafon (photographie)
  • Spiralkampagnen, la stérilisation forcée des femmes du Groenland de Juliette Pavy (photographie)
  • Coaltar de Clémentine Poquet (roman graphique)
  • Honorons l’Animal de Camille Sauvage (roman graphique)
  • La disparition d’Adrienne Surprenant (photographie)
  • La grande souris et le petit éléphant de Diandian (livre jeunesse)

Le Jury et le lectorat

Ces projets ont pu bénéficier du soutien de la Scam grâce à l’engagement des membres du lectorat et du jury, composés exclusivement d’auteurices. Un grand merci à Stanislas Barthelemy, Marlène Cotelette, Isabelle Chapuis, Justine Gury, Steven Wassenaar, Phouséra Ing, Sandra Reinflet, Pierre Cornilleau, Jacques Graf, Bénédicte Van Der Maar et Gérard Uferas

Le jury a retenu 8 projets cette année.
Bravo aux récipiendaires de la bourse Brouillon d’un rêve écritures et formes émergentes !

Les lauréates et lauréats

  • Bulle de Chloé Belloc
  • Nicole de Agnès de Cayeux
  • The main character syndrome de Valentine Franc
  • Les Destituantex de Ov
  • The land I live on de Mathilde Lavenne
  • Atlas Bellone de Anaïs Marion
  • Not for Sale : un parpaing pour demain de Serine Ahefa Mekoun (première œuvre)
  • Chairs missing de Léo Richard

Le Jury et le lectorat

Ces projets ont pu bénéficier du soutien de la Scam grâce à l’engagement des membres du lectorat et du jury, composés exclusivement d’auteurices.

Le jury était constitué de Laurence Bagot, Galdric Fleury, Antoine Fontaine (fleuryfontaine) et des membres de la commission des Écritures et Formes Émergentes Ludovic Bassal, Pascal Goblot (président de la commission), Véronique Godé, Benjamin Hoguet, Randa Maroufi et Gwenola Wagon.

Les membres de la commission EFE ont assuré la présélection des projets.

Le jury a retenu 9 projets cette année.
Bravo aux récipiendaires de la bourse Brouillon d’un rêve écritures et formes émergentes !

Les lauréates et lauréats

  • BENEATH de Ugo Arsac
  • Métae de Elisabeth Caravella
  • 67 millisecondes de Galdric Fleury et Antoine Fontaine
  • The Feral (Epoch 1) de Fabien Giraud et Raphaël Siboni
  • SkyGirls de Benjamin Goubet (première œuvre)
  • Les Cogitations de Jupiter de Sébastien Godard et Jupiter Moumouni Sodre
  • Never the same ocean de Virginie Ittah et Kaj Yoda
  • The Parliament of Owls de Lina Laraki
  • Dé-payser de Laure Nillus

Le Jury et le lectorat

Ces projets ont pu bénéficier du soutien de la Scam grâce à l’engagement des membres du lectorat et du jury, composés exclusivement d’auteurices.

  • Jury : Antonie Bergmeier, Géraldine Brézault, Nelson Bourrec Carter, Jean-Marc Chapoulie, Aymeric Colletta, Julie Desmet Weaver, Véronique Godé, Claudia Marschal, Marianne Rigaux.
  • Lectorat : Géraldine Brézault, Jean-Marc Chapoulie, Aymeric Colletta, Véronique Godé, Claudia Marschal, Marianne Rigaux, membres de la commission des Écritures et Formes Émergentes de la Scam.

Venez découvrir un panorama des nouvelles écritures documentaires : réalité virtuelle ou augmentée, œuvres expérimentales, vidéos du web…

Des autrices et des auteurs explorent des formes narratives inédites en utilisant les nouvelles technologies pour raconter le réel : exploitations minières, drame des albinos, mondes virtuels, anthropocène, violences policières, migrations…

Une soirée organisée par la commission des écritures et formes émergentes de la Scam, animée par Pascal GoblotBenjamin Hoguet, Claudia Marschal et Marianne Rigaux

21-22 China de Thierry Loa

Prix Nouvelle Écritures 2023

œuvre de réalité virtuelle sur casque VR – 24’ – 2022 – HelloHello productions – Canada, Québec
Premier épisode de la série 21-22

Nous vivons à l’époque de l’Anthropocène marquée par l’expansion de l’Humain sur la planète. Dans le cadre de la série 21-22, ce film exclusivement en 360 VR offre un voyage méditatif immersif qui fait découvrir une Chine où l’urbanisation rapide, le développement industriel majeur et les changements massifs transforment sa topographie.

China de Thierry Loa
21-21 China de Thierry Loa

Seven Grams de Karim Ben Khelifa

Prix Nouvelles Écritures 2022

Expérience de réalité augmentée pour mobile – 22’ – Lucid Realities – 2021 – France, UK, USA

Avez-vous déjà eu envie de voir comment fonctionnait votre téléphone ? L’avez-vous déjà ouvert et vous êtes-vous extasié devant ce trésor de technologie qui tient dans le cœur de votre main, dort sous votre oreiller, et que vous regardez plus de 2600 fois par jour ? Vous êtes-vous déjà demandé comment il était fabriqué et quelles ressources étaient nécessaires ? Seven Grams est une expérience en réalité augmentée qui propose de découvrir le lien entre votre smartphone et les conditions souvent dramatiques dans lesquelles sont extraits les minerais rares nécessaires à sa fabrication.

Seven Grams de Karim Ben Khelifa
Seven Grams de Karim Ben Khelifa

67 millisecondes de Fleuryfontaine

Teaser pour la Bourse Brouillon d’un rêve écritures et formes émergentes

2’

Suite à une enquête réalisée par l’association Index sur la mutilation d’un jeune homme par la police française, nous souhaitons réaliser un film dans lequel seront reconstitués en 3D la scène de l’incident et les mouvements de la victime juste avant sa mutilation. Le film ouvrira plus largement sur la question de la police en France, les armes du « maintien de l’ordre », la répression néocoloniale, la montée de l’extrême droite et enfin l’injustice et l’humiliation subies par la victime.

67 millisecondes de Fleuryfontaine
67 millisecondes de Fleuryfontaine

75.000 $ de Moïse Togo

Prix de l’œuvre expérimentale 2021

14’ – Le Fresnoy – 2020 – France

75 000 $ accentue l’aspect biologique de l’albinisme qui est une anomalie génétique et héréditaire qui affecte non seulement la pigmentation, mais aussi et surtout les conditions physiques et morales des personnes atteintes d’albinisme. Ces personnes sont victimes de discrimination, de mutilations et de crimes rituels en Afrique.

75000$ de Moïse Togo
$75, 000 de Moïse Togo

Tawla  de Claire Duhamel et Sharon Aronowicz

Pitch video pour la Bourse Brouillon d’un rêve Impact

4’

Nous sommes correspondantes en Israël-Palestine. Nous vous présentons TAWLA, notre projet de série documentaire qui montre la diversité des cultures israélo-palestiniennes… autour d’une partie de backgammon.

Metae d’Elisabeth Caravella

Teaser pour la Bourse Brouillon d’un rêve écritures et formes émergentes

6’

L’application de réalité augmentée, les posts qu’elle publie sur les réseaux sociaux, les arnaques à la webcam ou encore l’avatar de compagnie qui déambule dans son salon, dans ce film tout est vrai, sauf elle.

Metae d’Elisabeth Caravella
Metae d’Elisabeth Caravella

Bab Sebta de Randa Maroufi

Prix de l’œuvre expérimentale 2020

19’ – Barney Production – Mont Fleuri Production – 2019 – France, Maroc

Bab Sebta est une suite de reconstitutions de situations observées à Ceuta, enclave espagnole sur le sol marocain. Ce lieu est le théâtre d’un trafic de biens manufacturés et vendus au rabais. Des milliers de personnes y travaillent.

Bab Seta de Randa Maroufi
Bab Seta de Randa Maroufi

Le public était bien au rendez-vous de cette 18e édition qui s’est tenue, pour la première fois, au mk2 Bibliothèque. 2500 spectateurs et spectatrices, professionnels, étudiantes et étudiants sont venus voir des documentaires sur grand écran, les 2 et 3 décembre derniers.

Le Prix du public a distingué deux films ex-aequo :

  • Il faut ramener Albert de Michaël Zumstein (Première diffusion LCP-Assemblée nationale, Squawk productions)
  • Gagner sa viede Philippe Crnogorac et Pascale Maria Absi (Première diffusion Arte, Iskra films, IRD, Zorba productions, Vosges TV).

Cette grande fête du documentaire s’est achevée avec la projection en avant-première de La Mère de tous les mensonges d’Asmae El Moudir, qui a obtenu L’Œil d’or du documentaire au Festival de Cannes en mai dernier et sortira en salles en février prochain.

Retour en images sur ces deux jours

Le Festival Vrai de vrai se poursuit en ligne : du 4 au 18 décembre la programmation est en accès libre sur MK2 Curiosity,

…et en régions, tout au long de l’année 2024 : Rennes, Strasbourg, Nantes… accueilleront une sélection de la programmation avec le soutien de la Cinémathèque du documentaire.

Contact presse

Florence Narozny – florence@lebureaudeflorence.fr  – 06 86 50 24 51 – vraidevrai.fr

Cap sur la région Bretagne, avec ce 6eme volet de notre série Territoires et création sous la plume de la journaliste Emmanuelle Miquet. Une région enviée pour la qualité de son dialogue entre les professionnels et la collectivité du conseil régional. Des échanges sont actuellement en cours pour un futur dispositif supplémentaire, dédié à l’accompagnement des auteurs et des autrices.

La Bretagne et le documentaire audiovisuel

Cinquième fonds d’aide à la création en 2022, la Bretagne s’est hissée à la sixième place de financeur du documentaire audiovisuel avec un seul guichet – le conseil régional – et une enveloppe de 1 048 153 euros (20 % du budget total). Celle-ci a bénéficié à 69 aides documentaires (42 % du total), majoritairement au stade de la production (85,5 % des projets), du développement (10,6 %) et de l’écriture (3,9 %). Cet investissement inclut le contrat d’objectifs et de moyens (COM) signé avec les six acteurs locaux : les chaînes TVR, Tébéo, Tébésud, France 3 Bretagne et la web-tv bretonnante Brezhoweb ainsi que la plateforme Kub. L’an dernier, l’apport du COM dans le documentaire a atteint 359 153 euros (le 2e montant le plus élevé derrière celui des Hauts-de-France), dans 25 projets en production (44,6 % du nombre global des aides).

1 048 153 €

aide à la création

Un dialogue permanent entre les créateurs et la région

« La Bretagne, c’est un peu notre phare », considérait avec humour, mais néanmoins sérieusement, un auteur établi en Provence-Alpes-Côte d’Azur, dans l’étude de la Scam « Le documentaire, les régions et leurs aides » (2021). La région bretonne, parmi les premières à s’être dotée d’un fonds régional d’aide à la création cinématographique et audiovisuelle (le FACCA), en 1989, « a toujours été proactive. Quelle que soit la majorité élue, il y a toujours eu cette volonté politique très forte de structurer le secteur pour que les professionnels puissent vivre de leur travail, tout en dialoguant avec eux », confirme l’Arbre, l’association des auteurs et autrices, réalisateurs et réalisatrices tous genres et circuits de diffusion des œuvres confondus, vivant en Bretagne.

Il existe une vraie logique de concertation et de co-construction. Que ce soit sur le FACCA ou le contrat d’objectifs et de moyens (COM), les professionnels sont très généralement associés aux réflexions et aux décisions qui sont prises 

L’Arbre – association des auteurs réalisateurs de Bretagne

« Nous avons l’habitude de prendre des initiatives, proposer des améliorations, et la région a l’habitude de nous écouter, d’avoir sa porte ouverte. Cela ne veut pas dire qu’on est toujours d’accord et que l’on obtient systématiquement ce qu’on voudrait, mais le dialogue est là », poursuivent les auteurs. Leur spécificité sur ce territoire est qu’ils sont représentés via deux entités distinctes : le collège des auteurs réalisateurs et compositeurs (ARC) au sein de Films en Bretagne (FEB), la fédération interprofessionnelle de l’audiovisuelle et du cinéma qui regroupe l’ensemble des créateurs implantés sur le territoire, de l’écriture à la diffusion, et l’Arbre, antérieure à Films en Bretagne et qui lui a subsisté. Le périmètre du collège de FEB est plus large que l’Arbre, puisqu’il inclut les compositeurs de musique à l’image ainsi que les auteurs graphiques, aux côtés des scénaristes et des auteurs-réalisateurs de films.

