Le film documentaire, « Bouddhisme, la loi du silence » de Élodie Emery et Wandrille Lanos a reçu le Prix Scam de l’investigation au festival FIGRA 2023.

Ce Prix a été décerné dans la sélection officielle – compétition internationale + de 40 minutes, par le jury présidé par Frédéric Tonolli (pirate et membre de la confrérie de l’Albert Londres Grand reporter) et composé de Alexandra Jousset (réalisatrice), Anna Glogowski (chercheuse programmatrice), Mayte Carrasco (réalisatrice et productrice), Bryan Carter (réalisateur), Didier Dahan (Grand Reporter et membre de la commission des journalistes de la Scam) et Frédéric Texeraud (producteur).

Bouddhisme, la loi du silence
de Élodie Emery et Wandrille Lanos

90 min – France – 2022

En août 2017, le Dalaï-Lama, prononçait la disgrâce de Sogyal Rinpoché. Mondialement connu, ce lama bouddhiste était accusé depuis des décennies d’abuser sexuellement ses disciples. Bénéficiant d’une image unanimement favorable en Occident, le bouddhisme tibétain est secoué par de graves scandales : pédophilie, viols et détournements de fonds. Comment cette « philosophie » a pu connaître les mêmes dérives que toutes les autres grandes religions ? Comment une personnalité comme le Dalaï-Lama a-t-elle pu laisser faire, voire cacher scandales et abus ? Une enquête sur les nombreux scandales à ce jour à peine dévoilés, mais aussi pour comprendre comment ils ont pu être passés sous silence et échapper à la justice.

Image : Mathieu Mondoulet et Rammohan Pateriya
Montage : Nils Montel et Matthieu Besnard
Prod. : StudioFact Media Group
Co-prod. : Arte France.
Avec la participation de CNC.
Avec le soutien de Région Île-de-France, PROCIREP et ANGOA

Élodie Emery est journaliste de presse écrite. Elle a travaillé 9 ans pour l’hebdomadaire Marianne, où elle a écrit une dizaine d’enquêtes sur le bouddhisme tibétain en Occident. Elle a ensuite travaillé à L’Express, où elle tenait une chronique et signait des reportages sur des sujets de société. Elle a également longtemps tenu une chronique quotidienne dans la Matinale du Mouv’ sur Radio France. Il s’agit de son premier film.
(suite…)

La Scam vous convie à la Nuit de la radio 2023, une expérience unique d’écoute collective. Depuis 2001, la Nuit de la radio propose de (re)découvrir des extraits mythiques de l’histoire de la radio, issus des collections de l’INA.
Construite cette année sur le thème Les morts ne l’entendent pas de cette oreille, ce programme sonore a été écrit et réalisé par Judith Bordas.
Un événement Scam en partenariat avec l’INA.

Les morts ne l’entendent pas de cette oreille

Durée du programme : 1h

Comment ça se fabrique un mort ? Est-ce qu’il existe une suite de mots, de gestes qui par leur assemblage permettraient à un mort de rester un peu parmi nous ? Qu’en est-il pour ceux dont on ne sait rien, dont on ignore le nom, l’histoire ? Et si on pouvait choisir à l’avance notre propre oraison, quelle serait-elle ?

Quand mon voisin est mort, ça a été très vite.
Une après-midi, deux heures de cérémonie et on n’en parle plus.
Deux heures.
C’est peu pour parler de quelqu’un.
Deux heures, arrivée de la voiture des pompes funèbres, attroupements et chuchotements, embrassades et proposition de mouchoirs compris.
Deux heures du moment où le corps des convives est lesté au sol, ressent une légère sueur froide jusqu’à celui où on se dit que ce soir on irait bien boire un coup, qu’il faudrait en profiter de cette vie.

Des mois après, j’étais toujours en colère et me demandais si on n’aurait pas pu faire mieux.

Cette promenade dans les archives radiophoniques de l’INA est une enquête sur notre manière d’accompagner les morts, de leur permettre de devenir -pour paraphraser la philosophe Vinciane Despret- de « bons » morts, des morts heureux.

Judith Bordas

Capsule 1 – Mon faire-part de décès
Capsule 2 – Un mort « accompli » selon Vinciane Despret
Capsule 3 – École des métiers du funéraire

Crédits du programme de la Nuit de la radio 2023
Un événement proposé par la Scam en partenariat avec l’INA.
Judith Bordas : autrice sonore, dramaturge, plasticienne et membre de la commission du répertoire sonore de la Scam
Avec le concours de :
Amélie Briand-Le Jeune, documentaliste INA
Martin Delafosse, monteur/mixeur
Remerciements : Antoine Chao, Hélène Chaudeau, Charlotte Bienaimé, Jean-Marie Clairambault et tous les membres de la commission sonore de la Scam
Design : Catherine Zask
Animation : Benoît Wimart

Le programme détaillé – 1h

Ce symbole renvoie vers les crédits de l’extrait précédemment cité

1/ Un Nagra devant Marseille, 1
Extrait : 1’06’’ – Nuits magnétiques
Producteurices : Jean Couturier, Irène Omélianenko
13 novembre 1990 – France Culture – INA
Montage d’entretiens à Marseille et ambiances sonores.

2/ La mort dans les sociétés africaines : 2e partie
Extrait : 12’’ – La matinée des autres
Producteur : Tony da Silva
Réalisateur : Bernard Latour
5 février 1980 – France Culture – INA

3/ Obsèques de Léon Blum
Extrait : 36’’
Journalistes : Stéphane Pizella, Jean Rabaut
2 avril 1950 – Radiodiffusion Télévision Française (RTF) – INA
Reportage place de La Concorde où la foule et les officiels sont venus saluer la dépouille de Léon Blum et manifester leur peine.

4/ Les embaumeurs
Extrait : 3’22’’ – Sur les docks
Producteur : Joseph Confavreux
Journaliste : Elise Andrieu
Réalisateur : Renaud Dalmar
31 octobre 2006 – France Culture – INA
Chaque jour, les thanatopracteurs pratiquent les soins de conservation sur les corps défunts, afin de les rendre fidèles à ce qu’ils étaient. Une dernière image apaisée qui permettra aux proches de faire leur deuil.

