Le film documentaire, « Bouddhisme, la loi du silence » de Élodie Emery et Wandrille Lanos a reçu le Prix Scam de l’investigation au festival FIGRA 2023.

Ce Prix a été décerné dans la sélection officielle – compétition internationale + de 40 minutes, par le jury présidé par Frédéric Tonolli (pirate et membre de la confrérie de l’Albert Londres Grand reporter) et composé de Alexandra Jousset (réalisatrice), Anna Glogowski (chercheuse programmatrice), Mayte Carrasco (réalisatrice et productrice), Bryan Carter (réalisateur), Didier Dahan (Grand Reporter et membre de la commission des journalistes de la Scam) et Frédéric Texeraud (producteur).

Bouddhisme, la loi du silence
de Élodie Emery et Wandrille Lanos

90 min – France – 2022

En août 2017, le Dalaï-Lama, prononçait la disgrâce de Sogyal Rinpoché. Mondialement connu, ce lama bouddhiste était accusé depuis des décennies d’abuser sexuellement ses disciples. Bénéficiant d’une image unanimement favorable en Occident, le bouddhisme tibétain est secoué par de graves scandales : pédophilie, viols et détournements de fonds. Comment cette « philosophie » a pu connaître les mêmes dérives que toutes les autres grandes religions ? Comment une personnalité comme le Dalaï-Lama a-t-elle pu laisser faire, voire cacher scandales et abus ? Une enquête sur les nombreux scandales à ce jour à peine dévoilés, mais aussi pour comprendre comment ils ont pu être passés sous silence et échapper à la justice.

Image : Mathieu Mondoulet et Rammohan Pateriya
Montage : Nils Montel et Matthieu Besnard
Prod. : StudioFact Media Group
Co-prod. : Arte France.
Avec la participation de CNC.
Avec le soutien de Région Île-de-France, PROCIREP et ANGOA

Élodie Emery est journaliste de presse écrite. Elle a travaillé 9 ans pour l’hebdomadaire Marianne, où elle a écrit une dizaine d’enquêtes sur le bouddhisme tibétain en Occident. Elle a ensuite travaillé à L’Express, où elle tenait une chronique et signait des reportages sur des sujets de société. Elle a également longtemps tenu une chronique quotidienne dans la Matinale du Mouv’ sur Radio France. Il s’agit de son premier film.
(suite…)

Le Marathon des mots, partenaire de la Scam depuis de nombreuses années, accueillera désormais le Prix Marguerite Yourcenar. Patrick Chamoiseau, lauréat 2023, se verra décerner son prix le 25 juin,  lors d’une après-midi consacrée à son œuvre et celle de Marguerite Yourcenar.

La Scam célèbrera également les écritures du réel en invitant Mattia Filice, Élise Costa, Minh Tran Huy, Samuel Forey et Alice Géraud à lire des extraits de leurs œuvres.

Remise du Prix Marguerite Yourcenar à Patrick Chamoiseau

Dimanche 25 juin à 15h00 à l’Auditorium Saint-Pierre-des-Cuisines

C’est pour mieux approcher un auteur, appréhender son univers, (re)découvrir son talent que le Prix Marguerite Yourcenar, doté de 8000 euros par la Scam, couronne un auteur ou une autrice et l’ensemble de son œuvre. Le Prix Marguerite Yourcenar, décerné cette année à l’auteur Patrick Chamoiseau, s’inscrit résolument dans le paysage des grands prix littéraires, aux côtés des prix Joseph Kessel et François Billetdoux.

Beaucoup se souviennent de « l’oiseau de Cham », alias le « rapporteur de paroles » qui orchestrait la spirale polyphonique constituant Texaco. Ce grand roman de la créolité en marche a valu à Patrick Chamoiseau un prix Goncourt retentissant en 1992, six ans à peine après la parution de son premier livre, Chronique des sept misères.
En inventant son chemin sur les traces magiques des conteurs créoles surgis de la catastrophe esclavagiste, son dernier roman, Le vent du nord dans les fougères glacées (Le Seuil, 2022), forme un lumineux diptyque avec l’essai publié, La nuit, le conteur et le panier pour explorer les sources de la création artistique d’une manière inédite, et témoigner ainsi d’une forme d’accomplissement.
Né à Fort-de-France en 1953, nourri de la pensée du Tout-monde élaborée par Edouard Glissant (1928-2011), Patrick Chamoiseau est désormais l’auteur d’une œuvre considérable et hautement singulière, que le jury* du Prix Marguerite Yourcenar est heureux et fier de célébrer alors qu’elle atteint une nouvelle apogée.

Au programme :

  • Lectures d’extraits de l’œuvre de Marguerite Yourcenar par Elizabeth Masse,
  • Remise du Prix à Patrick Chamoiseau par Isabelle Jarry, suivie d’un entretien avec le lauréat mené par Bertrand Leclair
  • Lecture d’extraits d’œuvres de Patrick Chamoiseau par Denis Lavant

Écritures du réel

Samedi 24 juin

11h00 – Mattia Filice lit Mécano (P.O.L)

Musée Paul Dupuy

« J’ai, d’une certaine manière, tenté de dresser le portrait d’un héros d’une mythologie qu’il nous reste encore à écrire », explique l’auteur de ce premier roman, rédigé à la fois en prose et en vers. Le narrateur pénètre, presque par hasard, dans un monde qu’il méconnaît, le monde ferroviaire. Nous le suivons dans un véritable parcours initiatique : une formation pour devenir « mécano », conducteur de train. Il fait la découverte du train progressivement, de l’intérieur, dans les entrailles de la machine jusqu’à la tête, la cabine de pilotage. C’est un…

15h00 – Rencontre avec Élise Costa

Librairie Privat

15h00 – Rencontre avec Minh Tran Huy Un enfant sans histoire, (Actes Sud)

Librairie des livres et vous – Saint-Orens-de-Gameville

17h00 – Samuel Forey lit Les aurores incertaines (Grasset), suivie d’une rencontre avec l’auteur