Un COM pour accompagner les nouvelles écritures

Fondée en 1999, Films en Bretagne s’articule autour de quatre collèges avec chacun des représentants. Aux côtés des autrices et auteurs réalisateurs et compositeurs, figurent le collège des producteurs, celui des comédiens et des techniciens, ainsi qu’un autre qui réunit les acteurs culturels. Les négociations du secteur avec la région passent par Films en Bretagne. Toutefois, « des initiatives peuvent être menées par l’Arbre, voire conjointement avec la fédération, avec qui les relations sont très poreuses », explique l’association des auteurs et autrices.

La région se distingue également par son COM, unique dans l’Hexagone, car il réunit l’ensemble des six diffuseurs locaux publics et privés (cf.encadré La région Bretagne et le documentaire audiovisuel). Créé en 2009, il est le plus ancien. En 2022, une nouveauté a été introduite pour le documentaire : une « expérimentation portant sur les nouvelles écritures et les canaux numériques [qui] pourra être poursuivie » en 2023-2024, indique le document référentiel du COM 4 sur cette période. Dans ce cadre, « un programme de type documentaire pourra ainsi être soutenu et accompagné conjointement par les chaînes », est-il précisé.

L’idée est d’accompagner les nouveaux usages, en soutenant des œuvres qui sont pensées pour le digital, et non pour la télévision, avec un contenu d’intérêt régional .

Aurélie Rousseau, directrice générale de la chaîne locale TVR, coprésidente du syndicat national Locales.tv

« Si on a deux bons projets, on les fera. Cela dépendra des propositions. On s’inspire du travail mené par Arte sur les nouvelles écritures documentaires », détaille Aurélie Rousseau, directrice générale de la chaîne locale TVR, coprésidente du syndicat national Locales.tv et interlocutrice sur le COM de la Bretagne qu’elle a contribué à mettre en place. Une première série documentaire est actuellement en cours de production en association avec France 3 et les TV locales, pour Instagram : Rencontres du 3e clic, des épisodes de 5 minutes autour des sites de rencontres.

Ces projets « nouvelles écritures » sont financés à budget constant. « Depuis déjà plusieurs années, nous avons une enveloppe fermée pour le COM », expose Aurélie Rousseau, se félicitant d’avoir « déjà réussi à maintenir cette enveloppe ». Le contrat signé en Bretagne atteint « un montant de 1,8 million d’euros [au total Ndlr], le plus important en France, grâce à la subvention de la région Bretagne et des apports des chaînes en cash. A ce montant, s’ajoutent des apports en industrie des chaînes », souligne-t-elle également.

Vers un accompagnement renforcé des autrices et auteurs

A l’instar du COM, le fonds de soutien de la région pourrait évoluer, dans les prochains mois, avec un nouveau dispositif spécifique qui serait destiné aux auteurices. Celui-ci viendrait compléter un panel classique constitué de l’aide à l’écriture pour les auteurs, l’aide au développement pour le producteur ou encore l’aide à la production, qui peut être « demandée sans diffuseur, ce qui est assez rare », met en avant l’Arbre.

Début octobre, à Saint-Quay-Portrieux, les Rencontres de Films en Bretagne, rendez-vous régional annuel de la filière, avaient inscrit à leur programme une « conversation » avec le CNC et Ciclic, l’agence de la région Centre-Val de Loire, pour faire le point sur l’impact de leurs dispositifs respectifs en matière d’accompagnement des auteurs, et ainsi, nourrir les échanges avec la région. Ils proposent chacun une aide au parcours d’auteur, sous forme de bourse. En parallèle de l’aide à l’écriture classique, attribuée à un seul projet, elle permet d’apporter un soutien plus global au bénéficiaire, dans son travail de recherche et d’expérimentation pour un ou plusieurs projets.

Il est nécessaire de renforcer sur le territoire breton le travail d’accompagnement des auteurs, « les maillons les plus fragiles du secteur alors que sans eux, celui-ci n’existerait pas », souligne l’Arbre qui porte cette demande avec le collège des auteurs de Films en Bretagne et celui des producteurs. « La région est complètement ouverte et elle réfléchit avec nous à ce nouveau dispositif d’aide qui serait destiné exclusivement et directement aux auteurs mais dont les contours restent à déterminer », poursuit l’Arbre.

« Nous sommes au tout début de la discussion », abonde la collectivité. « Ce qui ressort de nos échanges avec les auteurs et les autrices est qu’ils et elles ont besoin d’avoir du temps pour prendre du recul, sur une carrière, une façon d’écrire, et pas seulement sur un projet. La philosophie est là. Maintenant, tout reste à faire pour trouver la bonne formule. C’est presque un projet de territoire à inventer », estime la région. « L’idée est de trouver un endroit où les enjeux politiques et les enjeux de la filière se rejoignent, sinon, ça n’a aucun intérêt. On reste sur ce principe de coconstruction avec les professionnels », résume-t-elle. Le calendrier envisagé est une mise en œuvre de cette nouvelle aide « courant 2024 », évoque néanmoins la région. Ce soutien sera financé « par redéploiement », précise-t-elle, donc via des arbitrages, dans la mesure où il n’y aura pas de hausse du budget du FACCA. « Evidemment, ça ne fait pas nos affaires ! », réagit l’Arbre.

De son côté, la région met en avant avoir « réussi à sanctuariser l’enveloppe globale » du fonds de soutien, ce qui, dans le contexte économique général, est à souligner. Elle fait aussi valoir que ces trois dernières années, « moins de projets documentaires audiovisuels ont été soutenus mais mieux ». Cela est particulièrement vrai à l’étape du développement où la moyenne par aide est passée de 9 000 euros en 2020 à 10 091 euros en 2022, selon les chiffres de la collectivité que l’on retrouve dans le Panorama annuel des interventions territoriales publié par Ciclic (cf.Méthodologie).

Un fonds qui n’a pas été augmenté depuis 2019

La dernière augmentation significative du fonds d’aide à la création remonte à 2019. En hausse « d’un peu plus d’1 million d’euros », rappelle la région, elle s’est inscrite dans une évolution des aides et de gouvernance. Ces chantiers faisaient suite à la réforme territoriale, votée en 2015 et entrée en vigueur en 2016. « Celle-ci n’a pas impacté la Bretagne dans ses contours géographiques, restés identiques, mais avec la fusion d’autres régions, qui allaient gagner en termes de budget, il fallait qu’on cherche un nouveau positionnement et qu’on trouve notre place dans ce paysage recomposé. Cela ne pouvait pas se faire sur la concurrence financière, dans la mesure où notre budget n’allait pas pouvoir rivaliser avec ceux des grandes régions, mais en développant des axes qui seraient notre identité, comme les coproductions internationales, la fiction audiovisuelle, la promotion de valeurs écologiques et sociétales, telles que la transition écologique, la parité, les droits culturels ou l’éducation artistique et culturelle, notamment », explique la collectivité. Ces chantiers ne se sont pas faits « au détriment du documentaire, dont l’enveloppe a été sanctuarisée », souligne-t-elle.

C’est aussi à ce moment-là qu’a été créé Bretagne Cinéma, service qui regroupe le FACCA et l’Accueil des tournages, dans le but de « rationnaliser l’organisation et essayer d’être moins dans la gestion purement administrative et davantage dans l’accompagnement qualitatif des projets », poursuit la région.

  • 69 aides

    à la création
    en 2022

  • 41 K€

    pour l'écriture

  • 111 K€

    pour le développement

  • 896 K€

    pour la
    production

Des pistes pour l’avenir

 Dans les améliorations à apporter aujourd’hui au fond de soutien régional, les auteurs et les autrices affirment être « au tout début d’une réflexion autour d’une bourse de repérages, sur le modèle de dispositifs existants dans d’autres territoires ou dans l’aide Brouillon d’un rêve de la Scam, par exemple. Depuis 2022, cette dernière propose une bourse initiale de repérages. D’une dotation de 2 500 euros, elle est destinée à soutenir une première étape d’écriture pour effectuer des repérages, des recherches documentaires, des entretiens préparatoires ou permettre la fabrication d’un teaser. « C’est quelque chose qui nous manque », note l’Arbre, qui estime qu’en Bretagne, comme dans de nombreuses autres régions, les aides à l’écriture n’en sont plus vraiment, en raison des exigences demandées pour les dossiers qui doivent être déjà très aboutis.

Par ailleurs, l’Arbre plaide depuis déjà pas mal d’années pour que les auteurs et les autrices soient rémunérés pendant les résidences ou les formations auxquels ils participent. « Les résidences sont certes formidables et hyper intéressantes, mais de quoi vit-on pendant cette période ? », interroge l’association. « Les compositeurs de musique à l’image ou les auteurs graphiques dans l’audiovisuel sont, eux, rémunérés lorsqu’ils sont en résidence », fait-elle remarquer.

En partenariat avec l’Arbre, le collège des auteurs réalisateurs et compositeurs de Films en Bretagne a mené dernièrement une enquête « flash » sur les conditions de travail et de rémunération des auteurs et des autrices sur le territoire. Ce travail, restitué lors des récentes Rencontres de Saint-Quay-Portrieux, est une première étape vouée à nourrir une future enquête plus large sur l’ensemble de la filière. L’une des « demandes extrêmement forte » qui est ressortie de ce premier volet est la « création d’une maison des auteurs, voire quatre », indique l’Arbre. Soit une dans chaque département (les Côtes-d’Armor, le Finistère, l’Ille-et-Vilaine et le Morbihan), au nom du principe de décentralisation.

La grande force de la Bretagne tient à la structuration de la filière, très complète, partout sur le territoire, s’accordent d’ailleurs à dire les professionnels quel que soit leur métier.

Les films peuvent émerger dans la région, y être produits, puis diffusés.

Un représentant du collège des producteurs et des productrices de Films en Bretagne

Concernant la formation, par exemple, deux nouvelles offres sont attendues en septembre 2025 : un BTS Audiovisuel à Douarnenez, et l’école Skol Doc à Mellionnec. Cette dernière s’articulera autour de quatre axes : un cursus pour les amateurs, de la formation initiale, un cursus professionnel et de la formation continue. « « Les trois premiers existent déjà mais avec la création de l’école, ils vont prendre de l’ampleur, à côté de la formation continue, totalement nouvelle, pour la réalisation, le montage et la production », précise Jean-Jacques Rault, codirecteur de Ty Films, l’association à l’origine des Rencontres du film documentaire de Mellionnec et de Skol Doc, dont il a la charge. Ce village des Côtes-d’Armor est devenu un « petit Lussas, un lieu de résidences et de création très riche et très attractif pour les talents », relève un professionnel.

Un réseau de distribution bien en place

Le dynamisme de la Bretagne réside en outre dans le travail effectué en matière de diffusion des œuvres, grâce à un réseau de distribution très développé. La Bretagne se caractérise en effet par un nombre important de salles de cinéma indépendantes, dont beaucoup sont labellisées « art et essai », présentes sur tout le territoire. Opéré tout au long de l’année, cet accompagnement des films se retrouve notamment durant le Mois du film documentaire en novembre, coordonné par les quatre associations Cinécran (Morbihan), Comptoir du Doc (Ille-et-Vilaine), Daoulagad Breizh (Finistère) et Ty Films (Côtes-d’Armor). L’association Comptoir du Doc décline également le festival Vrai de vrai ! (auparavant nommé Les Etoiles du documentaire), à Rennes.

Les auteurs et les autrices sont conscients de ce travail de diffusion, qui marche avec l’ensemble du secteur. C’est plus facile de défendre un FACCA et des positions quand les films sont montrés, accompagnées par leurs auteurs.

L’Arbre

L’existence de ce réseau et ces initiatives créent forcément une émulation, ce point fait là aussi consensus chez l’ensemble des professionnels.

S’il fallait pointer une faiblesse sur le territoire breton si envié, ce serait l’absence de fonds de soutien à la création dans les départements, pourtant engagés à une époque. « Le Finistère et les Côtes-d’Armor en ont eus, avant de les supprimer il y a quelques années, pour des raisons budgétaires », rappelle un professionnel. Quand leur situation s’est améliorée, ils ont préféré investir sur des projets dits de « territoire », comme Ty Films ou le Groupe Ouest, connu entre autres pour ses résidences d’écriture. Leur retour dans la boucle des collectivités territoriales via un fonds de soutien dédié serait forcément un plus, s’accordent à nouveau les différents professionnels.