5/ Prendre soin, penser en féministes le monde d’après (Ep. 26)
Extrait : 1’10’’ – Un Podcast à soi
Autrice : Charlotte Bienaimé
Réalisateur : Samuel Hirsch
Producteur : Arte Radio
Participante : Vinciane Despret
10 juin 2020 – Arte Radio
Cet épisode cherche à rendre hommage aux nombreuses femmes, autrefois invisibles, mises au-devant de la scène par la crise du Covid : aides-soignantes, infirmières, aides à domicile, institutrices, caissières, nounous, agentes d’entretien… Ces femmes qui exercent en grande majorité ces métiers dits « du care », essentiels à la marche de notre monde. Il interroge aussi plus largement la notion de soin : qui prend soin de qui ? Et au-delà encore, comment prend-on soin ? Qu’en est-il du soin que l’on porte aux morts ? Mais aussi au monde vivant, et aux animaux ? Et pourquoi tout cela nous amène à parler de vulnérabilité, de pouvoir et d’utopies concrètes ?

6/ Les embaumeurs
Extrait : 35’’
∞ Extrait n°4

7/ Par la Racine, Mortel combat…
Extrait : 1’30’’
Autrice, réalisatrice, monteuse : Loren Gautier
Producteur : Radio Vassivière
Participante : Hélène Chaudeau
25 septembre 2019 – Radio Vassivière
Par la Racine est un groupe de recherche qui se réunit depuis environ un an dans l’idée d’initier un mouvement de réappropriation de la mort sur la montagne limousine. À travers des enregistrements d’une réunion Par la Racine de décembre 2018 Hélène Chaudeau nous présente les multiples aspects ce cette inéluctable question.

8/ Sous bénéfice d’inventaire : la mort et l’héritage – Ni fleurs ni couronnes
Extrait : 3’24’’ – Sur les docksProductrice : Jeanne Robet
Réalisatrice : Nathalie Salles
13 avril 2010 – France Culture – INA
Seconde émission d’une série de quatre émissions consacrées à la mort et à l’héritage. Ce documentaire est consacré aux funérailles.
Qu’écrira-t-on sur le faire-part ? Où reposera votre corps ? Diffusera-t-on de la musique ? Avez-vous pensé à une épitaphe ? Interrogées sur l’organisation de leurs propres funérailles, quatre personnes d’âge et de culture divers imaginent la trace, audible, qui sera laissée aux proches et au monde. Au fil de ces témoignages se dessine un portrait de notre société face à la question du rituel funéraire. Mais avec des paroles vivantes et gracieuses, qui tentent de se jouer de la mort. En complément de ces scénarios intimes, des entretiens réalisés avec le directeur des services funéraires de la ville de Paris et un maître de cérémonie viennent confronter les volontés des uns et des autres, traditionnelles ou hors du commun, aux usages en cours et à la réglementation française.
Ce documentaire est inspiré du projet « Tombeaux Ouverts » réalisé par Jeanne Robet en résidence au CentQuatre en 2010 dont est issue une série de douze pièces sonores. https://soundcloud.com/tombeauxouverts

9/ Naître et mourir :  » Votre mort, on s’en occupe  »
Extrait : 1’26’’ – Sur les docks
Productrice : Maryam Khakipour
Réalisateur : François Teste
30 octobre 2013 – France Culture – INA
Troisième émission d’une série de quatre documentaires consacrée à la naissance et à la mort.
Rencontre avec des employés des pompes funèbres participant à un stage de formation au métier de « maître de cérémonie » à l’École Nationale des Métiers du Funéraire de Paris.

10/ Sous bénéfice d’inventaire : la mort et l’héritage – Ni fleurs ni couronnes
Extrait : 1’08’’
∞ Extrait n°8

11/ Naître et mourir :  » Votre mort, on s’en occupe « 
Extrait : 1’41’’
∞ Extrait n°9

12/ Sous bénéfice d’inventaire : la mort et l’héritage – Ni fleurs ni couronnes
Extrait : 1’06’’
∞ Extrait n°8

13/ Naître et mourir :  » Votre mort, on s’en occupe  »
Extrait : 45’’
∞ Extrait n°9

14/ Sous bénéfice d’inventaire : la mort et l’héritage – Ni fleurs ni couronnes
Extrait : 2’28’’
∞ Extrait n°8

15/ Au passage des mères
Extrait : 4’26’’ – Surpris par la nuit
Producteurices : Sylvie Gasteau, Alain Veinstein
Réalisateur : Lionel Quantin
5 septembre 2000 – France Culture – INA
À travers des témoignages croisés, ce document évoque la disparition de la mère, événement universel, vécu au fond de soi comme un séisme.
Novembre 99 – J’habite chez Rémy. Péril en la demeure. Sa mère va mourir. Il le sait, nous nous efforçons au mieux de vivre cette épreuve.

Décembre 99 – Catherine me raconte combien la rencontre d’un « croque-mort » pas comme les autres l’a aidé à mieux vivre le deuil de sa mère. C’est un homme incroyable, né dans un corbillard, greffé du cœur, qui se déclare survivant et exerce son métier avec passion.
Avril 2000 – Ma mère meurt à l’hôpital Béclère. La nuit même, je recopie son journal écrit en réanimation et l’enregistre pour la cérémonie.
Mai 2000 – Je parle de mon projet d’émission à Pascal. Après dix ans, il n’a toujours pas fait le deuil de sa mère… Coco dont la mère est plongée dans un coma profond, se propose de parler de cette mère encore vivante dont elle dit porter déjà le deuil.
Juillet 2000 – Les rendez-vous sont pris. Sylvie, Rémy, Catherine ont retrouvé le médecin, le prêtre, la thanatopracteur qu’ils ont rencontrés lors du décès de leur mère. Par des dialogues croisés, ils évoquent la disparition de la mère, événement universel, vécu au fond de soi comme un séisme.

16/ Sous bénéfice d’inventaire : la mort et l’héritage – Ni fleurs ni couronnes
Extrait : 2’38’’
∞ Extrait n°8

17/ Les pompes funèbres
Extrait : 46’’ – Les après-midi de France Culture
Producteurices : Pierre-Yves Leprince, Paula Jacques
Extrait du Journal corporatif des pompes funèbres
6 mars 1975 – France Culture – INA

18/ Je voudrais pas crever sans…
Extrait : 54’’ – Là-bas, si j’y suis
Producteur : Daniel Mermet
Journaliste : Christelle Loigerot
Réalisatrices : Chloé Sanchez, Lucie Akoun
21 décembre 2012 – France Inter – INA
Aujourd’hui, Christelle Loigerot s’intéresse aux dernières volontés des hommes avant de mourir.

19/ Votre tombe vous la voyez où ?
Extrait : 1’30’’ – Là-bas, si j’y suis
Producteur : Daniel Mermet
Journaliste : Dillah Teibi
Réalisateur : Antoine Chao
26 novembre 2002 – France Inter – INA
Des personnes de confessions ou d’origines différentes évoquent leurs rites funéraires.