Librairie La Renaissance

Un matin brumeux de janvier 2011, Samuel Forey découvre qu’une révolution a éclaté en Égypte. Le Caire s’est embrasé et des milliers de révoltés ont pris d’assaut la place Tahrir, centre névralgique et politique de la capitale. Alors qu’il tentait de gagner sa vie comme journaliste depuis de nombreuses années, Samuel Forey prend une décision radicale . Du jour au lendemain, il quitte Paris et s’envole vers l’Egypte, à la recherche du grand soir…

Dimanche 25 juin au Musée Paul Dupuy

11h00 – Alice Géraud lit Sambre (JC Lattès)

Un homme est accusé de plus de cinquante agressions sexuelles et viols commis pendant 30 ans. Mais ce n’est pas « le violeur de la Sambre » qui intéresse Alice Géraud, c’est l’envers de ce fait divers le long de la Sambre : ce qu’il dit du traitement par la police et la justice des agressions sexuelles sur trois décennies. Qu’a-t-on fait des plaintes des victimes  ?

16h30 – Minh Tran Huy lit Un enfant sans histoire (Actes Sud)

Les formes graves de l’autisme se heurtent en France à l’absence de soins adéquats et à la rareté des structures d’accueil comme à la désinvolture des engagements électoraux. Racontée en écho au parcours de la “miraculée” américaine Temple Grandin, la vie quotidienne de/avec Paul requiert l’énergie d’un combat sans fin. Récit ? Roman ? Témoignage ? Aucun genre ne saurait définir l’histoire d’un fils qui jamais ne saura la lire.

Onze documentaires sortent en salles en juin 2023. Parmi eux trois films lauréats Brouillon d’un rêve documentaire : Petit samedi de Paloma Sermon-Daï, Polaris de Ainara Vera et Pollock & Pollock d’Isabelle Rèbre.
2023 est l’année du documentaire alors raison de plus d’aller voir en nombre ces films dès les premiers jours pour leur donner une chance de rester à l’affiche la semaine suivante !

Le Vrai du faux
de Armel Hostiou

France – 2022 – 82′ – Bocalupo Films

Un jour, je découvre que j’ai un deuxième profil Facebook : un faux Armel Hostiou avec de vraies photos de moi et plein d’amies vivant toutes à Kinshasa. Il les invite aux castings de mon prochain film censé se dérouler en République démocratique du Congo.
Face à l’impossibilité de clôturer ce compte, je décide de partir à la recherche de mon double…

Sortie en salles le 7 juin 2023.

Distribution : Météore Films


Low-Tech
de Adrien Bellay

France – 2022 – 93′ – Irrévérence Films

Et si nous réfléchissions à deux fois avant de foncer tête baissée dans les promesses du progrès technique ? A l’heure où nos sociétés basculent dans un désordre inédit et misent sur la surenchère technologique, certains choisissent au contraire de s’investir dans une dynamique de sobriété : la low-tech. Cette démarche écologique consiste à concevoir ou à diffuser des techniques et des savoir-faire utiles, durables et accessibles à tous. Nous partons à la rencontre de citoyens qui se battent pour démocratiser cette approche. Qu’ils soient jeunes ingénieurs, agriculteurs ou entrepreneurs, ils réparent leurs machines du quotidien, s’alimentent en énergie ou fabriquent leurs propres moyens de production. Ces pionniers nous donnent un aperçu de ce que pourrait être le monde d’après…

Sortie en salles le 7 juin 2023.

Distribution : Jour2fête


Petit samedi
de Paloma Sermon-Daï

Belgique – 2020 – 75′ – Singularis Films

Brouillon d’un rêve documentaire 2018

Damien Samedi a 43 ans. Quand il était enfant, dans son village wallon en bord de Meuse, on l’appelait le “Petit Samedi”. Pour sa mère Ysma, Damien est toujours son gamin, celui qu’elle n’a jamais abandonné lorsqu’il est tombé dans la drogue. Un fils qui a, malgré tout, cherché à protéger sa mère. Un homme qui tente de se libérer de ses addictions et qui fait face à son histoire pour s’en sortir.

Sortie en salles le 7 juin 2023.

Distribution : Singularis Films


Pollock & Pollock
de Isabelle Rèbre

France – 2020 – 84′ – A perte de vue

Brouillon d’un rêve documentaire 2015

Jackson et Charles Pollock, deux frères, deux peintres, sont pris dans les secousses de l’histoire américaine du XXème siècle. Le centre électrique de leur trajectoire est New York. Leur correspondance y résonne, questionne un mythe et sort un peintre de l’ombre.

Sortie en salles le 7 juin 2023.

Distribution : Cinéma Saint André des arts

La Chose Politique – Acte 1
de Antonin Bachès

France – 2022 – 67′ – France Lumière

De février à juillet 2020, Antonin Bachès a suivi caméra au poing la campagne municipale de Grégory Doucet, candidat écologiste à la mairie de Lyon. Qu’est-ce que « la chose politique » ? Et comment est-elle vécue par un novice qui brigue la troisième ville de France ? Pour répondre à ces deux questions, le réalisateur a accompagné quotidiennement ce candidat, alors inconnu et inexpérimenté, jusqu’à son élection.

Sortie en salles le 7 juin 2023.

Distribution : Carré Suchet Films

Polaris
de Ainara Vera

Groenland, France, Espagne – 2022 – 78′ – Point du jour, Les films du Balibari, Ánorâk Film

Brouillon d’un rêve documentaire 2020
Soutenu par l’Acid

Capitaine de bateaux dans l’Arctique, Hayat navigue loin des Hommes et de son passé en France. Quand sa sœur cadette Leila met au monde une petite fille, leurs vies s’en trouvent bouleversées. Guidées par l’étoile polaire, elles tentent de surmonter le lourd destin familial qui les lie.

Sortie en salles le 21 juin 2023.