Méthodologie des enquêtes de la Scam pour un état des lieux du documentaire en région

Ces focus sont circonscrits au seul documentaire audiovisuel (donc hors court et long métrage). Ils proposent une photographie quantitative et qualitative de chaque région, à travers la parole des auteurs-réalisateurs et autrices-réalisatrices qui vivent et travaillent dans ces territoires. S’y expriment également les points de vue des autres acteurs animant ces filières régionales.

Les chiffres clés relatifs à la région Bretagne sont issus des données collectées par l’agence Ciclic-Centre-Val-de-Loire pour le Panorama des interventions territoriales en faveur du cinéma et de l’audiovisuel publié chaque année, dans le cadre de sa convention de coopération triennale État-région-CNC. Le périmètre des collectivités est identique à celui du Panorama, qui prend en compte la région, les départements, les eurométropoles, les métropoles et les villes, s’il y a lieu. De la même manière, les statistiques se concentrent sur les aides délivrées par la région, le premier niveau d’intervention. Les investissements de la région agrègent ceux octroyés via le ou les contrats d’objectifs et de moyens signés entre la collectivité et le ou les diffuseurs, quand ils existent. Les statistiques autres que celles de Ciclic qui pourraient être citées dans l’article sont dans tous les cas sourcées.

Remerciements : Pauline Martin et Pierre Dallois à l’agence Ciclic-Centre-Val-de-Loire, les auteurs et autrices de la Boucle documentaire.

Série Territoires et Création

photo Pascal Bondis

#1 – L’Occitanie

Blois - photo Julia Casado
Blois - photo Julia Casado

#3 – Centre-Val de Loire

Daniel Hourtoulle
photo Daniel Hourtoulle

#4 – Grand Est

photo Franziska Hannemann

#5 – Hauts de France

photo Christel Sagniez

#6 – Bretagne

La Scam poursuit avec la journaliste Emmanuelle Miquet son tour de France par territoire. Direction la région des Hauts-de-France, marquée en 2023 par la mise en place d’un fonds de soutien à la création par le département de la Somme et de nouveaux règlements à Pictanovo qui ne font pas tous l’unanimité chez les créateurs régionaux.

La région Hauts-de-France et le documentaire audiovisuel

Deuxième fonds régional d’aide à la création audiovisuelle et cinématographique en 2022, derrière l’Île-de-France, la région des Hauts-de-France est la troisième contributrice au documentaire audiovisuel, derrière la Corse, et la région francilienne, en tête. Son enveloppe atteint 1 491 085 euros en intégrant les deux contrats et d’objectifs et de moyens (COM) signés entre la région et les chaînes locales Wéo ainsi que BFM Grand Lille. Leur investissement cumulé s’établit à 423 250 euros, dans 23 projets à l’étape de la production (sur un total de 36 aidés, soit 64 %). Ce montant via le COM est le plus élevé de toutes les collectivités territoriales devant la Bretagne. L’intervention du fonds de soutien régional se répartit entres les aides à la production (83,2 % du total du budget total), le développement (8,5 %) et l’écriture (8,3 %).

1 491 085 €

aide à la création

De nouveaux règlements adoptés par Pictanovo

Au terme de près de deux ans d’une concertation interprofessionnelle mouvementée, Pictanovo, l’association chargée de mettre en œuvre et de gérer financièrement le fonds de soutien de la région des Hauts-de-France, a adopté en juillet 2023 de nouveaux règlements, en vigueur depuis le mois de septembre. Le chantier avait été ouvert pour faire évoluer des textes modifiés à la marge ces dernières années, en tenant compte des demandes de la filière audiovisuelle et cinématographique.

Pour les auteurs et les autrices, l’une des évolutions les plus notables porte sur le fléchage de l’aide à l’écriture, qui est indirecte dans cette région. Le statut d’association loi 1901 de Pictanovo permet en effet à l’organisme de rémunérer une personne morale, soit la société de production qui est donc le bénéficiaire de l’aide, et non une personne physique (l’auteur).

L’aide à l’écriture est maintenant intégralement destinée aux auteurs

Safir Hauts de France

Auparavant, le règlement stipulait que « 60 % du budget » de l’aide à l’écriture devaient être consacrés à la rémunération des auteurs. Dorénavant, le fléchage prévoit que « 100 % de l’aide à l’écriture octroyée par Pictanovo » devront être consacrés à leur rémunération. Comme c’était déjà le cas précédemment, le producteur « doit obligatoirement présenter un contrat d’option et/ou de cession de droits d’auteur concernant l’œuvre et ce dès le dépôt du dossier ».

« L’aide à l’écriture est maintenant intégralement destinée aux auteurs », résume la Safir Hauts-de-France, société des auteurs et réalisateurs indépendants, qui représente tous les répertoires.

Elle a porté cette demande conjointement avec Rhizom, l’association des producteurs et des productrices audiovisuels, cinéma et nouveaux médias dans les Hauts-de-France, à défaut de pouvoir obtenir une aide à l’écriture directe, pour les raisons évoquées précédemment.

Des critères de territorialité insuffisants pour le documentaire

L’autre évolution majeure concerne les critères de territorialité nécessaires pour recevoir des aides des Hauts-de-France.  Sur ce point, les demandes des professionnels n’ont pas été totalement entendues.

La Safir et Rhizom ont défendu un modèle institué dans de nombreuses régions c’est-à-dire obtenir au minimum pour être éligible, deux critères sur les quatre établis : le lieu de résidence de l’auteur ou du réalisateur basé dans les Hauts-de-France ; celui de la société de production basé sur le territoire ; l’intérêt du sujet pour la région ; une dépense a minima sur le territoire de 160 % de la somme versée par Pictanovo. L’enjeu de cette proposition était que « le fonds continue à être favorable à la filière régionale et la conforte, ce qui a toujours été l’esprit des règlements », explique la Safir.

À l’arrivée, les textes se sont dans l’ensemble considérablement assouplis, estiment les professionnels. « Il y a une volonté, de créer de l’emploi en région, mais qui n’est pas encadrée par un minimum d’exigences de territorialité en dehors du court métrage » expose la Safir. Le règlement du court métrage stipule bien en effet qu’un critère au minimum est à respecter parmi les trois suivants : auteur/réalisateur, scénariste, coauteur ayant sa résidence fiscale en Hauts-de-France ; producteur, coproducteur délégué disposant d’un établissement stable dans la région ; un montant minimal de dépenses en Hauts-de-France de 130 % de l’aide attribuée.

En revanche, pour le documentaire, comme pour la fiction et l’animation, le texte n’est pas aussi précis, ce que regrette la Safir. Il mentionne que « seront notamment pris en compte les critères suivants » : l’expérience » des auteurs / réalisateurs, scénariste, coauteur, et/ou celle du ou des producteurs délégués ; le projet s’appuyant sur des caractéristiques géographiques, historiques, culturelles, sociales ou économiques du territoire ; et un tournage en région significatif. Il indique aussi que « le comité de lecture prendra en considération l’implication régionale que les projets d’œuvres porteront en termes d’emplois et de retombées économiques dans la région des Hauts-de-France, dans les limites autorisées par le RGEC » (le règlement général d’exemption par catégorie de la Commission européenne).

La raison de son choix est « très simple », répond Godefroy Vujicic, directeur général de Pictanovo. « Nous avons eu une alerte au niveau des services juridiques de la région et de l’Europe stipulant que les quatre critères envisagés n’étaient pas conformes au RGEC, donc aux règles européennes de libre installation et de libre concurrence dans l’espace Schengen ».

« Cet argument nous a étonné car ces quatre critères s’appliquent dans d’autres régions », commente la Safir.

Pour cette dernière, « le nouveau règlement ouvre la porte à des interprétations et à une certaine subjectivité autour de cette territorialité ». L’une de ses craintes est « que Pictanovo devienne un guichet comme un autre » et que « la facilité d’accès au fonds de soutien documentaire entraîne des dépôts très opportunistes, au détriment des dossiers portés avec des auteurs de la région ». « Nous ne demandons pas un passe-droit mais des garde-fous afin de prendre en compte la fragilité de la filière documentaire et son besoin d’être soutenue », détaille la Safire.

Ses interrogations vont au-delà de la problématique des auteurs et autrices. Il ne faudrait pas que soit remise en cause la philosophie originelle du fonds, créé pour développer un tissu professionnel régional. Pictanovo s’est d’ailleurs engagée sur une clause de revoyure afin de mesurer l’impact des nouveaux textes sur l’aide à l’écriture et les questions de territorialité.

Soutenir les auteurs et les producteurs locaux, c’est fixer les droits des œuvres sur le territoire, ce qui n’est pas le cas lorsqu’on accueille un tournage initié à l’extérieur de la région. Cela permet aussi de résister à la concentration du secteur en Île-de-France.

Rhizom, association des professionnels du cinéma et de l’audiovisuel en Hauts-De-France

Stimuler l’émulation au sein de la filière locale

« Il n’y a aucune volonté de notre part de fragiliser l’écosystème régional des auteurs et des producteurs, bien au contraire », réagit Godefroy Vujicic. Il souligne que dans les Hauts-de-France, des représentants des organisations professionnelles peuvent assister aux comités de sélection des dossiers. S’ils n’ont pas le droit de vote, ils ont la possibilité d’apporter avant celui-ci des informations complémentaires relatives à leurs adhérents. Ce fonctionnement, qui n’a rien de systématique au sein des autres collectivités, est une « énorme plus-value », juge Pictanovo.

Nous ne sommes pas un fonds ayant vocation à soutenir uniquement des projets régionaux ou des entreprises régionales. Nous n’en aurions pas le droit.

Pictanovo

L’ambition de Pictanovo est de continuer à « stimuler l’émulation au sein de la filière locale tout en conservant une attractivité pour qu’un maximum de projets de qualité arrive sur le territoire ». Aux côtés des auteurs et des producteurs, il existe un important tissu de techniciens, rappelle Godefroy Vujicic. Les ambitions des Hauts-de-France en matière d’attractivité dépassent le cadre national. La région a obtenu cinq dossiers lauréats (sur 68) lors de l’appel à projets de « La Grande Fabrique de l’image », initié dans le cadre de France 2030 pour des studios de tournage, de production numérique et de formation en cinéma et audiovisuel, afin de faire de la France un pays leader en Europe dans ces domaines.

Exceptée l’évolution récente des règlements sur la territorialité « la région a historiquement toujours bien soutenu le documentaire et bien accompagné la filière », estime la Safir. « Le doublement des fonds de Pictanovo en 2017 a constitué une bonne surprise car, automatiquement, ce sont plus d’aides à l’écriture, au développement et à la production qui ont été distribuées », relève l’association. « De plus, la mise en place du contrat d’objectifs et de moyens et les coproductions qu’il permet de générer (cf. Encadré chiffres), a entraîné une professionnalisation des auteurs et autrices, réalisateurs et réalisatrices de la région », souligne-t-elle. La Safir met en avant la variété des aides proposées dans le fonds de soutien, citant en particulier le fonds Emergence, « quasiment unique en France ». Il a vocation à accompagner les premiers pas des auteurs et soutenir les œuvres issues du monde associatif, notamment dans le secteur du documentaire. En 2022, il a bénéficié à cinq projets pour une enveloppe de 47 835 euros, selon les données de Pictanovo.

  • 94 aides

    à la création
    en 2022

  • 124 K€

    pour l'écriture

  • 126 K€

    pour le développement

  • 1 241 K€

    pour la
    production

Trois fonds d’aide pour le documentaire

L’autre porte d’entrée pour soutenir le genre est le fonds d’aide au programme éditorial d’écriture et de développement (95 000 euros investis dans 13 projets l’an dernier), ainsi que le fonds documentaire dont le montant s’est élevé à 977 000 euros attribués à 54 projets audiovisuels et cinématographiques, détaille Pictanovo : 14 en écriture ; 8 en développement et 32 en production. Près de 60 % de ces 54 aides sont allés à des sociétés de production régionales, pointe la structure, et « 53 auteurs-réalisateurs de la région en ont bénéficié, sachant que parfois il y a plusieurs bénéficiaires sur un seul et même projet ».