20/ La mort embrasse la vie
Extrait : 39’’ – Création On Air
Productrices : Irène Omélianenko, Cendrine Robelin
Réalisatrice : Nathalie Salles
10 décembre 2015 – France Culture – INA
Création radiophonique autour de la mort comme omniprésente dans la vie.
La mort, la mort, es-tu là ? Faut-il vraiment que nous parlions de la mort ? La simple évocation de son nom suscite la terreur. La mort est là, à deux pas, omniprésente, prête à bondir, à trépasser sur place. Elle s’invite à l’improviste. Dans les yeux de l’enfant, la mort est tapie au creux de la nuit. Elle emporte chats, poissons rouges et grands-parents. L’issue est irrémédiable. Chaque jour de notre vie nous rapproche de notre mort. La mort, la mort ? Je n’ai pas peur de toi ! Regardez-la, la mort embrasse la vie. Je t’aime, je te pardonne, pardonne-moi, je te remercie mille fois. Je veux vivre.

21/ Au passage des mères
Extrait : 8’22’’
∞ Extrait n°15 

22/ La mort des SDF : 1re partie
Extrait : 2’34’’ – Là-bas, si j’y suis
Producteur : Daniel Mermet
Journaliste : Giv Anquetil
19 avril 2001 – France Inter – INA
Première émission d’une série de deux : reportage de Giv Anquetil sur la mort des SDF. Témoignage de Jean-Pierre, SDF de 55 ans, qui évoque de bons souvenirs d’un copain surnommé « Tintin » décédé en 2000, ses obsèques et la bénédiction qu’il a organisée pour lui. Il parle du service des « indigents » au cimetière.

23/ Le chœur y est
Extrait : 3’54’’ – Interception
Producteurs : Lionel Thompson, Pascal Dervieux
Journaliste : Sandrine Oudin
Chorale : Au clair de la rue
Chanson : La tendresse – Paroles de Noël Roux, musique de Hubert Giraud – Crédits : S.E.M.I, Paris (France) et Hubert Giraud
3 avril 2011 – France Inter – INA
C’est une drôle de chorale, qui chante faux mais qui sonne juste. Une chorale née à Nantes de la rencontre entre un ingénieur à la retraite et un SDF, un gars de la rue, comme ils préfèrent qu’on les appelle. Ce dernier en avait assez d’assister aux obsèques anonymes de sans logis, enterrés à la sauvette. Un ingénieur à la retraite lui a proposé de monter une chorale pour chanter lors de ces cérémonies et leur rendre un peu d’humanité.
Au clair de la rue : la chorale des sans-abris de l’agglomération nantaise https://www.choraleauclairdelarue.com/presentationchoraleauclairdelaruecom

24/ La mort des plus démunis
Extrait : 2’29’’ – Sur les docks
Producteurs : Saber Jendoubi, Léo Rozé
Réalisatrice : Assia Khalid
Opérateurs de prise de son : Jean-Marie Porcher, Yann Fressy
18 décembre 2013 – France Inter – INA
Documentaire à base de témoignages consacré au travail du collectif « Les morts de la rue » qui veille à offrir une sépulture aux sans-abris morts dans la rue.
Chaque année en France, avec l’arrivée du froid, les médias relatent quasi-quotidiennement le nombre de morts retrouvés dans la rue. Un décompte morbide qui s’intéresse rarement au devenir du corps d’une personne nommée x dont on ne connaît que le lieu et parfois le moment de la mort.
À Rennes, un collectif s’est créé pour que ces personnes, qu’elles aient été riches ou pauvres, ne partent pas dans l’indifférence générale ; pour leur donner un peu de dignité.
Témoignages de parcours individuels, témoignages d’une histoire collective. La mort doit faucher. La canaille et l’homme de biens, le prolo et le saint.
https://www.mortsdelarue.org/

25/ Obsèques de Léon Blum
Extrait : 22’’
∞ Extrait n°3

26/ Cérémonie d’anniversaire de Jean Jaurès au Panthéon
Extrait : 6’’
Journaliste : Jean Quittard
Participant : Léon Blum
31 juillet 1947 – Radiodiffusion française (RDF) – INA
Reportage de Jean Quittard pendant la cérémonie au Panthéon. Discours incomplet de Léon Blum, très ému, évoquant la personnalité de Jean Jaurès.

27/ Le Championnat de France du Panettone
Extrait : 15’’ – L’adresse de François-Régis Gaudry
Producteur : François-Régis Gaudry
17 octobre 2021 – France Inter – INA
Né à Milan, cet incontournable gâteau de la gastronomie italienne connaît un succès grandissant.

28/ Cérémonie d’anniversaire de Jean Jaurès au Panthéon
Extrait : 16’’
∞ Extrait n°26

29/ Le Championnat de France du Panettone
Extrait : 16’’
∞ Extrait n°27

30/ Un Nagra devant Marseille, 1
Extrait : 1’52’’
∞ Extrait n°1

31/ Un Nagra devant Marseille, 2
Extrait : 20’’ -Nuits magnétiques
Producteurices : Jean Couturier, Irène Omélianenko
14 novembre 1990 – France Culture – INA
Montage d’entretiens à Marseille et ambiances sonores.

32/ Au passage des mères
Extrait : 16’’
∞ Extrait n°15

Biographie

Judith Bordas est autrice pour le théâtre et la radio, dramaturge et plasticienne.
Formée à l’École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre de Lyon, elle produit des créations radiophoniques en partenariat avec France Culture, la RTBF et la RTS depuis 2013.

Ses créations sonores font l’objet de diffusions ou d’écoutes immersives lors de festivals.
En 2018, elle écrit et produit Traverser les forêts, un essai radiophonique sur la peur ressentie quand on est une femme dans l’espace public. Cette production réalisée avec Annabelle Brouard sur les ondes de France Culture reçoit en 2019 le Prix de l’Oeuvre sonore de l’année de la Scam, ainsi que le Prix Grandes Ondes au festival Longueur d’ondes de Brest et le Prix du Public aux Phonurgia Nova Awards.

En 2020, elle est autrice et co-metteuse en scène avec Annabelle Brouard de Fugueuses, histoires des femmes qui voulaient partir, un road movie sonore et théâtral, en partenariat avec le Théâtre du Point du Jour à Lyon.
Le documentaire radiophonique Par elles-mêmes (L’Expérience, France Culture, 2022), relate une année dans un foyer de l’Aide Sociale à l’Enfance. Ce projet a bénéficié de l’Aide sélective aux autrices et auteurs de podcasts et de créations radiophoniques du Ministère de la Culture.
Elle mène régulièrement des ateliers auprès de publics tenus éloignés des sphères culturelles.
Également plasticienne, son travail est exposé dans différentes galeries en France depuis 2005.