Distribution : Jour2fête

A la recherche de Vivian Maier
de Charlie Siskel, John Maloof

États-Unis – 2013 – 84′ – Ravine Pictures

L’incroyable histoire d’une mystérieuse inconnue, photographe reconnue aujourd’hui comme l’une des plus grandes Street Photographers du 20ème siècle. Née à New York, d’une mère française, avant de résider à Chicago, Vivian Maier était inséparable de son Rolleiflex et prit tout au long de son existence plus de 100 000 photographies sans jamais les montrer. Pour être libre d’exercer son art quand elle le voulait, Vivian Maier fut une nanny excentrique toute sa vie. Cachées dans un garde-meuble, c’est par hasard que John Maloof mit la main sur les photos de Vivian Maier en 2007. Depuis, il n’a cessé de chercher à mettre en lumière son travail et les expositions se multiplient partout dans le monde.

Voir la page officielle : https://findingvivianmaier.com/

Sortie en salles le 21 juin 2023.

Distribution : IFC Films, Hanway Films

Qui a peur de Pauline Kael ?
de Rob Garver

États-Unis – 2019 – 95′ – 29Pictures

Pauline Kael, longtemps critique de films au New Yorker, s’est battue toute sa carrière pour imposer son empreinte. Une personnalité toute en éclat(s), riche d’une confiance en soi inébranlable, d’un passé complexe, mais surtout d’un amour profond pour l’Art et le cinéma.

Voir la page officielle : https://www.whatshesaidmovie.com/pauline-kael.html

Sortie en salles le 21 juin 2023.

Distribution : Dean Medias

Loving Highsmith
de Eva Vitija

Suisse, Allemagne – 2022 – 83′ – Ensemble Film

Un regard unique sur la vie de la célèbre autrice américaine Patricia Highsmith, d’après ses journaux intimes et ses carnets de notes, ainsi que les réflexions intimes de ses amantes, amis et famille. Se concentrant sur la quête d’amour de Highsmith et son identité troublée, le film jette un nouvel éclairage sur sa vie et son écriture.

Sortie en salles le 21 juin 2023.

Distribution : Dean Medias, Autlook Filmsales

Diana Vreeland The Eye has to travel
de Lisa Immordino Vreeland, Bent-Jorgen Perlmutt, Frédéric Tcheng

États-Unis – 2011 – 85′ – Gloss Studio

Diana Vreeland, personnalité hors norme, brillante, excentrique, aussi charmeuse qu’impérieuse. Rédactrice en chef du Harper’s Bazaar puis de Vogue, elle régna 55 ans durant sur la mode et éblouit le monde par sa vision unique du style.
Diana Vreeland : The Eye Has To Travel est à la fois un portrait intime et vibrant hommage à l’une des femmes exceptionnelles du XXe siècle, véritable icône dont l’influence a changé le visage de la mode, de l’art, de l’édition et de la culture en général.

Sortie en salles le 21 juin 2023.

Distribution : Happiness distribution

How to save a dead friend
de Marusya Syroechkovskaya

Suède, Norvège, France, Allemagne – 2022 – 103′ – Les Films du Tambour de Soie

Marusya et Kimi, amoureux inséparables, passent à l’âge adulte alors que les rêves autoritaires de la Russie s’installent. En tournant l’appareil photo de Marusya sur eux-mêmes, ils capturent l’anxiété euphorique de leur jeunesse, brûlant la chandelle par les deux bouts – mais alors qu’une lumière brûle plus fort, l’autre pourrait s’éteindre à jamais. Le message d’une génération réduite au silence.

Sortie en salles le 28 juin 2023.

Distribution : La Vingt-Cinquième Heure Distribution

La Scam vous convie à la Nuit de la radio 2023, une expérience unique d’écoute collective. Depuis 2001, la Nuit de la radio propose de (re)découvrir des extraits mythiques de l’histoire de la radio, issus des collections de l’INA.
Construite cette année sur le thème Les morts ne l’entendent pas de cette oreille, ce programme sonore a été écrit et réalisé par Judith Bordas.
Un événement Scam en partenariat avec l’INA.

Les morts ne l’entendent pas de cette oreille

Durée du programme : 1h

Comment ça se fabrique un mort ? Est-ce qu’il existe une suite de mots, de gestes qui par leur assemblage permettraient à un mort de rester un peu parmi nous ? Qu’en est-il pour ceux dont on ne sait rien, dont on ignore le nom, l’histoire ? Et si on pouvait choisir à l’avance notre propre oraison, quelle serait-elle ?

Quand mon voisin est mort, ça a été très vite.
Une après-midi, deux heures de cérémonie et on n’en parle plus.
Deux heures.
C’est peu pour parler de quelqu’un.
Deux heures, arrivée de la voiture des pompes funèbres, attroupements et chuchotements, embrassades et proposition de mouchoirs compris.
Deux heures du moment où le corps des convives est lesté au sol, ressent une légère sueur froide jusqu’à celui où on se dit que ce soir on irait bien boire un coup, qu’il faudrait en profiter de cette vie.

Des mois après, j’étais toujours en colère et me demandais si on n’aurait pas pu faire mieux.

Cette promenade dans les archives radiophoniques de l’INA est une enquête sur notre manière d’accompagner les morts, de leur permettre de devenir -pour paraphraser la philosophe Vinciane Despret- de « bons » morts, des morts heureux.

Judith Bordas

 

À découvrir : 3 capsules sonores extraites du programme

Capsule 1 – Mon faire-part de décès

Capsule 2 – Un mort « accompli » selon Vinciane Despret
Capsule 3 – École des métiers du funéraire

Crédits du programme de la Nuit de la radio 2023
Un événement proposé par la Scam en partenariat avec l’INA.
Judith Bordas : autrice sonore, dramaturge, plasticienne et membre de la commission du répertoire sonore de la Scam
Avec le concours de :
Amélie Briand-Le Jeune, documentaliste INA
Martin Delafosse, monteur/mixeur
Remerciements : Antoine Chao, Hélène Chaudeau, Charlotte Bienaimé, Jean-Marie Clairambault et tous les membres de la commission sonore de la Scam
Design : Catherine Zask
Animation : Benoît Wimart

Calendrier des écoutes collectives :

  • Paris : vendredi 23 juin 2023 à la Scam > inscription ici
  • Lussas : vendredi 25 août 2023 à Saint-Laurent-sous-Coiron, dans le cadre des États généraux du film documentaire de Lussas

Biographie

Judith Bordas est autrice pour le théâtre et la radio, dramaturge et plasticienne.
Formée à l’École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre de Lyon, elle produit des créations radiophoniques en partenariat avec France Culture, la RTBF et la RTS depuis 2013.