« Au total, via ces trois fonds, environ 1,2 million d’euros ont directement été fléchés sur le documentaire, auxquels vient s’ajouter le COM », insiste Godefroy Vujicic, dont l’investissement communiqué est légèrement différent de celui publié dans le Panorama de Ciclic (cf. Encadré chiffres). Le budget 2023 dévolu au genre se situe à un niveau similaire à 2022, indique-t-il. L’enveloppe d’aide à l’écriture et au développement documentaire a même été « réabondée de 25 000 euros », lors du dernier conseil d’administration, pour répondre à « l’inquiétude des auteurs » sur le montant qui « ne paraissait pas suffisamment important pour accompagner les nouveaux projets à venir en écriture et en développement », détaille-t-il encore.

En parallèle, le conseil départemental de la Somme a lancé en 2023 un fonds d’aide à la création audiovisuelle et cinématographique, visant à soutenir des projets promouvant le patrimoine samarien et les talents locaux. Destiné aux sociétés de production, réalisateurs et auteurs disposant d’une existence juridique, ainsi qu’aux associations, ce fonds intervient en écriture, avec un montant plafond de 4 000 euros en production et en diffusion dans le département. Les champs éligibles sont le court et le long métrage, la série TV et la websérie d’animation, de fiction et de documentaire. Une enveloppe de 121 000 euros sera allouée à la première des deux sessions annuelles, qui était attendue en septembre.

« Le fruit de la politique culturelle menée dans les Hauts-de-France est productif », constate Godefroy Vujicic.

En outre, le dirigeant met en exergue des festivals locaux porteurs pour la filière documentaire : le Festival international de grand reportage d’actualité (Figra), qui inclut le documentaire de société, à Douai, le Festival 2 Cinéma de Valenciennes, et le Festival international du film d’Amiens (Fifam), organisateur de résidences d’écriture, à l’Abbaye de Saint-Riquier, dont Pictanovo est désormais partenaire. Les sessions de pitchs (en court métrage, fiction et documentaire) de Cinémondes, le festival international du film indépendant de Berck-sur-Mer, contribuent également « à la dynamique générale visant à se déployer, grandir et se structurer », considère Pictanovo.

Avec le tissu d’auteurs, de réalisateurs et de producteurs en région extrêmement riche et qualitatif, on ne peut que continuer à porter des initiatives qui concourront à faire croître et faire monter en puissance cet écosystème.

Godefroy Vujicic

Une des missions actuelles de Rhizom est justement de s’adosser aux manifestations régionales pour « rendre visible le travail des professionnels locaux du documentaire et le mettre en valeur », explique l’association des producteurs. Parmi les initiatives les plus avancées, deux journées professionnelles devraient être proposées dans le cadre de la 19e édition de Cinémondes, attendue du 11 au 15 octobre. Une table-ronde intitulée « Filmer les migrations », initiée par la Safir, y est prévue samedi 14 octobre, entre autres. Au Fifam, qui se déroulera du 10 au 18 novembre, l’ensemble des professionnels du documentaire devrait aussi participer à une table ronde sur la diffusion des films.

La région des Hauts-de-France dispose aujourd’hui de deux COM, l’un avec

Wéo et l’autre avec BFM Grand Lille, qui ont contribué à la structuration de la filière documentaire, on l’a vu. À l’occasion de leur renégociation, il a été question qu’un troisième COM soit conclu avec France 3 Hauts-de-France, à partir de 2023. À l’heure de notre bouclage, un contrat avec la chaîne n’était pas d’actualité pour la région, a fait savoir cette dernière, sans plus de détails. Dans la perspective de ce nouveau COM, 100 000 euros avaient été provisionnés sur l’enveloppe globale pour France Télévisions. « Que vont-ils devenir ? », interroge la Safir. « Seront-ils définitivement perdus ou seront-ils répartis sur les deux autres chaînes, ce que nous demandons », poursuivent les auteurs, qui soulignent que la question se pose d’autant plus que le dernier comité relatif au COM en 2023 se réunira le 6 octobre.

 Pour autant, pointe la Safir, le dynamisme des Hauts-de-France ne doit pas éluder la situation dans laquelle se trouvent aujourd’hui les auteurs et autrices. « Comme au niveau national, on assiste ici à une paupérisation croissante de nos métiers, notamment due au fait que le montant des aides par projet (et les apports des chaînes régionales notamment) n’a pas changé depuis pratiquement dix ans, malgré l’augmentation générale des coûts », décrit l’organisation professionnelle. Le doublement du fonds en 2017 a en effet fait progresser le nombre de projets aidés mais pas le montant par projet.

Ce constat s’accompagne d’un « sentiment un peu général » chez ses adhérents du « syndrome du plafond de verre ». « Lorsqu’on est auteur-réalisateur en région, on collabore avec des producteurs de la région, on fait nos films avec les chaînes régionales, mais dès qu’on essaie de travailler avec le national, c’est un peu plus complexe. On a l’impression d’avoir une étiquette ‘Hauts-de-France’ qu’on a du mal à décoller », développe la Safir. « Et lorsqu’on collabore avec des producteurs parisiens, on est bien souvent ramenés à notre région, parce que leur intérêt est de nous avoir pour déposer une aide à Pictanovo et solliciter une chaîne régionale ».

Méthodologie des enquêtes de la Scam pour un état des lieux du documentaire en région

Ces focus sont circonscrits au seul documentaire audiovisuel (donc hors court et long métrage). Ils proposent une photographie quantitative et qualitative de chaque région, à travers la parole des auteurs-réalisateurs et autrices-réalisatrices qui vivent et travaillent dans ces territoires. S’y expriment également les points de vue des autres acteurs animant ces filières régionales.

Les chiffres clés relatifs à la région Hauts-de-France sont issus des données collectées par l’agence Ciclic-Centre-Val-de-Loire pour le Panorama des interventions territoriales en faveur du cinéma et de l’audiovisuel publié chaque année, dans le cadre de sa convention de coopération triennale État-région-CNC. Le périmètre des collectivités est identique à celui du Panorama, qui prend en compte la région, les départements, les eurométropoles, les métropoles et les villes, s’il y a lieu. De la même manière, les statistiques se concentrent sur les aides délivrées par la région, le premier niveau d’intervention. Les investissements de la région agrègent ceux octroyés via le ou les contrats d’objectifs et de moyens signés entre la collectivité et le ou les diffuseurs, quand ils existent. Les statistiques autres que celles de Ciclic qui pourraient être citées dans l’article sont dans tous les cas sourcées.

Remerciements : Pauline Martin et Pierre Dallois à l’agence Ciclic-Centre-Val-de-Loire, les auteurs et autrices de la Boucle documentaire.

Série Territoires et Création

photo Pascal Bondis

#1 – L’Occitanie

Blois - photo Julia Casado
Blois - photo Julia Casado

#3 – Centre-Val de Loire

Daniel Hourtoulle
photo Daniel Hourtoulle

#4 – Grand Est

photo Franziska Hannemann

#5 – Hauts de France

La Scam poursuit avec la journaliste Emmanuelle Miquet son tour de France par territoire. Rendez-vous dans la région Île-de-France qui se distingue par de nombreuses particularités :  depuis l’aide à l’écriture attribuée en contrepartie d’ateliers-rencontres pour les auteurs et les autrices, jusqu’à  l’absence d’aide au développement, ou de contrat d’objectifs et de moyens, qui sont au cœur des revendications des professionnels.

La région Île-de-France et le documentaire audiovisuel

Sur le haut du podium en 2022, comme les années précédentes, forte d’un fonds d’aide à la création d’un total de 18 882 500 d’euros, la région Île-de-France est aussi la première contributrice au documentaire audiovisuel avec 1 924 000 euros. Ce montant ne représente toutefois que 10 % du budget total, soit le pourcentage le plus faible dans l’Hexagone, juste derrière la Nouvelle-Aquitaine (11 %). Il est délivré par le seul conseil régional, les autres collectivités actives sur le territoire – la ville de Paris et le département de Seine-Saint-Denis – n’ayant pas octroyé de subventions au genre. En 2022, l’enveloppe a été répartie sur 30 aides (17 % du total) dont 29 au stade de la production et une seule en phase d’écriture, pour un montant de 10 000 euros. Il s’agissait d’une année où « moins de projets avaient été retenus par le comité de lecture », explique la région, soulignant qu’en 2021, cinq aides à l’écriture de scénario avaient été attribuées et que sept l’ont été en 2023.

18 882 500 €

aide à la création

Des spécificités particulières à la région

Si toutes les régions ont, par définition, leurs caractéristiques, l’Île-de-France cumule à elle seule plusieurs spécificités créant une situation qu’une partie des professionnels du documentaire audiovisuel y résidant jugent perfectible, en premier lieu les auteurs et les autrices. Dans ce territoire à la dimension à la fois régionale et nationale, première singularité – les chaînes nationales et de nombreuses sociétés de production étant implantées à Paris et en Île-de-France – les aides à l’écriture du fonds de soutien à la création ont, deuxième spécificité, un fonctionnement à part. « Par rapport à nos camarades des autres régions, elles sont très bien dotées, mais le problème est qu’il existe une contrepartie d’ateliers qui n’a quand même rien à voir avec un travail de création et d’écriture » résume Addoc, l’association des cinéastes documentaristes en Île-de-France.

Le montant de la bourse d’aide à l’écriture de scénario, de son appellation précise, versée directement par le conseil régional aux auteurs et autrices débutants et confirmés, est en effet la plus élevée de l’Hexagone avec une fourchette comprise entre 8 000 euros et 18 000 euros, en fonction de la durée de l’œuvre. Pour les documentaristes audiovisuels confirmés, celle-ci doit être « d’au moins 60 minutes », une exigence jugée assez contraignante, pour une aide moyenne de 10 000 euros.

L’attribution de l’aide au candidat ou à la candidate sélectionnée est subordonnée à la tenue d’ateliers-rencontres théoriques ou pratiques autour de la création cinématographique ou artistique (ateliers d’écriture, débat, réalisation …), gratuits.  Pour ces ateliers « il n’est pas exigé de lien thématique avec le projet de scénario », décrit le règlement. Destinés à un public non professionnel, ils doivent se dérouler en Île-de-France, au sein d’une structure d’accueil au choix de l’auteur (lycée, bibliothèques, centres pénitentiaires, hôpitaux…) sur une période de 4 à 6 mois. « Sont attendues 24 heures minimum en tout, réparties en plusieurs rencontres régulières, une séance devant durer au moins 1h », est-il également précisé.

« Ces ateliers nous transforment en animateurs. Cela crée une confusion entre création et éducation à l’image, ce que nous aimons beaucoup faire par ailleurs, mais il s’agit de deux choses différentes. Les ‘collisionner’ ainsi dans une aide est problématique et vraiment regrettable par rapport à ce que représente le travail d’écriture et la création dans le documentaire ».

Addoc

L’association « salue » un « allègement du cahier des charges » des ateliers, ces dernières années, notant que la région a été attentive aux critiques des professionnels. Pour autant, « extrêmement chronophages et très lourds » ils ajoutent à la précarité, relève Addoc : « on travaille gratuitement, sans que cela ne nous ouvre des droits sociaux. C’est la double peine ».

« La tenue de cet atelier-rencontre en direction des publics franciliens est le seul critère de territorialité demandé par la Région aux auteurs et aux autrices pour l’aide à l’écriture, alors que d’autres collectivités demandent parfois un lien direct du projet lui-même avec le territoire ou la domiciliation de l’auteur », défend un représentant de la région. « Cette contrepartie s’inscrit aussi dans une logique de transmission et de médiation. Ainsi les Franciliens font la rencontre d’auteurs-artistes », fait-il également valoir. Il rappelle à son tour que « ce dispositif créé en 2012 a évolué depuis l’élection de Valérie Pécresse à la présidence de la Région Île-de-France en 2015, avec l’instauration de deux collèges (débutants et confirmés) et un assouplissement du cahier des charges pour les ateliers-rencontres », comme mentionné par les auteurs.

L’accès à l’aide, octroyée par une commission unique qui réunit tous les genres, le documentaire se retrouvant en compétition avec des projets de fiction et d’animation, est compliqué, y compris dans les modalités du dépôt des dossiers, estiment les auteurs. Contrairement aux autres régions, les inscriptions sont ouvertes « de minuit à minuit », à un jour donné, soit pour une durée de 24 heures. « Comme tout le monde se connecte en même temps, il est fréquent que la plateforme ‘bugge’ et qu’on passe la nuit à essayer de déposer son dossier », relate Addoc.