Membre de la Commission du répertoire sonore de la Scam, Judith Bordas a conçu le programme de la Nuit de la radio 2023 – Les morts ne l’entendent pas de cette oreille.

www.judith-bordas.book.fr

La Nuit de la radio

Depuis 2001, les auteurs de la commission des œuvres sonores de la Scam proposent, avec la Nuit de la radio, une expérience unique d’écoute collective, organisée conjointement avec l’INA et Radio France.

Un programme, réalisé à partir d’archives sonores sur un thème renouvelé chaque année, se découvre casque sur les oreilles, sous les étoiles de l’été. Divulguée à Paris pour sa première écoute, la Nuit de la radio s’inscrit également dans la programmation des prestigieux festivals de l’été que sont le FID à Marseille et les Etats généraux du film documentaire, à Lussas.
Le choix des thématiques permet de puiser librement dans l’histoire de la radio et d’inventer un récit singulier libéré des formats et des contraintes chronologiques.

Depuis sa création, la Nuit de la radio a notamment abordé les rivages de l’Ailleurs (2009), L’Esprit des lieux (2014), la censure (Les Oreilles ont des murs, 2010), l’Afrique (2003), les Plaisirs (2013), les Voix des ondes (2005), le Noir (2008), les lendemains qui chantent (Ça ira mieux demain !, 2012), les Ondes de choc (2015), L’adieu aux larmes (2016), Liberté(s) (2017), Le jour tombe, la nuit se lève (2018), Refaire le monde (2019), Avoir 20 ans (2020-2021), Le Panoptique Spatial (2022).

Nuit de la radio 2022 -Visual & interactive design Chevalvert
Visuel & design Chevalvert

2022

Nuit de la radio 2021
conception graphique : Grabuge

2020-2021

L'esprit des mieux - Nuit de la radio 2014
conception graphique Catherine Zask - 2014

2014

Ô Plaisirs - Nuit de la radio 2013
conception graphique : Gersende Hurpy - 2013

2013

Nuit de la radio 2012
conception graphique Gersende Hurpy

2012

Nuit de la radio 2011
Conception graphique Gersende Hurpy

2011

Nuit de la radio 2009
conception graphique Catherine Zask

2009

Présidé par Olivier Weber et composé de Tahar Ben Jelloun, Catherine Clément, Annick Cojean, Colette Fellous, Pierre Haski, Isabelle Jarry, Michèle Kahn, Pascal Ory, Guy Seligmann et Patrick Deville (lauréat 2022), le jury a attribué le Prix Joseph Kessel 2023 à Sibylle Grimbert

Romancière et éditrice, Sibylle Grimbert dans Le Dernier des siens, questionne l’humain dans son approche du monde sauvage.

1835. En une époque où l’homme exploite la faune sans le moindre scrupule, le musée d’histoire naturelle de Lille envoie le jeune zoologiste Gus dans le nord de l’Europe. Lors d’une traversée, Gus assiste impuissant au massacre d’une colonie de grands pingouins (Alca impennis), et sauve l’un d’eux sans se douter qu’il vient de récupérer le dernier spécimen vivant de l’espèce. Bec de rapace, cri rauque, œil méchant, l’oiseau n’a rien d’un animal de compagnie. Et pourtant, une relation étonnante prendra forme peu à peu, mais comment aimer ce qui est en train de disparaître…

Ce superbe récit d’une amitié improbable raconte aussi l’amère découverte qu’une espèce, si proliférante soit-elle, peut s’éteindre à jamais. En filigrane se lit une question essentielle : l’homme restera-t-il ce prédateur qui détruit la Terre à petit feu, ou trouvera-t-il l’intelligence et la force de se ressaisir ?

Le dernier des siens donne à voir, sentir et imaginer une folle aventure rappelant le regard empathique de Joseph Kessel sur les êtres humains ou les créatures animales, telle son célèbre Lion. Le jury a salué l’originalité de ce douzième roman de Sibylle Grimbert, soutenu par une écriture précise, dense et un style d’une simplicité élaborée.

Michèle Kahn

 

Ce Prix Joseph Kessel de la Scam, doté de 5000 €, sera remis à l’autrice lors du festival Etonnants Voyageurs, dimanche 28 mai 2023 à Saint-Malo, en présence des membres du jury.

Contact presse

cristina.campodonico@scam.fr – 06 85 33 36 56

« On connaît très mal un écrivain par un seul de ses livres : les harmoniques de l’œuvre nous échappent. »

Marguerite Yourcenar, En pèlerin et en étranger

C’est donc pour mieux approcher un écrivain, appréhender son univers, (re)découvrir son talent que le Prix Marguerite-Yourcenar de la Scam met en lumière un auteur ou une autrice pour l’ensemble de son œuvre.

Le jury* a souhaité récompenser l’une des voix les plus singulières et les plus attachantes de la littérature contemporaine française. Depuis La Déclaration (1990), Lydie Salvayre parcourt le XXe siècle à la recherche de son histoire, celle des républicains espagnols. Elle suit la grande famille des spectres à travers la guerre, l’exil, la dépossession et jusqu’à l’enracinement, cette étrangeté sans cesse recommencée. La gravité de ce questionnement va de pair avec un éloge de l’amour sous toutes ses formes – attachement aux siens, passion pour un homme, traité d’éducation lubrique, ode à l’existence –, décliné avec une liberté de ton qui suscite le rire et aiguillonne l’autodérision. Du roman au scénario en passant par le récit, l’essai, le théâtre et le CD audio, Lydie Salvayre a pratiqué de nombreuses formes d’écriture, offertes à des maisons d’édition grandes et petites, en son nom propre ou au sein de collectifs. Loin de tout esprit de sérieux, elle montre à quel point la littérature engage des choses sérieuses, en secouant nos certitudes en même temps que nos désirs.

* présidé par Isabelle Jarry, le jury est composé de Laura Alcoba, Virginie Bloch-Lainé, Simonetta Greggio, Ivan Jablonka, Bertrand Leclair, Eloïse Lièvre, Ernestine Ngo Melha, Pascal Ory, de l’Académie française, et Hubert Prolongeau

Lydie Salvayre

Elle entre en littérature dans les années 1970, lorsqu’elle commence à écrire pour des revues et à publier essais et romans. Elle écrit également pour la radio et la télévision. Parmi ses œuvres les plus marquantes, publiées au Seuil : Depuis toujours nous aimons les dimanches (2024) ; Irréfutable essai de successologie (2023) ; Tout homme est une nuit (2017) ; BW (2009) ; Les Belles âmes (2000) ; La Conférence de Cintegabelle (1999) ; La Compagnie des spectres (1997) ; La Puissance des mouches (1995).