Ses créations sonores font l’objet de diffusions ou d’écoutes immersives lors de festivals.
En 2018, elle écrit et produit Traverser les forêts, un essai radiophonique sur la peur ressentie quand on est une femme dans l’espace public. Cette production réalisée avec Annabelle Brouard sur les ondes de France Culture reçoit en 2019 le Prix de l’Oeuvre sonore de l’année de la Scam, ainsi que le Prix Grandes Ondes au festival Longueur d’ondes de Brest et le Prix du Public aux Phonurgia Nova Awards.

En 2020, elle est autrice et co-metteuse en scène avec Annabelle Brouard de Fugueuses, histoires des femmes qui voulaient partir, un road movie sonore et théâtral, en partenariat avec le Théâtre du Point du Jour à Lyon.
Le documentaire radiophonique Par elles-mêmes (L’Expérience, France Culture, 2022), relate une année dans un foyer de l’Aide Sociale à l’Enfance. Ce projet a bénéficié de l’Aide sélective aux autrices et auteurs de podcasts et de créations radiophoniques du Ministère de la Culture.
Elle mène régulièrement des ateliers auprès de publics tenus éloignés des sphères culturelles.
Également plasticienne, son travail est exposé dans différentes galeries en France depuis 2005.

Membre de la Commission du répertoire sonore de la Scam, Judith Bordas a conçu le programme de la Nuit de la radio 2023 – Les morts ne l’entendent pas de cette oreille.

www.judith-bordas.book.fr

La Nuit de la radio

Depuis 2001, les auteurs de la commission des œuvres sonores de la Scam proposent, avec la Nuit de la radio, une expérience unique d’écoute collective, organisée conjointement avec l’INA et Radio France.

Un programme, réalisé à partir d’archives sonores sur un thème renouvelé chaque année, se découvre casque sur les oreilles, sous les étoiles de l’été. Divulguée à Paris pour sa première écoute, la Nuit de la radio s’inscrit également dans la programmation des prestigieux festivals de l’été que sont le FID à Marseille et les Etats généraux du film documentaire, à Lussas.
Le choix des thématiques permet de puiser librement dans l’histoire de la radio et d’inventer un récit singulier libéré des formats et des contraintes chronologiques.

Depuis sa création, la Nuit de la radio a notamment abordé les rivages de l’Ailleurs (2009), L’Esprit des lieux (2014), la censure (Les Oreilles ont des murs, 2010), l’Afrique (2003), les Plaisirs (2013), les Voix des ondes (2005), le Noir (2008), les lendemains qui chantent (Ça ira mieux demain !, 2012), les Ondes de choc (2015), L’adieu aux larmes (2016), Liberté(s) (2017), Le jour tombe, la nuit se lève (2018), Refaire le monde (2019), Avoir 20 ans (2020-2021), Le Panoptique Spatial (2022).

Nuit de la radio 2022 -Visual & interactive design Chevalvert
Visuel & design Chevalvert

2022

Nuit de la radio 2021
conception graphique : Grabuge

2020-2021

L'esprit des mieux - Nuit de la radio 2014
conception graphique Catherine Zask - 2014

2014

Ô Plaisirs - Nuit de la radio 2013
conception graphique : Gersende Hurpy - 2013

2013

Nuit de la radio 2012
conception graphique Gersende Hurpy

2012

Nuit de la radio 2011
Conception graphique Gersende Hurpy

2011

Nuit de la radio 2009
conception graphique Catherine Zask

2009

Notre maison se transforme. Dans la foulée du plan immobilier voté lors de la dernière assemblée générale, les locaux de l’avenue Vélasquez vont être rénovés et réorganisés pour créer de nouveaux espaces dédiés aux autrices et aux auteurs. Les travaux débuteront le 1er juillet 2023.

Si notre maison se transforme c’est pour mieux vous accueillir. Le rez-de-jardin, les salles autour de la cour centrale, et au premier étage, la réception et les bureaux de la direction, vont devenir de nouveaux espaces d’information, de détente et de travail. L’actuelle salle du conseil d’administration va être transformée en studios d’enregistrement audiovisuel et radio/podcast à disposition de toutes et tous. Figurent également sur les plans salon-médiathèque, club des auteurs, bibliothèque, espace de restauration… La salle de projection Charles Brabant, du nom de l’un de nos fondateurs, va être remise aux normes son et image, avec un écran plus grand et des sièges plus confortables. Enfin l’espace-accueil va être déplacé et entièrement remanié. Tout cela dans un esprit d’ouverture, de convivialité … et de gratuité.

Cela passe par une période intermédiaire de fermeture, le temps de mener à terme cette seconde naissance, à peu près neuf mois, pur hasard !  La Scam Vélasquez va donc fermer ses portes à partir du 1er juillet. S’ouvre ce temps d’inconfort, propre à toute grande transformation. Il m’apparaît cependant essentiel que nous puissions, durant ces quelques mois, nous retrouver et échanger autour des projections et des divers événements qui nous relient les uns aux autres.

Nous mettons tout en œuvre pour que les aléas de cette transition perturbent le moins possible notre fonctionnement et nous assurerons la pleine continuité des services de la Scam. Ainsi, un espace de travail, aménagé provisoirement tout proche de l’avenue Vélasquez, sera dédié aux auteurs et autrices, substitut provisoire à l’actuelle maison Agnès Varda. Les réunions entre auteurs et autrices se poursuivront dans des locaux temporaires. Les équipes salariées sont hébergées d’une part dans les locaux acquis l’année dernière boulevard Malesherbes et d’autre part dans des bureaux loués le temps des travaux.