La mention du numerus clausus récemment supprimée

Un autre point, unique en France, cristallise les critiques : le principe du numerus clausus, instauré par la région, du fait d’un nombre de dépôts en constante augmentation, argue celle-ci. Sa mention a été supprimée depuis peu, informe la collectivité. Désormais, la page de l’aide à l’écriture de scénario sur le site de la région indique : « Attention, suivant le nombre de candidatures reçues pour un collège, il se peut que l’examen de certains dossiers soit reporté à une session ultérieure ». Auparavant, était explicitement évoquée l’application d’un « numerus clausus pour chaque collège (auteurs débutants et auteurs confirmés ». « L’examen des projets inscrits sur la plateforme après atteinte du numerus clausus sera reporté à une session ultérieure », était-il écrit. La suppression du terme signifie-t-elle pour autant l’abandon du principe ou celui-ci devient-il discrétionnaire ? La formulation, floue, laisse planer le doute.

La présence, et le vote, des élus dans les comités d’experts qui sélectionnent les dossiers, est une autre « particularité pour ne pas dire un particularisme » de la région Île-de-France également relevé par Addoc, qui regrette ce fonctionnement au sein du fonds de soutien. Autorisé, il est de fait très rare.

Des aides insuffisantes pour les télévisions locales

La région francilienne se distingue en outre par l’absence d’aide au développement dans son fonds de soutien, ainsi que de contrat d’objectifs et de moyens (COM) avec les télévisions locales. « Avec d’autres associations de documentaristes et des diffuseurs, on se bat depuis des années pour essayer d’en avoir un. Or, on n’arrive même pas à obtenir un rendez-vous avec la région pour en parler », déplore Addoc. La situation est pour ses membres d’autant moins compréhensible que le territoire affiche un dynamisme notable avec plusieurs chaînes engagées dans le documentaire, comme Télé Bocal, basée à Paris, vià93, à Montreuil, et TV 78, dans les Yvelines, et une évolution récente du paysage, avec les lancements de 20 Minutes TV ou de Figaro TV Ile-de-France, qui pourraient encore faire bouger les lignes.

L’absence de COM, dispositif abondé par la région et le CNC, a un impact très concret sur l’économie des œuvres soutenues par les chaînes locales franciliennes dont l’apport se fait généralement en industrie, et non en cash. « Si on avait un COM, on pourrait apporter un numéraire significatif dans les projets », expose Sylvain Poubelle, cofondateur et directeur de vià93.

Que l’Île-de-France ne soit pas signataire d’un COM, pour lequel la collectivité dit ne jamais avoir été sollicitée, ne l’empêche pas de soutenir des projets adossés aux chaînes locales, parallèlement à ceux destinés à des diffuseurs nationaux, fait-elle remarquer. Car « l’une des spécificités franciliennes est en effet qu’elle concentre les chaînes nationales », rappelle à son tour un représentant de la région, et que celles-ci déposent au même titre que les télévisions locales.

Les bilans des aides à la production audiovisuelles (dénommées par la région fonds de soutien audiovisuel) votées en 2022 et en 2023 – pour des projets qui sont adossés à des diffuseurs, ce qui n’est pas le cas au stade de l’écriture -, traduisent, pour ces deux années-là en tout cas, une présence extrêmement rare d’œuvres associées à des télévisions locales. Selon les données disponibles jusqu’à il y a peu sur le site de la région, 85 projets tous genres confondus ont été soutenus durant cette période, parmi lesquels 52 documentaires (42 unitaires, 10 séries). Trois d’entre eux ont été accompagnés par des chaînes locales, soit moins de 6% : deux destinés à vià93 et un à France 3 Île-de-France. Les autres documentaires sélectionnés étaient majoritairement destinés à Arte et France Télévisions.

Pour Addoc, les aides attribuées par la région Île-de-France « ne reflètent pas le secteur du documentaire de création ».  À part de rares exceptions, elles sont « généralement fléchées à destination de films qui ont une ambition économique et celle de faire de l’audience, donc à l’industrie, alors que le propre des cinéastes de documentaires est de tenter des formes et d’innover ». La région réfute toute discrimination « Les projets diffusés sur les chaînes locales comme sur les chaînes nationales sont éligibles aux aides régionales du fonds de soutien audiovisuel. Les choix sont opérés avant tout selon des critères artistiques et de solidité des projets. C’est tout ce qui compte.

« A coup de cœur égal, les commissions sont aussi assez sensibles aux besoins de financement. Elles vont parfois privilégier un projet qui est plus fragile économiquement »

La région Île-de-France

« Les chaînes locales ne sont absolument pas aidées par la région, que ce soit dans le domaine du documentaire ou dans leur fonctionnement, ce qui était le cas à une époque », constate, quant à lui, Sylvain Poubelle. Elles ont pourtant un rôle prépondérant « dans l’émergence des talents, un rôle de tête chercheuse », poursuit-il, de multiples exemples à l’appui. « Le documentaire La mort de Danton (2011), un film déterminant au début de la carrière d’Alice Diop « a été soutenu à l’époque par TVM Est Parisien, devenue ensuite vià93 », rappelle ainsi son dirigeant. Plus récemment, l’apport en industrie de la chaîne viàGrandParis (depuis rachetée et devenue Le Figaro TV Ile-de-France) a mis le pied à l’étrier à Laetitia Møller, pour son film L’énergie positive des Dieux, sur le processus créatif du groupe de rock Astéréotypie, composé d’autistes, sorti dans les salles après sa diffusion à la télévision.

Autre exemple et non des moindres : la trilogie Edouard mon pote de droite, grand succès de France Télévisions, dans laquelle le réalisateur Laurent Cibien a suivi Edouard Philippe entre 2014 et 2021. « Le premier épisode n’aurait jamais existé sans TVM Est Parisien », se souvient Sylvain Poubelle. Au début du projet, Edouard Philippe n’était pas encore premier Ministre, mais maire du Havre et « absolument pas connu. Aucune chaîne n’a voulu du film produit par la société montreuilloise Lardux Films, avec qui j’ai l’habitude de travailler. Ils sont venus me voir. Je les ai soutenus et le film a pu se monter ».

La double identité de la région francilienne

Le peu de soutien de la région aux documentaires diffusés sur les télévisions locales est « dommageable à la fois pour les sociétés de production, parce que ça fragilise leur plan de financement, dans la mesure où nos chaînes ne peuvent pas leur apporter un soutien en numéraire, pour les chaînes locales dont le travail n’est pas reconnu, et pour les auteurs », conclut Sylvain Poubelle. En tant que diffuseur, lui-même a « toujours été attentif aux premiers et aux deuxièmes films, contribuant ainsi à l’émergence des talents.

La situation francilienne tient en partie à sa double identité régionale / nationale : « Les trois quarts des producteurs se trouvent en Ile-de-France. Il n’y a donc pas un besoin aussi évident de soutenir l’écosystème régional, à l’inverse des autres territoires », observe le directeur de vià93. Quant au COM, « il n’y a pas d’enjeu à en signer. Les projets et les tournages viennent spontanément à la région », s’accordent à dire les professionnels.

La collectivité s’inscrit en faux contre ce tableau. « L’Ile-de-France est la première région à financer le documentaire audiovisuel en France », martèle-t-elle. « Entre 2016 [soit la première année du premier mandat de Valérie Pécresse] et 2023, la Région a soutenu [via le fonds de soutien audiovisuel] 217 documentaires (environ 27 par an) pour un montant total de 11 021 000 euros, et une moyenne annuelle de 1 377 000 euros. L’aide moyenne par documentaire s’établit à 51 000 euros qui s’échelonne en réalité entre 15 000 euros  et 100 000 euros », selon le stade où l’œuvre est soutenue et selon la nature du projet, déroule l’Ile-de-France.

Les aides à la production audiovisuelle documentaire de la région sont très structurantes au plan de financement, avec des montants pouvant atteindre plusieurs dizaines de milliers d’euros, jusqu’à se substituer parfois à un partenaire, constatent de leur côté les producteurs, avec ce bémol : la contrainte, également, d’un format de 60 minutes minimum. Les investissements franciliens sont toutefois à souligner dans un secteur qui pâtit « d’un sous-financement structurel », tient à rappeler l’Union syndicale de la production audiovisuelle (Uspa), mentionnant que l’apport des diffuseurs dans le budget d’un documentaire se situe « à hauteur de 40-50% quand il peut atteindre jusqu’à 70% pour la fiction ». L’étude de l’Uspa sur le documentaire publié en juin 2022 « mettait en lumière que 8 œuvres sur 9 n’étaient pas amorties au moment des rendus de comptes. En clair, cela signifie une perte d’exploitation pour le producteur », insiste le syndicat.

La stratégie de la région est « de ne pas saupoudrer, en aidant peu, mais mieux », poursuivent les producteurs. Revers de la médaille, les élus sont rares, et les sélectionnés souvent porteurs de projets d’ampleur et internationaux. Le « taux de sélectivité (sur les documentaires recevables, pour le fonds de soutien audiovisuel, donc hors aides à l’écriture) était de 21% en 2022 et de 22%  en 2023 », selon les données communiquées par la région. « On est un peu victime de notre succès », commente-t-elle.

  • 30 aides

    à la création
    en 2022

  • 10 K€

    pour l'écriture (Région seule)

  • 2M €

    au stade de la
    production

Les producteurs pour l’ouverture du fonds de soutien au numérique

Dans ce contexte, l’Uspa plaide pour « maintenir ce financement structurant en aidant davantage de projets », ce qui, mécaniquement, reviendrait à accroître l’enveloppe du fonds de soutien. Le syndicat milite également pour l’ouverture de l’aide à la production audiovisuelle aux œuvres numériques (destinées par exemple à france.tv /slash ou arte.tv), aujourd’hui réservée à la fiction et à l’animation. « C’est très important car ces œuvres sont un moyen de toucher un nouveau public, d’innover dans les écritures et de faire naître de nouveaux talents. On regrette que la région Ile-de-France ne participe pas à ce mouvement », précise l’Uspa qui demande également l’extension de l’aide aux services de médias audiovisuels à la demande, dits Smad. Le fait qu’ils ne soient pas éligibles va à rebours « de l’évolution générale », avec l’intégration des plateformes étrangères dans l’écosystème français, via le décret Smad, en vigueur depuis le 1er juillet 2021, qui encadre les obligations de production des plateformes étrangères.

Le SPI, qui rejoint l’Uspa sur la demande d’ouverture du fonds de soutien au numérique, pour intégrer les nouveaux modes de récits immersifs, par exemple, identifie d’autres « angles morts ». Il pointe l’absence d’aide au développement, qui n’a jamais existé dans le fonds de soutien francilien, alors qu’il s’agit pourtant d’une « phase cruciale, pour le producteur et pour l’auteur », ainsi que d’une aide à l’industrie destinée aux producteurs installés en Ile-de-France. Pourtant, leurs coûts, comme les loyers, y sont plus élevés qu’ailleurs, souligne le syndicat. Une question reste posée, relève une productrice. « Y-aura-t-il demain un mandat qui proposera un soutien en adéquation avec l’évolution de l’industrie et les objectifs de celle-ci, qui sont aussi les nôtres ? », interroge-t-elle considérant qu’il existe « deux façons d’avoir une politique culturelle. Soit on attend que les projets viennent à soi, soit on initie des choses. »

Dans l’environnement économique contraint actuel, l’heure n’est pas à la hausse du budget, réagit la région aux différentes revendications. « Nous avons déjà la chance qu’il ait été maintenu, voire qu’il ait progressé, selon les années. On ne pourra pas élargir à l’infini les dispositifs et aller au-delà de ce que nous faisons, sachant que l’on fait plus que les autres », réaffirme la collectivité. Elle met en avant « l’exception culturelle francilienne », de par la hauteur de ses investissements, qui sont le fruit de la « seule volonté politique de l’exécutif ».

Une meilleure attention aux auteurs et aux autrices, grâce à un dispositif d’aide à l’écriture sans contrepartie, ainsi qu’aux documentaires de création, avec la signature d’un COM, permettrait déjà de rééquilibrer la politique actuelle, estime de son côté Addoc. L’association rappelle à son tour le vivier de créateurs et créatrices qui existe sur le territoire francilien. Un soutien mieux orienté concourrait à le valoriser.