Photo : Benjamin Géminel

Doté de 8 000 €, le prix 2024 sera remis à Lydie Salvayre dimanche 30 juin à 15h au Théâtre Sorano, dans le cadre du Festival Le Marathon des Mots à Toulouse.

Contact : presse@scam.fr – 01 56 69 64 34

« On connaît très mal un écrivain par un seul de ses livres : les harmoniques de l’œuvre nous échappent. »

Marguerite Yourcenar, En pèlerin et en étranger

C’est donc pour mieux approcher un écrivain, appréhender son univers, (re)découvrir son talent que le Prix Marguerite Yourcenar de la Scam met en lumière un auteur ou une autrice pour l’ensemble de son œuvre.

Beaucoup se souviennent de « l’oiseau de Cham », alias le « rapporteur de paroles » qui orchestrait la spirale polyphonique constituant Texaco. Ce grand roman de la créolité en marche a valu à Patrick Chamoiseau un prix Goncourt retentissant en 1992, six ans à peine après la parution de son premier livre, Chronique des sept misères.

En inventant son chemin sur les traces magiques des conteurs créoles surgis de la catastrophe esclavagiste, son dernier roman, Le vent du nord dans les fougères glacées (Le Seuil, 2022), forme un lumineux diptyque avec l’essai publié, La nuit, le conteur et le panier pour explorer les sources de la création artistique d’une manière inédite, et témoigner ainsi d’une forme d’accomplissement.

Né à Fort-de-France en 1953, nourri de la pensée du Tout-monde élaborée par Edouard Glissant (1928-2011), Patrick Chamoiseau est désormais l’auteur d’une œuvre considérable et hautement singulière, que le jury* du Prix Marguerite Yourcenar est heureux et fier de célébrer alors qu’elle atteint une nouvelle apogée.

Patrick Chamoiseau

Ecrivain majeur de la Caraïbe, il est l’auteur de romans, de contes, d’essais et théoricien de la créolité. Il a également écrit pour le théâtre et le cinéma. Parmi ses œuvres les plus marquantes : Chronique des sept misères (Gallimard, 1986) ; Éloge de la créolité (avec Raphaël Confiant et Jean Bernabé, Gallimard 1989) ; Solibo Magnifique (Gallimard, 1991) ; Lettres créoles (avec Raphaël Confiant, Hatier, 1991) ;  Une enfance créole (Gallimard, 1996) ;  Biblique des derniers gestes (Gallimard, 2001) ; Écrire en pays dominé (Gallimard, 2002) ; La Matière de l’absence (Le Seuil, 2016) ; Le Conteur, la nuit et le panier (Le Seuil, 2021) ; Le Vent du nord dans les fougères glacées (Le Seuil, 2022).

* présidé par Isabelle Jarry, le jury est composé de Laura Alcoba, Arno Bertina, Catherine Clément, Colette Fellous, Simonetta Greggio, Nedim Gürsel, Ivan Jablonka, Bertrand Leclair et Pascal Ory, de l’Académie française.

Patrick Chamoiseau - photo Eric Daribo
Patrick Chamoiseau - photo Eric Daribo

Contact presse

Cristina Campodonico – 06 85 33 36 56 – cristina.campodonico@scam.fr

Le réalisateur français Nicolas Philibert, présidera cette année le jury aux côtés de Dyana Gaye, Elise Jalladeau, Francis Legault et Mina Kavani.

Le jury remettra L’Œil d’or, Le Prix du documentaire le vendredi 24 mai au Palais des Festivals.

Depuis 2015, L’Œil d’or – Le Prix du documentaire du Festival de Cannes récompense un film présenté en Sélection officielle : Compétition, Un Certain Regard, Hors compétition, Séances de Minuit, Séances Spéciales, Cannes Classics. Les documentaires de la Quinzaine des cinéastes et de la Semaine de la Critique sont également invités à y participer. Doté de 5 000 €, L’Œil d’or – Le Prix du documentaire a été créé par le Festival de Cannes et la Scam.

Le jury 2024

Nicolas Philibert, président du Jury


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La réalisatrice américaine Kirsten Johnson, présidera cette année le jury aux côtés d’Ovidie, Sophie Faucher, Pedro Pimenta et Jean-Claude Raspiengeas.

Le jury remettra L’Œil d’or, Le Prix du documentaire le samedi 27 mai au Palais des Festivals.

Le documentaire revient en compétition officielle au Festival de Cannes en cette « Année du documentaire » portée par le CNC en partenariat avec la Scam et la Cinémathèque du documentaire.

Depuis 2015, L’Œil d’or – Le Prix du documentaire met sous les projecteurs du Festival de Cannes ce genre cinématographique par lequel le 7e art est né. Il récompense un film présenté dans les sections cannoises : Sélection officielle (Compétition, Un Certain Regard, Hors compétition et Séances de Minuit, Séances Spéciales), Quinzaine des Réalisateurs et Semaine de la Critique. Doté de 5 000 €, L’Œil d’or – Le Prix du documentaire a été créé par la Scam alors présidée par Julie Bertuccelli avec la complicité du Festival de Cannes et de Thierry Frémaux.

Le jury 2023

Kirsten Johnson, présidente du Jury


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C’est lors de la Soirée Tendances 2023 que le jury a décerné le Prix Scam de L’Œuvre institutionnelle 2023 à Yoni Nahum pour son œuvre Tendre mémoire.

Tendre mémoire
de Yoni Nahum

33’35 – 2022 – 11e District, Prod8 – pour France Alzheimer

Il s’appelle Gérard. Il a 74 ans. Il vit à Paris avec sa femme Marie. Il est comédien. Il a été diagnostiqué Alzheimer il y a presque une année, et doit aujourd’hui adapter son quotidien avec la maladie déjà enclenchée. Lumineux et optimistes, Gérard et Marie nous révèlent leur intime, de malade et d’aidante, sous le prisme des activités bénéfiques pour ralentir la maladie, et surtout pour continuer à vivre, aussi lucide qu’ils le peuvent, avec cette mémoire qui se détériore…

Yoni Nahum

Yoni Nahum, jeune réalisateur né à Paris, commence à réaliser ses premiers courts-métrages durant ses études à Paris VIII. Rapidement et fort de ses rencontres, il s’intéresse à mettre en valeur des histoires, humaines et sociales. En 2015, il filme une jeune fille de 18 ans, Anéka, handicapée depuis sa naissance, sa place dans ce monde, et surtout sa vie intime avec sa mère. En 2017, il collabore avec le metteur en scène de théâtre Didier Ruiz en filmant des jeunes adolescents de Sarcelles, Youth. Après plusieurs prix pour ses courts-métrages de fiction et de sensibilisation, notamment pour le Téléthon, il est Lauréat du Prix Victor-Noury de l’Académie Française en 2019. Très vite, il s’oriente vers le documentaire. Après plusieurs projets différents, notamment un hommage au film Place de la République de Louis Malle, il réalise en 2022 pour France Alzheimer « Tendre Mémoire » sur la maladie dans son intimité.