Nous vous tiendrons informés de l’avancée du chantier.  Si vous souhaitez plus de détails et d’infos, nous vous convions à l’assemblée générale de la Scam, dans les locaux de l’avenue Vélasquez avant leur fermeture, le 21 juin prochain. On s’en parlera de vive-voix.

Et je compte sur vous pour partager la grande fête qui marquera la réouverture des portes de notre nouvelle Scam augmentée à la rentrée 2024.

Rémi Lainé, président

Infos pratiques à partir de septembre 2023

  • L’espace Agnès Varda des auteurs et des autrices sera provisoirement installé au 99 Boulevard Malesherbes. Il ouvrira de 14h à 18h. Contact : espaceagnesvarda@scam.fr
  • Les réservations pour les projections en soirée se poursuivront, le temps des travaux, principalement à la cinémathèque Robert Lynen, 11 Rue Jacques Bingen, 75017 Paris. Pour réserver, écrire à sallebrabant@scam.fr
  • Les rencontres et ateliers se poursuivront dans des espaces extérieurs à Vélasquez et en ligne. Les informations nécessaires vous seront communiquées le moment venu.
  • L’assistante sociale continuera d’assurer les permanences tous les jeudis de chaque semaine. Les rendez-vous individuels pourront avoir lieu par téléphone ou physiquement dans les locaux d’Audiens, au 74 rue Jean Bleuzen à Vanves.

Ksenia Bolchakova, prix Albert-Londres 2022, a eu conscience très tôt de son désir de devenir journaliste. Elle n’imagine pas son existence autrement. Aujourd’hui elle dit surtout cette nécessité d’informer coûte que coûte, sans jamais flancher, celles et ceux qui n’ont d’autres oreilles attentives que les siennes, et dont elle peut restituer les histoires. Témoignage d’une femme engagée.

Je devais avoir vingt ans, tout au plus. Nichée à l’arrière de la grande Volvo 240 Classic blanche familiale, je regardais Paris défiler par la fenêtre, s’engager dans une énième nuit. Les lumières des quais de Seine, les vieilles pierres de ses ponts, les touristes feignant la flânerie à l’heure où pointe la fatigue, où les pieds lourds invitent au repos.

J’étais fatiguée moi aussi. Mon père au volant, ma mère à sa droite, France Info à la radio. Leurs voix, les R roulés de la langue russe que nous parlions entre nous se mêlaient aux flashs d’information de la soirée. Je n’ai gardé aucun souvenir des événements de ce jour-là. Enfin, des événements qui secouaient le monde extérieur, celui qui glissait sur la carrosserie lisse et rassurante de la voiture. Je me souviens en revanche de la discussion animée que j’ai provoquée.

« Ma fille sera journaliste ! »

Après deux années en classe préparatoire, une année magnifiquement paresseuse sur les bancs de la fac de philo à la Sorbonne, j’avais passé plusieurs concours pour intégrer une école de journalisme et, ce soir-là, j’annonçais à mes parents en avoir réussi trois sur quatre, haut la main. J’étais prise, et j’avais décidé d’intégrer le tout nouveau master créé par Sciences Po Paris. Qu’elle n’était pas la fierté de mon paternel. Lui-même du métier, dans un genre certes différent, puisqu’encarté jusqu’à la moelle au parti communiste soviétique durant une grande partie de sa carrière (il avait travaillé pour la Pravda, la « vérité » en russe, le grand quotidien du PCUS).

Dans un coin de sa tête, j’imagine que mon père nous voyait déjà en pionniers d’une grande dynastie de gratte-papier ou de grands reporters. Il savait quel avait été son rôle pour moi dans le choix de cette profession…

Ksenia Bolchakova

« Ma fille sera journaliste ! », cria-t-il à gorge déployée, couvrant les voix des présentateurs radio qui n’arrivaient plus à en placer une. « Ma fille sera journaliste ! », répéta-t-il encore une fois, un sourire gigantesque aux lèvres, des lumières dans les yeux que je n’y avais jamais vu, des yeux qui fixaient ceux de ma mère avec un air de défi. Dans un coin de sa tête, j’imagine qu’il nous voyait déjà en pionniers d’une grande dynastie de gratte-papier ou de grands reporters. Il savait quel avait été son rôle pour moi dans le choix de cette profession… Il brillait dans l’obscurité de l’habitacle. Son excitation et sa joie tranchaient avec le calme inquiet de ma mère. « Félicitations », glissa-t-elle enfin, après un long silence. Avant d’ajouter : « Mais si tu fais ce métier Ksenia, tu risques de finir vieille fille. »

« Plus qu’un métier, c’est une vie ! »

Ses mots avaient la brutalité d’un coup de massue sur la tête d’un nouveau-né. À peine avait-il eu le temps d’entrouvrir les yeux, qu’on tentait déjà de les lui refermer. L’impression de me trouver à la frontière entre deux mondes, le mien — celui du métier que je m’apprêtais à apprendre, et celui où les femmes n’avaient qu’une destinée possible : le ménage, le devoir conjugal et la maternité. « Tu as déjà vingt ans, poursuivit-elle, et tu n’es toujours pas mariée. Si tu pars tout le temps en reportage, comment vas-tu faire pour avoir une vie de famille ? » Ces questions-là, je ne me les étais avais évidement jamais posées. Elles n’avaient aucun sens à mes yeux, mais le reproche profond qu’elles impliquaient m’ébranla.

Moi qui avais toujours réponse à tout dans les disputes familiales, je me retrouvais sans voix, sans repartie, blessée d’être réduite à un rôle reproducteur qui ne me tentait absolument pas. Et bizarrement, je ne sais par quel miracle de synchronisation des esprits, mon père fut tout autant blessé que moi. « Elle aura des enfants SI elle veut, QUAND elle veut. Et si elle n’en VEUT PAS, ça sera son choix. Oui, être journaliste, ça implique quelques sacrifices, mais c’est le plus beau métier du monde. Plus qu’un métier, c’est une vie ! » Et se tournant vers moi, il me dit avec force et confiance : « Tu seras journaliste, ma fille ! »  Et je le suis devenue.