Méthodologie des enquêtes de la Scam pour un état des lieux du documentaire en région

Ces focus sont circonscrits au seul documentaire audiovisuel (donc hors court et long métrage). Ils proposent une photographie quantitative et qualitative de chaque région, à travers la parole des auteurs-réalisateurs et autrices-réalisatrices qui vivent et travaillent dans ces territoires. S’y expriment également les points de vue des autres acteurs animant ces filières régionales.

Les chiffres clés relatifs à la région Ile-de-France sont issus des données collectées par l’agence Ciclic-Centre-Val-de-Loire pour le Panorama des interventions territoriales en faveur du cinéma et de l’audiovisuel publié chaque année, dans le cadre de sa convention de coopération triennale État-région-CNC. Le périmètre des collectivités est identique à celui du Panorama, qui prend en compte la région, les départements, les eurométropoles, les métropoles et les villes, s’il y a lieu. De la même manière, les statistiques se concentrent sur les aides délivrées par la région, le premier niveau d’intervention. Les investissements de la région agrègent ceux octroyés via le ou les contrats d’objectifs et de moyens signés entre la collectivité et le ou les diffuseurs, quand ils existent. Les statistiques autres que celles de Ciclic qui pourraient être citées dans l’article sont dans tous les cas sourcées.

Remerciements : Pauline Martin et Pierre Dallois à l’agence Ciclic-Centre-Val-de-Loire, les auteurs et autrices de la Boucle documentaire.

Série Territoires et Création

photo Pascal Bondis

#1 – L’Occitanie

Blois - photo Julia Casado
Blois - photo Julia Casado

#3 – Centre-Val de Loire

Daniel Hourtoulle
photo Daniel Hourtoulle

#4 – Grand Est

photo Franziska Hannemann

#5 – Hauts-de-France

photo Christel Sagniez

#6 – Bretagne

La Scam poursuit avec la journaliste Emmanuelle Miquet son tour de France par territoire. Rendez-vous cette fois dans la région Grand Est, quatrième contributrice au genre en France, avec les subventions du conseil régional et celles de l’Eurométropole de Strasbourg cumulées.

Le début de l’année 2023 a marqué une « véritable avancée » pour la Safire Grand Est, l’association des auteurs, autrices, réalisateurs et réalisatrices du territoire, avec le vote par l’Eurométropole de Strasbourg, en mars, de l’aide au concept demandée par les auteurs et autrices après le Covid, en soutien à une profession fortement fragilisée.

La région Grand Est et le documentaire audiovisuel

Sixième fonds d’aide à la création, en 2022, la région Grand Est s’est hissée quatrième financeur du documentaire audiovisuel avec ses deux guichets, le conseil régional et l’Eurométropole de Strasbourg. Le premier a alloué au genre 1 213 790 euros (19 % de l’enveloppe totale de son fonds de soutien, incluant le contrat d’objectifs et de moyens et 35 % du nombre de projets). Les étapes de la production représentent 89 % des aides attribuées et le développement 11 %. S’y ajoutent quatre soutiens accordés au stade de l’écriture pour un montant de 16 000 euros, non comptabilisés par le Panorama des interventions territoriales dans le cinéma et l’audiovisuel de Ciclic pour des raisons de fléchage de la région dans sa transmission des données. Le règlement de la collectivité propose un dispositif commun (aide à l’écriture cinéma, audiovisuel et nouveaux médias), au sein duquel le montant de la subvention varie en fonction du format (inférieur ou supérieur à 60 minutes). En les prenant en compte, la part de l’écriture s’établit à 1,3 % de l’enveloppe documentaire et à 5,3 % des projets. L’Eurométropole de Strasbourg a attribué 200 000 euros (21 % de son fonds de soutien) dans 13 documentaires (34 % des aides), en production. En 2023, son soutien s’est élargi à l’écriture grâce à la toute nouvelle aide au concept.

1 429 790 €

aide à la création

Renforcement des actions des collectivités territoriales

Couvrant tous les genres de l’audiovisuel et du cinéma, le dispositif a pour objectif de soutenir l’origine du processus de création et de mener des recherches en amont de l’écriture du scénario, décrit le règlement. Il est accessible aux résidantes et résidants eurométropolitains expérimentés ou pas, avec une attention particulière aux « candidates et candidats émergents et issus de quartiers prioritaires ». C’est une « passerelle vers l’aide à l’écriture », résume la Safire.

Pour l’association, qui a porté l’aide au concept du début à la fin de sa mise en place, l’avancée se situe à deux niveaux. « D’une part, il s’agit de la seule ligne budgétaire culturelle qui a été ajoutée au niveau de l’Eurométropole, alors que la tendance générale est plutôt à la baisse des budgets de la culture. D’autre part, ce soutien va permettre à l’auteur de se projeter sur quelque chose d’ouvert, presque de l’ordre de l’embryon, contrairement à l’aide à l’écriture qui, aujourd’hui, que ce soit au CNC ou dans les territoires, n’en est plus vraiment une. Les exigences pour déposer les dossiers sont telles qu’on pourrait presque tourner le film », observe la Safire.

L’aide au concept a été pensée « pour mettre le pied à l’étrier à tous les autres dispositifs, régionaux et nationaux, et pour donner le temps de travailler aux auteurs émergents et à ceux plus chevronnés », appuie le département audiovisuel et cinéma de l’Eurométropole de Strasbourg. Son accompagnement s’articule en deux volets sur un an. Outre l’attribution d’une bourse pour soutenir le développement du projet, sera proposé un mentorat comprenant des ateliers collectifs pour les autrices et auteurs émergents et un suivi individuel pour les autres. L’enveloppe globale s’établit à 100 000 euros en 2023, avec l’ambition de soutenir 10 projets dotés chacun d’une bourse de 5 000 euros maximum. À partir de 2024, en année complète, l’objectif est de monter à 15 projets sélectionnés en deux sessions. Il y en avait une seule en 2023.

Avec l’aide au concept de l’Eurométropole et l’aide à l’écriture de la région, on a aujourd’hui un dispositif de mise en route des films qui est complet. 

La Safire, Société des auteurs indépendants de la région Est

La mise en place de ce dispositif, soutenu au sein de l’Eurométropole par Murielle Fabre, vice-présidente chargée de l’action culturelle, de la lecture publique, de l’audiovisuel et du cinéma, renforce l’action de la collectivité territoriale dont le fonds de soutien à la création était jusque-là circonscrit à la production (cf. Encadré Chiffres). Constatant que l’écriture et le développement restent les étapes les moins bien financées, et que la crise sanitaire a fragilisé « davantage le statut d’auteur », l’Eurométropole a souhaité s’engager en complément et aux côtés de la région Grand Est dont le fonds de soutien intervient déjà à toutes les étapes. « Avec l’aide au concept de l’Eurométropole et l’aide à l’écriture de la région, on a aujourd’hui un dispositif de mise en route des films qui est complet », décrit la Safire.

Des évolutions significatives du côté de la région

Du côté de la région, l’année 2022 s’est distinguée par plusieurs évolutions déjà actées qui figureront dans sa convention triennale tripartite pour la période 2023-2025 dont elle espère le vote en septembre : la création du Bureau des Images (BDI), le retour de la gestion complète des aides à l’écriture par la région ou encore l’émergence du prix CinEuro pour le développement de coproductions transfrontalières, qui succède au fonds d’aide au codéveloppement transfrontalier de la Grande Région. .

Le prix Cineuro est attribué une fois par an en fiction et en documentaire. Concernant le documentaire, il offre de nouvelles opportunités de travailler sur des écritures différentes, font remarquer les services de la région. Sa dotation de 10 000 euros pouvant être complétée par un bonus de 5 000 euros après deux ans, si l’avancement du projet est jugé satisfaisant.

Nous avons sanctuarisé globalement le budget de la culture, ce qui n’est pas le cas dans toutes les régions. 

Martine Lizola, présidente de la commission culture et mémoire du conseil régional et présidente du Bureau des Images

Ces changements « disent la volonté de la région Grand Est de renforcer la filière image et de lui apporter plus d’ingénierie pour la professionnaliser encore davantage », souligne, quant à elle, Martine Lizola, présidente de la commission culture et mémoire du conseil régional et présidente du Bureau des Images. En 2023, « nous avons sanctuarisé globalement le budget de la culture, ce qui n’est pas le cas dans toutes les régions », ajoute-t-elle. Pour ne parler que du fonds de soutien régional, il s’élève à près de 6 millions d’euros (avec l’apport du CNC) dont 685 000 euros dédiés à l’émergence et à l’accompagnement des talents, au travers de tous les dispositifs d’aides à l’écriture et au développement. Les chiffres de 2022 (cf. Encadré Chiffres) ne reflètent pas le « taux » d’accompagnement du documentaire en écriture par la région, précise la collectivité. Les années précédentes, cette étape avait été davantage soutenue, poursuit-elle, et en termes de dépôt, il y a eu davantage de dossiers reçus en 2023 en une seule session que sur la totalité de 2022.

Parallèlement à l’aide à l’écriture directe pour les auteurs et les autrices, la région accompagne la résidence de l’écriture à l’image, à Saint-Quirin. Depuis 2021, cette résidence est dédiée notamment aux autrices et auteurs régionaux de documentaire. Cette décision a été prise pour compenser la sélectivité grandissante du dispositif et la baisse du nombre de places par rapport à ce que la région espérait, explique celle-ci. La résidence de Saint-Quirin est l’un des points clés du développement de la filière en région, appuie l’Apage, l’association des producteurs audiovisuels du Grand Est.

Une nouvelle organisation bénéfique

Lancé le 1er janvier, le Bureau des Images est une nouvelle structure 100 % vouée à l’audiovisuel et au cinéma. Son périmètre comprend l’accueil des tournages ainsi que certaines des missions auparavant du ressort de l’Agence culturelle Grand Est et de Grand E-Nov+, l’agence chargée de l’innovation et de la prospection internationale. Avec cette nouvelle organisation, les aides à l’écriture de la région, précédemment instruites au sein de l’Agence culturelle Grand Est, sont depuis cette année à nouveau gérées par la région, au sein de comités par genres, ce qui n’était pas le cas avant. Cette évolution est une progression très satisfaisante pour les autrices et les auteurs de documentaires. Jusque-là, leurs projets se trouvaient « en concurrence directe avec les fictions et les commissions étaient en majorité composées de professionnels de ce genre, ce qui peut expliquer le peu de documentaires initiés », avance la Safire. Dorénavant, les dossiers seront jugés par leurs pairs.

Par ailleurs, la plateforme de VOD régionale gratuite Noozy, qui était administrée par Vosges TV, est désormais gérée en statut associatif par le BDI. « Nous attendons de Noozy qu’elle soit, d’une part, la vitrine de la production audiovisuelle du Grand Est et, d’autre part, la plateforme du documentaire », expose Martine Lizola qui fait état d’un budget de fonctionnement annuel de 400 000 euros. En attente de conventionnement de service de médias audiovisuels à la demande (Smad), à l’Arcom, la plateforme a néanmoins été incluse dans le contrat d’objectifs et de moyens (COM) pour la période 2023-2025 dont la signature est imminente. Elle rejoint ainsi Moselle TV (ex-Vià Moselle TV), Vosges TV et Canal 32. En revanche, Alsace 20, devenue BFM Alsace depuis son rachat par le groupe Altice Media, n’en fait plus partie.

L’aide au concept est aussi née du constat qu’il n’y a plus de vivier sur le territoire, depuis près de dix ans. C’est dramatique de ne plus voir de jeunes émerger. 

La Safire

En l’absence du statut de Smad, qui permet aux producteurs de déclencher le soutien sélectif et automatique au CNC, la région a prévu d’allouer à Noozy un montant d’intervention limité pour les coproductions en année 1, dans le cadre du COM. L’essentiel de l’enveloppe a été réparti sur les trois chaînes locales aux côtés desquelles Noozy pourra apporter un complément du financement. Intégrer Noozy dans le dispositif permettra également que la plateforme devienne une sorte de replay centralisé pour l’ensemble des programmes financés via le COM (documentaires et courts-métrages), à l’issue de leur diffusion linéaire, en plus des achats et des productions internes réalisées par Noozy.