Le jury était composé de Caroline Swysen, Atisso Médessou et Aymeric Colletta, (réalisatrice et réalisateurs membres de la commission audiovisuelle de la Scam), Alexandre Berman (coréalisateur avec Olivier Pollet de Le Syndrome Panguna, finaliste pour le Prix Albert Londres 2017 audiovisuel, réalisateur de Ophir, Grand Prix au FIFO 2020) et Laura Ghazal (humoriste, réalisatrice de films institutionnels notamment pour Tulipes &Cie. Primée aux Deauville Green Awards 2022, compétition SPOT, pour son travail sur les stéréotypes de genre Grands projets au féminin – Lutte contre les stéréotypes Discrimination – diversité / VINCI).

Yoni Nahum, lauréat du Prix de L'Œuvre Institutionnelle 2023

Eh oui, quand il court, le furet ressemble au désir, et il ressemble à Jean-Marie Barbe. Depuis toujours, l’auteur, réalisateur, producteur et enseignant, prix Jean-Marie Drot de la Scam 2022, se dépêche d’accomplir son œuvre, comme si le temps lui mordait les mollets. Depuis toujours, les idées lui viennent, et quoi qu’il arrive, il veut les réaliser, il ne les abandonne jamais. Et le plus impressionnant est qu’il y parvient toujours ! Portrait d’un infatigable passionné.

Enfant à Lussas, petite commune d’Ardèche, il va à l’école qui se trouve dans la rue unique de ce village western. Son meilleur copain s’appelle Jean-Paul, il vient d’une famille d’agriculteurs modestes. Jean-Marie est mieux loti, sa mère tient l’épicerie du village, dans cette maison au centre, qu’on appelle « la maison Barbe », où vivent les deux couples Barbe et leurs enfants.

Les frères Barbe sont agriculteurs, ils cultivent les poires, les cerises, les châtaignes, et l’oncle de Jean-Marie a l’idée un jour de transporter leurs fruits et ceux des autres dans toute la France et même l’Europe… Au bout du village, pour abriter les camions, ils font alors construire un hangar qu’on appellera « le Joncas ». Désir du monde, de le parcourir, de le connaître et d’y porter les fruits de l’Ardèche. Cependant qu’à l’épicerie, Jean-Marie, enfant, entend toutes les histoires qui enchantent la vie quand la télévision n’a pas encore cloué le bec à tout un chacun. Beaucoup plus tard, Jean-Marie fera deux films sur cette épicerie, caverne d’histoires, de vies…

Les deux copains, Jean-Marie et Jean-Paul, deviennent de beaux jeunes hommes, et Jean-Paul se retrouve adjoint au maire du village. Des communistes, des socialistes, des agriculteurs en collectifs, des familles de droite, des anciens résistants, des anciens collabos peut-être… Le maire était de gauche, et Jean-Paul devient son disciple.

Quand ils se retrouvent, Jean-Marie — qui voyage et fait des études à Grenoble — et Jean-Paul — qui travaille avec son père et avec le maire — rêvent de grandes choses pour leur village. En 1976, Jean-Marie tourne avec un copain, Jean-Jacques Ravaux, et une copine, Mario Méjean, un film sur la tradition orale dans les Cévennes… Jean-Paul, quant à lui, espère maintenir l’agriculture en défendant le plan d’occupation des sols pour cultiver la terre, pas pour spéculer sur le foncier. Tous les agriculteurs de Lussas travaillent avec deux coopératives, l’une pour les fruits, l’autre pour la vigne. Ils achètent du matériel en commun et créent une retenue d’eau pour irriguer les magnifiques plantations d’arbres fruitiers. Au début des années 1980, c’est quatre-vingts entreprises agricoles qui sont implantées à Lussas.

Faire et voir un cinéma qui raconte les gens

L’agriculture, Jean-Marie l’aime mais la redoute. Combien d’orages et de gels ont sinistré les récoltes et amené le désespoir en famille. Il préfère militer, danser, voir des films, en faire et faire venir le monde à Lussas pour découvrir la culture populaire, régionale… Il préfère tout cela à ramasser les poires ou les cerises. Il est antimilitariste, Il aime la musique folk et surtout le cinéma. Un cinéma qui raconte la vie des gens, des gens comme ceux du village, ou celle des gens d’ailleurs… Il aime le cinéma documentaire qui est pour lui comme la légende des peuples.

Son premier festival se tient dans le hangar familial, les spectateurs sont assis sur les caisses de poires, il fait sept degrés et le lance-flammes du garagiste essaie de réchauffer la salle, entre les séances…

Claire Simon

Alors, très vite, il prépare avec les copains des villages alentours un festival baptisé « Pays et Régions » où sont projetés des films du coin, des films militants, qui montrent d’autres vies que celles des Parisiens… La première édition a lieu au « Joncas », dans le hangar familial, au mois d’avril, et les spectateurs sont assis sur les caisses de poires. Quatre cents personnes entrent et mille autres sont refusées… René Allio vient présenter Les Camisards, et le débat a lieu malgré les sept degrés et le lance-flammes du garagiste qui essaie de réchauffer la salle, entre les séances… Jean-Marie et le maire de l’époque, qui n’est pas encore Jean-Paul, décident de choisir pour la prochaine fois une date plus chaude, en juin.

Les années suivantes, Jean-Marie organise un « Marathon du scénario », avec Jean Aurenche pour président, une folie pleine de rires et d’inventions, sur trois jours, sans dormir, les candidats écrivent leur histoire. Le gagnant sera lu en public par Henri Gougaud… Quand il s’en souvient, Jean-Marie est toujours au bord du fou rire comme une bonne blague dans laquelle il aurait entraîné les autres…

En 1984, Jean-Marie tourne avec des amis un film sur les chevaux, et tombe malade… Une fois remis sur pied, ils s’allient et mettent en œuvre le festival de Lussas autour de cet animal. On vide le « Joncas », le fameux hangar familial, et on y installe des gradins pour que les chevaux viennent y faire des démonstrations et des courses ! On y projette aussi des films, aussi bien des westerns que Racetrack de Frederick Wiseman, ou même Ben-Hur !