Notre rôle est d’être des réceptacles attentifs aux sombres histoires des autres, aux peines invivables des autres.

Ksenia Bolchakova

Cet épisode a été déterminant dans mon rapport au « métier ». Pour moi, être journaliste, ce n’est pas un travail. C’est une vocation, un mode de vie, une voie. J’en ai eu conscience très tôt. Il n’a jamais été question d’argent, de poste, de carrière. Mais toujours de vivre par la pratique du journalisme. Mon existence sans elle n’a plus aucun sens, et le sens que je lui donne est le suivant : notre rôle est d’être des réceptacles attentifs aux sombres histoires des autres, aux peines invivables des autres ; d’être les révélateurs des mensonges de certains, des témoins honnêtes de notre temps. Notre responsabilité est de relater des faits que nous avons compris, analysés, vérifiés. Notre tâche est de faire rempart aux faux par tous les moyens possibles, de dompter notre curiosité naturelle, de la structurer, de la transformer en méthode pour fabriquer de l’information.

Alors, pour qui travaillons-nous ?

Alors, pour qui travaillons nous ? Pour ceux dont nous racontons les histoires, pour ceux qui nous font confiance et nous aident à décrypter le monde, pour les malheureux qui n’ont pas d’autres oreilles que les nôtres pour les entendre ; contre les criminels qui voudraient tous nous faire taire. Pour qui travaillons nous ? Pour ceux qui ont encore un peu de compassion pour l’humanité, de la bienveillance pour leur voisin, de la colère et de l’indignation pour ceux qui n’en ont plus. Nos lecteurs, nos auditeurs, nos spectateurs exigent de nous toujours plus de preuves de droiture et d’impartialité ; ils cherchent aussi en nous des miroirs de leurs propres angoisses et de leurs faiblesses.

Ne pas crever, ne pas sombrer, se tenir droit, ne pas mentir, dire la vérité, montrer aussi nos propres émotions, nos fêlures, puisqu’elles ne sont pas si différentes de celles des personnages réels qui peuplent nos récits.

Ksenia Bolchakova

Notre vie est parfois semblable à celle des équilibristes qui marchent sans filet au-dessus du vide. Ne pas crever, ne pas sombrer, se tenir droit, ne pas mentir, dire la vérité, montrer aussi nos propres émotions, nos fêlures, puisqu’elles ne sont pas si différentes de celles des personnages réels qui peuplent nos récits. Le tout, sans jamais se casser la gueule.

Pour qui travaillons nous ? Pour nous tous. Pour vous. Car plus nous partons au cœur des tragédies qu’il nous échoit de couvrir, moins nous en revenons indemnes. Plus nos existences se transforment, plus les larmes étrangères deviennent les nôtres et donnent tout leur sens à nos réveille-matin.

Ksenia Bolchakova est une journaliste franco-russe, lauréate du prix Albert-Londres en 2022, au côté d’Alexandra Jousset, pour le film « Wagner, l’armée de l’ombre de Poutine » sur les enjeux de la géopolitique du Kremlin.

La Scam affirme la place singulière des auteurs et des autrices dans la société. Astérisque en est le porte-voix.

Série - Pour qui travaillent les journalistes ?

Hervé Brusini - Crédit photo Benjamin Géminel / Hans Lucas

#1 "Un peu d’histoire à la rescousse" par Hervé Brusini

Doan Bui - Crédit photo Benjamin Géminel / Hans Lucas

#2 "Écrire pour réparer le silence" par Doan Bui

Denis Robert - Crédit photo: Benjamin Géminel / Hans Lucas

#3 "Longtemps je ne me suis jamais posé la question" par Denis Robert

Anne Chaon à Mazar-i-Sharif, en marge d'un buzkashi, dans le nord de l'Afghanistan en mars 2018
Anne Chaon à Mazar-i-Sharif, en marge d'un buzkashi, dans le nord de l'Afghanistan en mars 2018

#4 "Pour ces autres vies que la sienne" par Anne Chaon

Aude Favre. - Photo Benjamin Géminel / Hans Lucas

#5 "Un bien commun à partager" par Aude Favre

Philippe Pujol
photo Benjamin Geminel / Hans Lucas

#7 "Schizophrénie salutaire" par Philippe Pujol

La Scam, en partenariat avec la Sofia, propose à ses membres un atelier sur les droits à la formation professionnelle continue.

La formation professionnelle est un droit pour les auteurs et autrices de l’écrit. Elle peut vous permettre de développer de nouvelles compétences et de nouvelles activités, directement liées ou non à votre domaine artistique.

Plusieurs dispositifs existent au sein de l’AFDAS, qui gère le fonds de formation des artistes-auteurs, pour vous aider à identifier des besoins ou des opportunités de formation et pour financer intégralement votre projet.

La Scam et la Sofia vous proposent un atelier d’information et d’échanges avec l’AFDAS, qui vous présentera ses missions de conseil et d’accompagnement et répondra à toutes vos questions concernant les formations en lien avec vos métiers, les organismes de formation dans le secteur de l’écrit, les conditions d’accès et formalités, les financements possibles…

Avec la participation de Marie-Annick Ambroise, de la Direction du développement et du réseau de l’Afdas, et Aurélie Gerlach (La Charte), autrice jeunesse et vice-présidente de la commission Écrits & Art dramatique à l’Afdas.

Et en présence de Cécile Deniard, Présidente de la Sofia, Geoffroy Pelletier, Directeur de la Sofia et de Pascale Fabre, Directrice des Affaires sociales de la Scam.

À l’issue de l’atelier, des rendez-vous personnalisés avec des conseillers experts de l’AFDAS pourront être fixés.

Cette année, 24 films documentaires sont présentés au Festival de Cannes dont 16 films en compétition pour l’Œil d’or – Le Prix du documentaire. L’occasion de les découvrir du 16 au 27 mai,  avec des rencontres professionnelles et la remise de L’Œil d’or – Le Prix du documentaire 2023.