Concernant le BDI, son statut associatif en fait une structure intégrant pleinement dans ses instances les professionnels du territoire, relève la région. La Safire détient un siège au sein du bureau au même titre que l’Apage et les autres organisations, aux côtés de l’élue Martine Lizola, sa présidente. « Nous serons désormais en prise directe avec le politique ce qui nous permettra d’être dans un véritable dialogue, en continuant à faire des propositions », commente la Safire. Les autrices et les auteurs de documentaire pensent en particulier au renouvellement des générations, dans les prérogatives du BDI, sujet pour lequel il existe un « très gros problème dans le Grand Est » et auquel ils sont « très sensibles ».

« Ce bureau est censé aiguiller et proposer des choses à cette nouvelle génération qui pose énormément de questions sans savoir vers qui se tourner. La Safire remplit cette fonction, mais disposer d’un outil officiel est très important pour les auteurs », insistent ces derniers. « L’aide au concept est aussi née du constat qu’il n’y a plus de vivier sur le territoire, depuis près de dix ans. C’est dramatique de ne plus voir de jeunes émerger », poursuit la Safire.

Avec ce nouveau dispositif, elle espère relancer la dynamique de la région autrefois générée par le master en documentaire auquel a succédé un master de coproductions européennes à l’université de Strasbourg. « Celui-ci n’a rien apporté à la filière locale, alors que précédemment, des gens venaient des quatre coins du monde et se sont même parfois établis ensuite dans notre région », poursuit la Safire. Ce master est remplacé cette année par un master d’écriture, « mais il manque à cette région une vraie formation au cinéma et à l’audiovisuel, de l’écriture à la réalisation », selon la Safire.

  • 88 aides

    à la création
    en 2022

  • 16 K€

    pour l'écriture (Région seule)

  • 129,5 K€

    pour le développement (Région seule)

  • 1284,3 K€

    pour la
    production

Une politique éditoriale peu ambitieuse au sein des chaînes locales

La Safire identifie un autre point faible : « un appauvrissement des diffuseurs ». L’association pointe le manque de diversité concernant France 3 Grand Est, non signataire du COM, qui « a réduit drastiquement les documentaires de patrimoine et d’histoire – comme dans les autres antennes régionales – même si, depuis quelques mois, des films historiques ont pu revoir le jour ».

Plus largement, les autrices et les auteurs relèvent l’absence de « politique éditoriale ambitieuse et ouverte sur le monde » en matière de documentaire de création. « Le COM redémarre certes, mais les films dits fragiles ou de création ne trouvent plus forcément une attention souhaitée », relève la Safire. « Ils ont du mal à exister, malgré une obligation posée par la région mais qui n’est pas quantifiée. Il serait nécessaire d’imposer des “quotas” pour ne plus être à la merci de commissions irrégulières dans la diversité des choix », estime l’association. Elle rappelle que, par le passé, Vosges TV a obtenu de nombreuses Étoiles de la Scam et sélections dans les festivals nationaux et internationaux avec ses coproductions qui se sont tournées dans le monde entier. Ces derniers temps, la chaîne a pris un nouveau tournant.

La dynamique est plutôt favorable mais ce qui pèche dans notre région est la possibilité de faire des films différents.

La Safire

En résumé, « nous avons des mécanismes qui nous permettent de faire nos films avec deux collectivités qui financent fortement l’audiovisuel, et une vraie politique de production et d’aide au développement du territoire via le nouveau Bureau des Images. La dynamique est plutôt favorable mais ce qui pêche dans notre région est la possibilité de faire des films différents. Les écrans viennent à manquer ». Dans ce contexte, Noozy devient un enjeu. « L’ambition est qu’éditorialement, elle devienne quelque chose d’intéressant et de quasi unique comme le sont les plateformes KuB et Tënk, car le documentaire de création est en souffrance ici comme ailleurs », constate la Safire.

Cette dernière continuera à faire entendre sa voix, comme elle le fait depuis ses débuts, en œuvrant à la mise en place de différentes aides telles que la production sans diffuseur. Nommé « Œuvre indépendante de tout format », ce soutien « assez rare dans les régions », souligne la Safire, permet d’obtenir 25 000 euros pour un film qui n’a pas de diffuseur et qui peut ainsi quand même exister.

Méthodologie des enquêtes de la Scam pour un état des lieux du documentaire en région

Ces focus restent circonscrits au seul documentaire audiovisuel (donc hors court et long métrage). Ils proposeront une photographie quantitative et qualitative de chaque région, à travers la parole des auteurs-réalisateurs et autrices-réalisatrices qui vivent et travaillent dans ces territoires. S’y exprimeront également les points de vue des autres acteurs animant ces filières régionales.

Les chiffres clés relatifs à la région Grand Est sont issus des données collectées par l’agence Ciclic-Centre-Val-de-Loire pour le Panorama des interventions territoriales en faveur du cinéma et de l’audiovisuel publié chaque année, dans le cadre de sa convention de coopération triennale État-région-CNC. Le périmètre des collectivités est identique à celui du Panorama, qui prend en compte la région, les départements, les eurométropoles, les métropoles et les villes, s’il y a lieu. De la même manière, les statistiques se concentrent sur les aides délivrées par la région, le premier niveau d’intervention. Les investissements de la région agrègent ceux octroyés via le ou les contrats d’objectifs et de moyens signés entre la collectivité et le ou les diffuseurs, quand ils existent. Les statistiques autres que celles de Ciclic qui pourraient être citées sont dans tous les cas sourcées. (Le choix a été fait de ne pas comparer les chiffres de l’année 2021 et ceux de l’année 2020, sauf cas particulier, l’année de la pandémie ayant été marquée par l’attribution d’aides exceptionnelles, dans certaines régions, par définition non reconduites en 2021.)

Remerciements : Pauline Martin et Pierre Dallois à l’agence Ciclic-Centre-Val-de-Loire et la Boucle documentaire.

Série Territoires et Création

photo Pascal Bondis

#1 – L’Occitanie

Blois - photo Julia Casado
Blois - photo Julia Casado

#3 – Centre-Val de Loire

Daniel Hourtoulle
photo Daniel Hourtoulle

#4 – Grand Est

Après l’étude transversale « Le documentaire, les régions et leurs aides », publiée en juin 2021, la Scam poursuit, avec la journaliste Emmanuelle Miquet, son tour de France des territoires, circonscrit à l’audiovisuel. Troisième focus avec la région Centre-Val de Loire dont le soutien moyen de l’aide à l’écriture est l’un des plus élevés en France et alors que l’agence Ciclic annonce un accompagnement renforcé des autrices et des auteurs.

Pionnière dans la décentralisation cinématographique et audiovisuelle, la région Centre-Val de Loire mène une politique active autour de la création mais dans laquelle les autrices et les auteurs de documentaire regroupés au sein du Baar, le Bureau des auteurs et réalisateurs du Centre, ne se retrouvaient pas toujours.

Depuis 2020, les choses ont évolué. « La notion d’auteur a été beaucoup mieux prise en compte », constate le collectif qui l’attribue en particulier à la mise en lumière de leur grande précarité lors de la crise sanitaire.

La région Centre-Val-de-Loire et le documentaire audiovisuel

Avec un montant de 478 300 euros, qui intègre le contrat d’objectifs et de moyens (COM), le documentaire audiovisuel a capté, en 2021, 20 % de l’enveloppe globale du fonds d’aide à la création de la région Centre-Val de Loire, et 36 % du nombre de projets. À l’instar des autres collectivités, la répartition par étapes de soutien fait la part belle à la production, avec 63 % des aides attribuées au genre. Celles allouées à l’écriture atteignent 23 % (10 aides dont une directe), au-dessus des aides au développement (14 %). La région se distingue également par un soutien moyen à l’écriture supérieur à 5 000 euros, parmi les plus élevés en France.

478 300 €

aide à la création

Rapport national et mobilisation locale

Plus largement, cette évolution favorable s’explique par un ensemble d’éléments. Certains relèvent de l’échelon national, comme le rapport « Racine » sur le statut des artistes-auteurs et l’acte de création. D’autres se situent au niveau local. En parallèle de la relation entre les professionnels et Ciclic Centre Val-de-Loire, l’agence régionale pour le livre, l’image et la culture numérique (qui gère et met en œuvre le fonds de soutien), les échanges réguliers avec le conseil régional depuis l’arrivée d’une nouvelle élue à la vice-présidence déléguée à la Culture et à la Coopération internationale, sont un point « positif ».

La mise en place d’aides exceptionnelles pour les autrices et auteurs durant le Covid a également contribué à améliorer la situation. Pour les obtenir, le Baar a dû néanmoins « se mobiliser » auprès de la région, souligne le collectif qui compose une fédération informelle avec l’association des Producteurs associés en région Centre (Parc) et l’Association en région Centre des comédiens, ouvriers, réalisateurs et techniciens du cinéma et de l’audiovisuel (Accort).

Depuis qu’elle a été revalorisée, il y a quelques années, l’aide à l’écriture directe de la région Centre-Val de Loire est l’une des plus élevées des collectivités territoriales (cf. encadré chiffres). En 2021, a par ailleurs été créée une aide au parcours d’auteurs, demande portée par le Baar dans la lignée du dispositif du CNC. D’un montant forfaitaire de 10 000 euros, le soutien est destiné aux autrices et auteurs expérimentés du territoire, pour les accompagner durant un à deux ans sur leurs projets.

L’enveloppe actuelle offre la possibilité de soutenir quatre auteurs par an. Une réflexion « qui permettrait de faire plus que doubler le dispositif » est en cours, explique Pierre Dallois, responsable du pôle Création chez Ciclic. « Renforcer le parcours d’auteur, c’est essayer d’être dans la même logique que l’aide au programme d’entreprise qui accompagne les sociétés sur la base d’une stratégie entrepreneuriale », poursuit-il.

Les institutions publiques ont le devoir de garantir aux auteurs les moyens d’une liberté de création et de diversité.

Pierre Dallois, responsable du pôle Création, Ciclic

Plus globalement, l’agence souhaite « renforcer [ses] aides à l’écriture et au développement, notamment celles dédiées au documentaire », de « manière assez substantielle » dans le cadre de la nouvelle convention triennale tripartite pour la période 2023-2025 dont la négociation est imminente. « Nous prévoyons des augmentations des soutiens existant à l’écriture et au développement de 50 % à 75 %. Ce qui nous permettra de facto de soutenir plus d’œuvres », précise Pierre Dallois.

Cette orientation s’inscrit dans la « phase 2 » de la stratégie déployée par Ciclic. Après avoir mené, depuis 2017, « un travail assez important à l’égard des producteurs », l’agence entend devenir un « territoire de création spécialisé dans l’écriture et le développement » en consolidant ses soutiens en amont. « La défense et la fidélisation sur les territoires régionaux des auteurs, au cœur de la bataille entre les plateformes et la production indépendante, au même titre que les techniciens, devient un enjeu crucial », observe Pierre Dallois. La région ne pourra pas résoudre à elle seule toutes les problématiques, mais « les institutions publiques ont le devoir de garantir aux auteurs les moyens d’une liberté de création et de diversité ».

Pérenniser, consolider et attirer

Dans ce contexte, l’agence veut accélérer cette année l’identification des autrices et auteurs sur le territoire. L’état des lieux de la filière régionale a démarré en 2018 avec la mise en place de l’observatoire Val de Loire Cinema Workshop, en partenariat avec la Scam et la SACD. Mais il existe un « hiatus important » entre les données : la Scam et la SACD recenseraient plus de 500 autrices et auteurs, quand Ciclic en identifie 150.

Aussi, le questionnaire qui leur est envoyé lorsqu’ils déposent un projet va être « peaufiné » et le partenariat avec les sociétés d’auteurs, ainsi que d’autres organisations les représentant (la Boucle documentaire et la SRF, notamment), sera « renforcé ». Travailler plus étroitement avec ces organismes nationaux est aussi un souhait de Ciclic dont l’objectif est « en priorité de pérenniser et de consolider le parcours des auteurs présents sur le territoire mais également d’en attirer de nouveaux ».

Avec le changement de vie induit par le Covid, il y a eu un effet démultiplicateur dans la région, en particulier dans le secteur de la production. 