Les villageois et les touristes sont enthousiastes. Au fil de mes visites à Lussas, tous me parlaient, très émus, de ce festival qui unissait la campagne et le cinéma, les animaux et la culture. Et c’est l’utopie de Jean-Marie Barbe : que Lussas devienne un lieu culturel aussi bien pour les villageois que pour les cinéphiles du monde entier, pour ceux que l’on appelle ici les « imaginaÏres » (« les rêveurs »), et les jeunes gens avides d’inventions formelles. C’est une époque où le documentaire est reconnu comme une forme nouvelle, qui fait le portrait de ceux que le cinéma oublie ou incarne par des vedettes… À Lussas, les légendes populaires sont racontées par les héros eux-mêmes, hors des paillettes hollywoodiennes…

Les débuts du « village-cinéma »

Une chambre dans la maison Barbe, telle une ruche bondée, sert de premier bureau, et Jean-Marie rêve d’un cinéma à Lussas, d’une salle des fêtes pour le festival, ce que petit à petit Jean-Paul, devenu maire, parvient à réaliser. On trouve un local plus grand pour que la troupe, autour de Jean-Marie, puisse travailler. Il faut faire des films pense Jean Marie ! Alors, il fonde une société de production, Ardèche Images Production, qui se lance dans la réalisation de films documentaires.

En 1989, à l’occasion du bicentenaire de la Révolution, la Bande à Lumière, qui regroupe, au milieu des années 1980, des maisons de productions et de distribution ainsi que des réalisateurs, imagine ce que devrait être un festival de films documentaires… Scission entre les Parisiens et les Lyonnais qui deviendront les Marseillais et les Lussassois.

Jean-Marie trouve toujours que c’est plus simple et moins cher à Lussas, que ça ne peut faire que du bien aux réalisateurs du monde entier de voir des films à la fin de l’été quand il y a les vendanges et la récolte des poires. 

Claire Simon

Jean-Marie avec d’autres créent Les États généraux du documentaire, sans prix, comme une université d’été… Jean-Marie trouve toujours que c’est plus simple et moins cher à Lussas, que ça ne peut faire que du bien aux réalisateurs du monde entier de voir des films à la fin de l’été quand il y a les vendanges et la récolte des poires. La première année, Raymond Depardon viendra y présenter son film, alors interdit, aujourd’hui appelé 1974, une partie de campagne.

Le cinéma de Lussas, la salle des fêtes, le « Joncas », un chapiteau loué ou un camion mobile, tous ces lieux projettent les films sélectionnés et on demande aux réalisateurs, même s‘ils sont éconduits, de laisser une copie de leur œuvre à la vidéothèque…

Car la mémoire est un des dadas de Jean-Marie, et peu à peu cet archivage lussassois finit par devenir la plus grande vidéothèque mondiale de films documentaires, grâce aux rétrospectives, aux programmations des cinématographies de différents pays, et tous les films reçus, accumulés au fil des années, classés, numérisés qui constituent aujourd’hui une incroyable richesse.

Le festival s’installe et comme disait la tante de Jean-Marie : « Les États généraux, c’est la semaine sainte ! » Les commerçants font leur fortune annuelle, les jeunes se posent au camping, les habitants accueillent des projections chez eux, et le village ne désemplit pas de jeunes gens conquis par ce cinéma qui semble le leur.

Le festival s’installe, et comme disait la tante de Jean-Marie : « Les États généraux, c’est la semaine sainte ! »

Claire Simon

Alors Jean-Marie, à observer cette jeunesse si enthousiaste se dit qu’il faut la former au cinéma documentaire. Il commence par des résidences d’écriture à Lussas, puis cherche des financements (via le CNC), et avec l’université de Grenoble se crée, en 1999, l’école : Le Master. Deux mois à Grenoble et le reste de l’année à Lussas pour douze réalisatrices et réalisateurs. Plus tard, en 2008, il y aura aussi des étudiants producteurs et même aujourd’hui des étudiants distributeurs. On laisse la porte ouverte aux professionnels qui veulent assister aux cours autour de la distribution des films documentaires.

Faire bouger les lignes, partout, tout le temps

Avant les années 2000, ARTE était la chaîne que le documentaire intéressait, et Thierry Garrel son pape comme il le disait lui-même. Mais, de plus en plus, les autres chaînes se désintéressèrent du genre, au profit du magazine, du reportage, de toutes sortes de formes sur lesquelles elles avaient tout pouvoir… Jean Marie sentait qu’il ne fallait plus compter sur la télévision. À Lussas, on élabore chaque année avec des producteurs et des diffuseurs régionaux des journées où les étudiants et les résidents viennent présenter leurs projets et trouvent souvent les moyens de les réaliser.

Jean-Marie pense aux pays, de l’autre côté de la Méditerranée, il faut les amener, eux aussi, à faire des films sur leur réalité. Il le sent comme une espèce d’amicale agricole ou régionale… À ce moment-là, la région est aux mains des socialistes et des écologistes, et Jean-Marie, invité à Dakar, organise des résidences d’écriture de films documentaires, d’abord à Gorée puis à Saint-Louis-du-Sénégal, et finit par convaincre l’université sénégalaise de créer un master documentaire à Saint-Louis, avec le soutien de la Région Rhône-Alpes.

À partir de là, tous les ans, les producteurs locaux et hexagonaux, les petites chaînes françaises, des chaînes africaines viennent faire leur marché auprès des projets d’étudiants et de résidents…. Jean-Marie s’attelle aussi à faire la même chose à Madagascar et, bien sûr, à travers le monde des résidences se mettent en place : en Géorgie, en Sibérie, en Nouvelle-Calédonie, au Cambodge — au centre Bophana à Phnom Penh créé par Rithy Panh —, en Guyane française, où des cinéastes documentaristes français accompagnent les projets des jeunes sur place qui parfois viennent ensuite à Lussas finir leur formation…  De nombreux films naissent de ces écoles et résidences, qui racontent brillamment ce regard intérieur sur chaque réalité, celui qui manque tant aux grands médias…

C’est alors que naît l’idée d’une plateforme de cinéma documentaire d’auteur, Tënk, qui à terme deviendrait internationale et sauverait la mémoire et l’actualité du genre. À ce moment-là, Netflix commence et Jean-Marie sent qu’il a un peu d’avance mais pas tant que ça. Avec son ami Jean-Paul, il veut créer, à Lussas, un lieu dédié au documentaire qui réunirait toutes les sociétés du « Village documentaire » et également la plateforme Tënk. Conjointement les deux projets avancent… Je les ai suivis dans une série que j’ai appelé Le Village dont un film sera tiré.

C’est cela que Jean-Marie Barbe poursuit, que cette vision de la culture du peuple soit reconnue et perdure !