L’Œil d’or – Le Prix du documentaire 2023

Ce Prix, créé par la Scam avec la complicité du Festival de Cannes en 2015, récompense un film présenté dans les sections cannoises : Sélection officielle (Compétition, Un Certain Regard, Hors compétition et Séances de Minuit, Séances Spéciales, Courts métrages, Cannes Classics), Quinzaine des Réalisateurs et Semaine de la Critique.
Le jury présidé la réalisatrice américaine Kirsten Johnson et composé de Ovidie, Sophie Faucher, Pedro Pimenta et Jean-Claude Raspiengeas, décernera son Prix samedi 27 mai à 11h au Salon des Ambassadeurs.

L’Œil d’or figure désormais sur la liste officielle des prix éligibles à la catégorie long-métrage documentaire de l’Académie des Oscars.

Rencontre Pro de l’Acid en partenariat avec La Scam
Un projet documentaire, trois films, une œuvre ?

Samedi 20 mai à 15h30

À partir d’un même projet, comment cohabitent les différentes versions d’une œuvre ? À travers l’histoire d’un projet et d’un parcours, comment se dessine la vie d’un premier film, en plusieurs versions (TV, cinéma, festivals). Exemples et cas pratiques.

Modérée par Rémi Lainé, président de la Scam, Isabelle Pisani (LCP), Clément Pérot, cinéaste, Elsa Klughertz, productrice (Jonas Films), Diego Governatori, cinéaste de l’ACID.

Temps forts de la Scam au Doc Day

mardi 23 mai de 10h00 à 22h30

Le Doc Day est organisé par Cannes Docs-Marché du Film, avec le soutien de Doc Alliance, Participant et la Scam, et en association avec l’Œil d’or, l’Année du Documentaire, la DAE – Documentary Association of Europe, le CNC et l’ACID.

Le cinéma et les plaisirs de l’impossible : entretien avec Kirsten Johnson, présidente du jury de l’Œil d’or 2023.
La réalisatrice et directrice de la photographie Kirsten Johnson et la scénariste, réalisatrice et productrice Guetty Felin échangent sur les nombreuses façons de filmer et les possibilités offertes par le cinéma de rechercher l’invisible, de donner vie aux morts et au temps, de voyager à travers nos vies.

Atelier Scam avec les vidéastes CNC Talent en résidence à Cannes

mercredi 24 mai à 14h30

Animé par Sherine Deraz, en charge des vidéastes de la Scam.
En présence de : Judith Beauvallet (Demoiselles d’horreur), Louise Duhamel (Selfie’Storique), Ambre Larrazet, Alexandre Marinelli, Loïc Suberville.

Raphaël Meyssan, prix du Public 2022 au Festival Vrai de Vrai de la Scam, pour son premier film Les Damnés de la Commune, nous évoque la quête qui lui a permis de trouver sa propre parole. Ou comment après dix années de recherche, entre archives et témoignages, cette plongée dans les histoires des autres révèlera son travail d’auteur.

Pendant des années, j’ai travaillé comme graphiste. À mes yeux, un graphiste est un artiste qui met son talent au service de la parole d’une autre personne. En écrivant Les Damnés de la Commune, j’avais pour objectif de trouver ma propre parole. Paradoxalement, c’est avec les mots et les images des autres que j’ai réalisé une œuvre personnelle.

Raconter par l’intime

Les Damnés de la Commune m’ont porté durant dix années. C’était d’abord un projet un peu curieux, qui laissait mes interlocuteurs déconcertés : raconter une révolution, la Commune de Paris de 1871, sous la forme d’une bande dessinée, en utilisant uniquement des gravures publiées à la fin du XIXe siècle et des témoignages, archives et articles de l’époque. Au fil du temps, le projet a pris consistance. La bande dessinée s’est épaissie pour devenir près de cinq cents pages publiées en trois tomes aux Éditions Delcourt entre 2017 et 2019. L’aventure s’est poursuivie sous la forme d’un film d’animation d’une heure et demie, produit par Cinétévé et ARTE France en 2021.

Au début de mon projet, je me demandais : « Comment raconter cette page de l’histoire de France ? Le sujet est bien trop grand pour moi qui ne suis pas historien ! » J’ai trouvé une solution, en apprenant qu’un communard, un certain Lavalette, avait vécu dans mon immeuble, un siècle et demi plus tôt : j’allais raconter par l’intime, par la base, en commençant par ce voisin, par mon immeuble.

J’ai passé des années à amasser des archives, à réunir des témoignages, à rassembler des articles. J’ai cherché le réel… sans jamais le toucher.

Raphaël Meyssan

Au fil de mes lectures, je découvrais une grande histoire, celle de la Commune de Paris, et les bribes de petites histoires, celles d’hommes et de femmes emportés par cette révolution. La réalité dépassait ce que je pouvais imaginer. Peu à peu, j’ai mis en place la trame d’un récit choral, entre la grande histoire et ces petites histoires, sans les romancer mais en utilisant une écriture romanesque.

Une réalité objectivement insaisissable

J’ai passé des années à amasser des archives, à réunir des témoignages, à rassembler des articles. J’ai cherché le réel… sans jamais le toucher. Très souvent, ces sources m’en apprenaient moins sur le sujet qu’elles évoquaient que sur ceux qui les avaient écrites.

J’ai par exemple trouvé, dans les archives de la police et de l’armée, des centaines de documents sur Lavalette, mon voisin communard. Mais ces documents décrivaient de manière glaciale un « individu » surveillé par des institutions, pas la personne qu’avait été mon voisin. J’en ai moins appris sur Lavalette que sur les policiers et les militaires.

Dans les journaux, j’ai tenté de récupérer un récit évoquant la proclamation de la Commune, sur le parvis de l’Hôtel de Ville, le 28 mars 1871. Beaucoup de journalistes étaient sur place, mais ils ne semblent pas avoir assisté au même événement. Ils expriment davantage les angles politiques de leurs journaux que l’événement lui-même. Je les mets en scène dans la bande dessinée pour montrer plusieurs visions d’une réalité objectivement insaisissable.