Baar, Bureau des auteurs et réalisateurs du Centre

Pour l’agence, se positionner sur l’écriture et le développement est « assez logique » étant donné le montant de son fonds, soit 2,6 millions d’euros. « Aller vers la production de fiction, long-métrage et TV nécessite beaucoup de moyens », relève Pierre Dallois. Le budget du fonds de soutien régional à la création, tous genres confondus, cristallise d’ailleurs les critiques des créatrices et des créateurs. « La politique de Ciclic est d’attirer un ensemble de professionnels sur le territoire. Avec le changement de vie induit par le Covid, il y a eu un effet démultiplicateur dans la région, en particulier dans le secteur de la production », remarque le Baar. Depuis 2020, dix-huit nouvelles sociétés de production se sont créées ou installées en région Centre-Val de Loire, portant leur total à soixante structures, confirme Ciclic.

Le budget actuel ne doit pas être seulement sanctuarisé, il doit surtout progresser proportionnellement à l’évolution de la filière. 

Christophe Camoirano, producteur adhérent au Parc (Producteurs associés en région Centre)

Entre 2021 et 2022, le fonds a certes fini par progresser de 200 000 euros (180 000 euros issus de la région et 20 000 euros du CNC). Si les créatrices et les créateurs soulignent l’effort qui a été réalisé, toutes et tous l’estiment cependant insuffisant, a fortiori parce que l’enveloppe était stable depuis plus de dix ans et que l’augmentation n’est pas à la hauteur de la stratégie d’attractivité déployée par Ciclic. Cette politique est source de nouvelles rencontres et de nouveaux projets potentiels, admettent certains producteurs locaux, constatant qu’elle entraîne aussi une concurrence exacerbée entre les sociétés y compris au sein de leurs propres projets. « Le budget actuel ne doit pas être seulement sanctuarisé, mais doit progresser proportionnellement à l’évolution de la filière », insiste Christophe Camoirano, producteur adhérent au Parc. « II n’existe pas de système qui, à périmètre clos, puisse continuer à se développer », poursuit-il.

« La politique menée depuis 2017 par Ciclic nous permet d’être identifiés nationalement et internationalement, tout en contribuant à la structuration d’une filière en région sur le long terme », réagit Pierre Dallois. L’international est en effet devenu l’un des marqueurs du territoire avec la constitution d’un réseau regroupant différentes régions du monde, afin de favoriser des coproductions. Ciclic met en avant l’« effet levier » de cette stratégie qui génère et décuple les perspectives de financement comme elle fait rayonner les œuvres issues du Centre-Val de Loire.
La sélection à la dernière Berlinale du long-métrage documentaire Au cimetière de la pellicule de Thierno Souleymane Diallo, coproduit par la société tourangelle L’Image d’après et JPL Productions, basée à Villeurbanne, en région Auvergne-Rhône-Alpes, est « la preuve de l’efficacité de notre politique en faveur de l’identification de la filière régionale, à l’international, et de son effet structurant », juge l’agence.

  • 43 aides

    à la création
    en 2021

  • 50,4 K€

    pour
    l'écriture

  • 70 K€

    pour le développement

  • 357,9 K€

    pour la
    production

Penser les budgets sous d’autres prismes

Selon Ciclic, la croissance du nombre de professionnels sur le territoire, en effet encouragée par plusieurs dispositifs pour renouveler les talents et créer de nouvelles opportunités, n’a « paradoxalement » pas entraîné davantage de dépôts, excepté pour l’aide au programme d’entreprise. L’agence relève en outre que la contribution de la région au contrat d’objectifs et de moyens (COM), signé avec TV Tours-Val de Loire, Bip TV et France 3 Centre-Val de Loire, n’a cessé de progresser depuis 2020. Avec une nouvelle hausse prévue pour le prochain COM portant de septembre 2023 à août 2024, à hauteur de 70 000 euros, l’augmentation de l’apport de la région se chiffrera à 350 000 euros en trois ans, ce qui « pondère » l’idée que les budgets n’augmentent pas.

En 2023, le budget du fonds de soutien sera stable, en revanche, confirme Ciclic, ce qui, dans le cadre actuel des finances publiques et les priorités auxquelles sont confrontées les collectivités territoriales, en particulier avec l’inflation du coût de l’énergie, « est à saluer », relève Philippe Germain, directeur général de Ciclic. Par ailleurs, en Centre-Val de Loire comme dans les autres régions, des interrogations se font jour concernant l’intervention du CNC. Le dispositif du 1 euro apporté par le Centre pour 2 euros de la collectivité n’a jamais été remis en question, affirme le CNC. Il se murmure néanmoins qu’à enveloppe constante, le Centre demanderait aux régions de transférer 10 % du fonds de soutien à la création à celui dédié à l’éducation à l’image et à la médiation. Si tel était le cas, les petits fonds comme ceux de Ciclic pourraient cependant ne pas être touchés.

La question budgétaire ne peut pas être abordée uniquement par le prisme du volume ou de la masse, considère Philippe Germain, citant en exemple les plateformes, fort bien dotées, « mais pour fabriquer quoi ? Si l’argent n’est pas mis au service d’un projet politique de soutien à la diversité, à l’indépendance et à la création ? ». Récemment renouvelé à son poste, pour un mandat de trois ans, le patron de Ciclic entend néanmoins reprendre son « bâton de pèlerin » auprès des six départements et deux métropoles – Tours et Orléans – de la région, dépourvus de fonds de soutien, pour que la politique culturelle puisse être « partagée » entre les différentes collectivités territoriales.

Gagner en souplesse et travailler à une fongibilité des crédits afin d’avoir un cadre suffisamment large pour que les porteurs de projets puissent déposer à toutes les étapes.

Pierre Dallois, responsable du pôle Création, Ciclic

En attendant, le renforcement des aides à l’écriture et au développement va être financé « par redéploiement de crédits », explique Pierre Dallois, « tout en conservant la logique intrinsèque » de la stratégie poursuivie par Ciclic ces six dernières années. L’ambition est de « gagner en souplesse et de travailler à une fongibilité des crédits afin d’avoir un cadre suffisamment large pour que les porteurs de projets puissent déposer à toutes les étapes ». « Aujourd’hui, nous avons dix-huit dispositifs dont deux dédiés à l’émergence qui s’avèrent à la fois chronophages et pas assez plastiques. La logique est de les conserver mais en simplifiant », par exemple en revoyant la fréquence des appels à projets, évoque Pierre Dallois.

De la nécessité d’être partie prenante

De son côté, le Baar, qui défend la diversité des soutiens, plaide pour l’augmentation de l’enveloppe de l’aide après réalisation de court-métrage, « appréciée par beaucoup d’auteurs car elle permet de soutenir des films dits “fragiles” empruntant à des esthétiques et des techniques différentes ». Son montant forfaitaire s’élève actuellement à 15 000 euros par film, et les documentaires audiovisuels de moins d’une heure y sont éligibles.

Si les autrices et les auteurs du Baar s’estiment « plutôt bien lotis » et mieux considérés depuis deux ans, ils constatent néanmoins que la concertation vantée par Ciclic n’est pas pleinement satisfaisante dans les faits et relève surtout de la communication. Dernier exemple en date : les commissions plénières pour la sélection des dossiers se tiendront dorénavant en visioconférences et non plus en présentiel avec les experts et les porteurs de projets, pour des raisons de hausse des dépenses d’énergie et du temps de travail des agents, rapporte le collectif.

« On ne souhaite pas être une variable d’ajustement budgétaire alors que le fonds vient d’être augmenté.

Baar, Bureau des auteurs et réalisateurs du Centre

« On ne souhaite pas être une variable d’ajustement budgétaire alors que le fonds vient d’être augmenté », commente le Baar qui dit ne pas avoir été consulté et informé au dernier moment. Il craint « l’affaiblissement de ces commissions qui pourrait à terme justifier leurs disparitions ». « Ces auditions en présence, que nombre de régions nous envient, sont des moments essentiels qui arrivent au terme de plusieurs années de travail », insiste le collectif pour qui « rien ne remplace la rencontre physique ». « Nous refusons d’être écoutés avec une mauvaise connexion ou entre deux mails. Nous en avons tous déjà fait l’expérience. Sans même parler des délibérations, les échanges sont moins attentifs. Alors que le cœur de notre métier est celui de la rencontre, de l’échange, cette évolution au sein de l’agence publique, censée nous accompagner dans notre travail, apparaît comme un paradoxe. »

Cette décision rejoint l’ambition de Ciclic de gagner en « plasticité et en disponibilité », avance, quant à elle, l’agence. Le temps acquis « en s’allégeant des tâches de coordination logistiques et administratives qu’engendre l’organisation de commissions en présentiel » permettra à l’équipe, « à fonds constant, de mieux accompagner et suivre les projets ainsi que les professionnels ». Ciclic pointe en outre que le temps d’échange et de dialogue avec les commissions perdure. « Seule la modalité change. »

Dans les autres sujets en lien avec Ciclic évoqués par le Baar, figure la représentativité des autrices et des auteurs au conseil d’administration de l’agence. Les professionnels y siègent en tant que personnalités qualifiées et non au titre de leur association, les statuts de Ciclic ne le permettant pas. Le secteur du cinéma et de l’audiovisuel dispose d’un titulaire et d’un suppléant, et cela depuis seulement 2021, souligne le Baar, contrairement aux autres champs couverts par l’agence dont la présence au conseil d’administration est plus ancienne.

Les deux sièges sont actuellement respectivement occupés par un comédien, adhérent de l’association Accort, et une productrice, adhérente du Parc. Afin de remédier à l’absence des auteurs, le Baar plaide pour un nombre de sièges suffisant qui permette à chacune des organisations professionnelles d’avoir une personnalité qualifiée qui la représente.

Enfin, s’agissant du COM, le Baar regrette un certain « formatage des écritures », depuis sa mise en place par le biais d’un contrat unique pour les trois chaînes locales « poussées à travailler ensemble ». Seul Bip TV sort du lot, en initiant quelques rares films de création mais souvent financés en dehors du COM, décrit le Baar pour qui le dispositif ne tient pas sa promesse de soutenir la création audiovisuelle dans sa diversité.

Le collectif milite « pour un quota de films tournés avec une production régionale mais sur des sujets hors du territoire et à l’étranger, comme cela se fait en Bretagne ». « Ce serait cohérent avec l’aide à la coproduction internationale de Ciclic », souligne également le Baar qui regrette de ne pas être associé à l’élaboration du COM comme c’est le cas, là encore, en Bretagne, où les autrices et les auteurs le sont pleinement. À ce sujet, comme pour d’autres qui les concernent, les auteurs et les autrices souhaitent être partie prenante des décisions qui les engagent, et qui leur permettraient de déployer la diversité d’écritures qu’ils défendent.

Méthodologie des enquêtes de la Scam pour un état des lieux du documentaire en région

Ces focus restent circonscrits au seul documentaire audiovisuel (donc hors court et long métrage). Ils proposeront une photographie quantitative et qualitative de chaque région, à travers la parole des auteurs-réalisateurs et autrices-réalisatrices qui vivent et travaillent dans ces territoires. S’y exprimeront également les points de vue des autres acteurs animant ces filières régionales.

Les chiffres clés relatifs à la région Occitanie sont issus des données collectées par l’agence Ciclic-Centre-Val-de-Loire pour le Panorama des interventions territoriales en faveur du cinéma et de l’audiovisuel publié chaque année, dans le cadre de sa convention de coopération triennale État-région-CNC. Le périmètre des collectivités est identique à celui du Panorama, qui prend en compte la région, les départements, les eurométropoles, les métropoles et les villes, s’il y a lieu. De la même manière, les statistiques se concentrent sur les aides délivrées par la région, le premier niveau d’intervention. Les investissements de la région agrègent ceux octroyés via le ou les contrats d’objectifs et de moyens signés entre la collectivité et le ou les diffuseurs, quand ils existent. Les statistiques autres que celles de Ciclic qui pourraient être citées sont dans tous les cas sourcées. Le choix a été fait de ne pas comparer les chiffres de l’année 2021 et ceux de l’année 2020, sauf cas particulier, l’année de la pandémie ayant été marquée par l’attribution d’aides exceptionnelles, dans certaines régions, par définition non reconduites en 2021.

Remerciements : Pauline Martin et Pierre Dallois à l’agence Ciclic-Centre-Val-de-Loire et la Boucle documentaire.

Série Territoires et Création

photo Pascal Bondis

#1 – L’Occitanie

Blois - photo Julia Casado
Blois - photo Julia Casado

#3 – Centre-Val de Loire