Claire Simon

Malheureusement deux soucis surviennent : la région passe à droite et Laurent Wauquiez remplace les crédits de la formation qui soutenaient les résidences et les masters à l’étranger par un vif soutien à ce qu’il nomme « Chasse, Pêche, Nature et Tradition ». Et Jean-Marie retombe malade en septembre 2015. Les médecins lui demandent alors de « se calmer » et d’arrêter de voyager pour le cinéma documentaire. Néanmoins, avec toute son énergie et accompagné de nombreux jeunes gens, ils créent Tënk, et l’édifice sort de terre.

La plateforme est inaugurée en 2016 et le bâtiment en 2018. Il s’appelle « L’Imaginaire », et c’est sans doute le seul endroit dans le monde consacré au documentaire qui regroupe son école, sa vidéothèque, sa plateforme, un auditorium de mixage et des salles de montage vidéo et son. Avec Tënk, Jean-Marie veut coproduire de 100 à 150 films par an ! Toujours les chiffres valsent et son camarade Pierre Mathéus calme avec amitié et admiration cette excitation numérique… Mais la plateforme s’avère viable et de nombreux films sont coproduits.

D’autres projets en cours sont un peu laissés en plan faute de crédits tels que le cimetière audiovisuel de Lussas : chaque personne raconterait sa vie et où, sur de grands panneaux, on pourrait voir les défunts parler après leur mort. Soixante-dix portraits existent, il en manque 270… Les fantômes attendent 300 000 euros pour reprendre un peu de vie.

Toujours plus, toujours plus loin

Les dernières années ont vu la réussite de Tënk et la continuation du festival, du Master, etc. Mais certains jeunes gens, qui ont découvert le documentaire à Lussas et qui ont rejoint le « Village documentaire », se sont révoltés contre l’usine à idées qu’est Jean-Marie, l’ont trahi, l’ont mis à l’écart, alors Jean-Marie a dû courir encore plus vite pour ne pas ressembler au Roi Lear.

Son ami de toujours, Jean-Paul, s’est noyé il y a un an dans la retenue d’eau d’irrigation des vergers lussassois, sa collaboratrice de toujours, Claude Gallès Moncomble est maintenant maire de la ville. L’Association Tënk chez l’habitant, créée par Jean Marie et son amie Danièle Carlebach, enchante beaucoup de personnes qui n’ont pas de cinéma près de chez eux en leur faisant découvrir la fine fleur des films documentaires sortis en salles et en leur permettant d’en débattre avec le réalisateur ou la réalisatrice. Et les idées, Jean-Marie n’en manque pas : les mille et un films à sauvegarder à l’Unesco, convaincre France Culture de faire une émission de critique de films documentaires, une nouvelle plateforme pour le cinéma documentaire…

Parmi tous ses films — depuis 1976, Jean-Marie Barbe a réalisé, seul ou accompagné, 18 films —, mon préféré est celui sur les ouvriers agricoles dont on sent combien il les admire… Tant de gens extraordinaires sont venus à Lussas : de Pierre Bourdieu aux différents ministres de la Culture qui ont dû chausser leurs sandales l’été pour découvrir ce qu’un village agricole a fait pour la culture.

Toujours plus, toujours plus loin, le visionnaire n’a qu’une terreur, celle que ça ne tienne pas, que ça ne reste pas…  Lors de l’inauguration du bâtiment de Lussas, il avait fini son discours par : « Rendez-vous dans un siècle ! » C’est cela qu’il poursuit, que cette vision de la culture du peuple soit reconnue et perdure ! Peu de gens ont fait autant pour le cinéma documentaire en courant comme le furet, épuisé mais toujours vif en regardant l’immensité de la tâche encore à accomplir…  De chaque difficulté, Jean Marie, tel le Phénix, renaît de ses cendres. Alors bien sûr, oui, rendez-vous dans un siècle !

Claire Simon est une scénariste, actrice, directrice de la photographie, monteuse et réalisatrice française. Elle est l’autrice de plusieurs films documentaires, dont Les Patients, Récréations et Coûte que coûte récompensés dans de nombreux festivals.

La Scam affirme la place singulière des auteurs et des autrices dans la société. Astérisque en est le porte-voix.

Le jury de cette 32e édition a consacré Corentin Fohlen / Divergence pour son portfolio Sueurs et tremblements. Il rejoint ainsi le prestigieux palmarès du Prix Roger Pic décerné par la Scam.

Sueurs et tremblements de Corentin Fohlen / Divergence

La violence en Haïti a une longue histoire : celle de son passé colonial, de ce petit bout d’île qui a enrichi des empires européens par son exploitation humaine, géologique et géographique. C’est aussi l’histoire de la volonté d’un peuple esclave de se libérer et de prendre par les armes une indépendance dont ces mêmes puissances dépossédées lui feront cher payer l’affront. À travers un projet documentaire commencé en 2022 et poursuivi en 2023, en intégrant certaines archives photos remontant à 2010, j’ai élaboré une réflexion sur la manière dont un peuple et une nation se forgent à travers les tourments de l’histoire.

Haïti ne subit pas les foudres de l’actualité ni par hasard ni par magie : sans cesse gangréné par la lourdeur de son passé, le pays s’englue indéfiniment dans son présent. Comprendre le pays aujourd’hui, c’est accepter de mettre de côté cette vision simpliste d’un « pays maudit » pour plonger dans la complexité de son Histoire. Entre ingérence étrangère et mainmise capitaliste et humanitaire, Haïti s’est surtout appauvri par l’exploitation de son extrême richesse. Cette dernière s’est construite au prix de la sueur d’un peuple dont la violence sert de catharsis face à une histoire trop lourde à porter. Cette violence longtemps manipulée par le pouvoir en place semble désormais échapper aux politiciens haïtiens et aux acteurs économiques de la bourgeoisie : les gangs qui déstabilisent la capitale tiennent désormais les rênes d’une économie souterraine. Un désordre aggravé par les conditions climatiques et géographiques intrinsèque au pays, parmi les plus fragile face à la sécheresse. Aborder la complexité d’un pays en explorant l’entièreté de son territoire est essentiel pour en raconter son essence et la manière dont une nation et un peuple se sont construits par le prisme de l’ultra violence.

Corentin Fohlen (2010-2023)

Sueurs et tremblements © Corentin Fohlen - Divergence
Sueurs et tremblements © Corentin Fohlen - Divergence
Saut d’Eau, 2014. Cascade de Saut d’Eau, pèlerinage vaudou et de la fête patronale catholique de la Vierge Marie du Mont-Carmel. C’est sous cette cascade que les pratiquants du vaudou viennent se laver et se purifier. Le vaudou est le ciment social du pays. (suite…)