J’ai cherché des témoignages de personnes opposées à la Commune. Mais rares sont celles qui décrivent ce qu’elles ont vu. Très souvent, elles perçoivent cette période au travers de la presse. Leurs déclarations expriment surtout leurs sentiments de rejet de la révolution parisienne inspirés par la lecture de ces journaux anti-communards. Pour nombre de Versaillais et de provinciaux, la Commune est « une émeute de fous et d’imbéciles mêlés de bandits », comme l’écrira George Sand depuis Nohant, dans l’Indre.

Plus j’ai croisé les archives, les témoignages, les articles, plus “le réel” s’est dérobé.

Raphaël Meyssan

Jusque dans Paris, ce qui est relaté par les journaux éclipse ce qui pourrait pourtant être observé par soi-même. Ainsi, Madame Talbot qui habite du côté du boulevard Haussmann exprime dans ses lettres cette semblable vision des communards perçus comme des brigands… Jusqu’à ce jour de la Semaine sanglante où son mari descend dans la rue et rencontre des gardes venus défendre une barricade. Lorsqu’ils sont pris et fusillés, elle s’exclame : « Quel malheur que ce bataillon soit composé d’hommes honnêtes ! » Elle sait que les communards sont des bandits… sauf ceux qu’elle a vraiment vus.

S’approcher d’autre chose

Les témoignages, y compris les plus intimes, reconstruisent le souvenir et se mélangent parfois aux images de la presse. Par exemple, Victorine évoque la bataille de la place de la Bastille, à laquelle elle a vraiment participé et au cours de laquelle elle a frôlé la mort. Mais ce qu’elle décrit ressemble beaucoup trop à une gravure que j’ai découvert dans un journal. J’ai repris le témoignage et l’image pour raconter cette bataille. Emmené dans la narration, le lecteur peut avoir un sentiment de réalité, de ressentir l’événement comme s’il y était. Il peut aussi y trouver un second niveau de lecture, qui dit non plus l’événement, mais la construction de la mémoire et de l’histoire à travers les images.

Plus j’ai croisé les archives, les témoignages, les articles, plus « le réel » s’est dérobé.

Mais, je me suis approché d’autre chose, peut-être bien plus intéressant : la relation que ces hommes et ces femmes ont eu avec l’événement et la relation que j’ai avec leur histoire. C’est cela, pour moi, qui constitue la réalité : la relation.

Je ne suis pas devenu auteur dès la première page du premier tome. C’est arrivé plus tard, à la page 29.

Raphaël Meyssan

Une personne a accompagné mes premiers pas d’auteur. Une personne qui a vécu cent cinquante ans plus tôt, durant la Commue de Paris, une femme qui a écrit ses mémoires sous le nom de Victorine B. Cette femme est l’un des personnages principaux du roman graphique, avant d’être le personnage central du film.

C’est cette femme, Victorine, qui a fait de moi un auteur. Je ne suis pas devenu auteur dès la première page du premier tome. C’est arrivé plus tard, à la page 29. Sur cette page, je reprends les mots de Victorine pour dire la mort de son fils. Grâce à elle, je me suis autorisé à raconter cette épreuve terrible et celles qui vont suivre. Je n’ai pas écrit un seul mot de cette page, pourtant c’est ici, précisément, aidé par Victorine, que je suis devenu auteur.

Raphaël Meyssan est auteur, scénariste, graphiste et réalisateur.

La Scam affirme la place singulière des auteurs et des autrices dans la société. Astérisque en est le porte-voix.

C’est lors de la Soirée Tendances 2023 que le jury a décerné le Prix Scam de L’Œuvre institutionnelle 2023 à Yoni Nahum pour son œuvre Tendre mémoire.

Tendre mémoire
de Yoni Nahum

33’35 – 2022 – 11e District, Prod8 – pour France Alzheimer

Il s’appelle Gérard. Il a 74 ans. Il vit à Paris avec sa femme Marie. Il est comédien. Il a été diagnostiqué Alzheimer il y a presque une année, et doit aujourd’hui adapter son quotidien avec la maladie déjà enclenchée. Lumineux et optimistes, Gérard et Marie nous révèlent leur intime, de malade et d’aidante, sous le prisme des activités bénéfiques pour ralentir la maladie, et surtout pour continuer à vivre, aussi lucide qu’ils le peuvent, avec cette mémoire qui se détériore…

Yoni Nahum

Yoni Nahum, jeune réalisateur né à Paris, commence à réaliser ses premiers courts-métrages durant ses études à Paris VIII. Rapidement et fort de ses rencontres, il s’intéresse à mettre en valeur des histoires, humaines et sociales. En 2015, il filme une jeune fille de 18 ans, Anéka, handicapée depuis sa naissance, sa place dans ce monde, et surtout sa vie intime avec sa mère. En 2017, il collabore avec le metteur en scène de théâtre Didier Ruiz en filmant des jeunes adolescents de Sarcelles, Youth. Après plusieurs prix pour ses courts-métrages de fiction et de sensibilisation, notamment pour le Téléthon, il est Lauréat du Prix Victor-Noury de l’Académie Française en 2019. Très vite, il s’oriente vers le documentaire. Après plusieurs projets différents, notamment un hommage au film Place de la République de Louis Malle, il réalise en 2022 pour France Alzheimer « Tendre Mémoire » sur la maladie dans son intimité.

Le jury était composé de Caroline Swysen, Atisso Médessou et Aymeric Colletta, (réalisatrice et réalisateurs membres de la commission audiovisuelle de la Scam), Alexandre Berman (coréalisateur avec Olivier Pollet de Le Syndrome Panguna, finaliste pour le Prix Albert Londres 2017 audiovisuel, réalisateur de Ophir, Grand Prix au FIFO 2020) et Laura Ghazal (humoriste, réalisatrice de films institutionnels notamment pour Tulipes &Cie. Primée aux Deauville Green Awards 2022, compétition SPOT, pour son travail sur les stéréotypes de genre Grands projets au féminin – Lutte contre les stéréotypes Discrimination – diversité / VINCI).

Yoni Nahum, lauréat du Prix de L'Œuvre Institutionnelle 2023